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    07/11/2017

    T’as pas un poste d’attaché parlementaire pour ma fille ?

    La petite combine des députés En Marche pour embaucher leurs enfants

    Par Nathalie Gathié

    Petits arrangements entre amis. Les députés En Marche Christophe Arend et Bertrand Sorre ont voté l’interdiction des emplois familiaux et… filé un job d’attaché parlementaire aux filles respectives de leurs collègues Nicole Trisse et Patrick Vignal.

    La loi sur la moralisation de la vie publique, initiée par le gouvernement Macron, interdit certes les emplois familiaux mais n’empêche pas les petits arrangements entre amis. Faute de pouvoir recruter conjoints et rejetons sous peine de 45.000 euros d’amende et de trois ans d’emprisonnement, quelques députés versent désormais dans les « embauches croisées ». Simple comme un coup de main entre élus de notre méritocratique République, la ruse consiste à salarier le parent d’un parlementaire ami. Et se décèle à l’épluchage des déclarations transmises par les intéressés à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP).

    Christophe Arend, député La République en marche ! (LREM) de Moselle déjà plombé par une plainte pour harcèlement sexuel, compte ainsi parmi ses attachés parlementaires la jeune Charlie Trisse, fille de Nicole, elle-même députée « En marche » de Moselle. Autre marcheur converti à ces contorsions, Bertrand Sorre (1), élu de la Manche et employeur de Maryll Vignal, fille de Patrick, député LREM de l’Hérault. Plus alambiqué est le montage de la députée LR Valérie Bazin-Malgras : l’élue de l’Aube s’est en effet attaché les services de la fille et de la belle-fille de Jean-Claude Mathis, député sortant devenu suppléant de Bazin-Malgras après l’avoir adoubée pour lui succéder. En son temps, Jean-Claude Mathis travaillait déjà en famille. Preuve qu’il y a toujours moyen de perpétuer les traditions, tout en promettant d’éradiquer les petites combines du vieux monde. Car tous nos marcheurs-magouilleurs ont voté la loi interdisant les emplois familiaux !

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    Nicole Trisse a bien voté la loi sur la moralisation de la vie publique / Crédits : Site internet Les Echos

    Ceux qui profitent jusqu’au bout

    Tolérées quoiqu’un chouïa contestables, ces pratiques doivent censément être déclarées au Bureau de l’Assemblée d’ici au 15 décembre. A cette date, les emplois familiaux directs auront, eux, fait long feu. Et la dizaine de députés qui, aujourd’hui encore, officient avec un parent auront dû s’en séparer. Si le marcheur Jean-Louis Touraine, proche de Gérard Collomb, ou le constructif Thierry Solère (Les Républicains) se sont cet été résignés à licencier leurs épouses respectives, quelques uns font de la résistance. Parmi ces « accros » à la préférence familiale : Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France), Yves Jego (Constructif), le socialiste Jérôme Lambert, tous patrons de leur « moitié », ou encore le Républicain Jean-Luc Reitzer déterminé à rémunérer son épouse et son fils ( !) jusqu’au bout.

    Un indocile macroniste figure dans cette liste de jusqu’au-boutistes en la personne de François-Michel Lambert : élu des Bouches-du-Rhône, il s’est même fendu il y a quelques mois d’une bouillante tribune titrée « Lettre d’amour d’un député à sa femme…et assistante parlementaire ». Le jour du vote de la loi sur la moralisation de la vie publique, il s’était fait porter pâle.

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    François-Michel Lambert aussi / Crédits : Site internet Les Echos

    (1) Edit le 08/11, 14h45 : Bertrand Sorre, député LREM, a contacté StreetPress afin de préciser qu’il n’entretenait aucun lien d’amitié avec Patrick Vignal, également député LREM.

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