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    10/07/2018

    400 m2 de latex

    Démonia, le temple du BDSM au coeur de Paname

    Par Judith Bouchoucha

    « Au début Démonia, c’était un minitel de chat SM », se souvient Miguel. Depuis sa petite entreprise a bien grandi jusqu’à devenir le magasin phare des fans de BDSM. Deux fois par an, l’équipe organise même une teuf… où tout est permis.

    Avenue Jean Aicard, Paris 11e – Jean (1) pousse le lourd rideau rouge et se faufile dans le hangar. Il passe à la boutique Démonia de temps en temps à la recherche d’une nouvelle tenue pour pimenter sa vie sexuelle. Démonia est le plus grand shop BDSM de la capitale. Avec ses 400 m2 de rayons, ils déjouent les appétits des plus téméraires.

    Aujourd’hui, le quinqua ultra bobo aux lunettes carrées s’attarde sur un caleçon en cuir décoré d’une fermeture éclair. Il aimerait bien « tout acheter mais [son] budget ne le permet pas ». Sébastien, le vendeur, arrive à sa rescousse. L’homme à la longue barbe rousse précise :

    « On accompagne les clients dans leur sexualité. »

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    Sous le signe du D / Crédits : Judith Bouchoucha

    Sexshop taille XXL

    « Démonia, à la base, c’était un minitel de chat SM. Puis c’est devenu un magazine avec de la vente par correspondance avant d’être le plus grand sexshop de Paname », explique le responsable. Depuis cinq ans, Miguel, la trentaine dépassée, fait tourner la maison. Il passe son temps à courir dans tout le magasin. Entre les fournisseurs à gérer et les clients à conseiller.

    Il porte un tee-shirt noir avec un chaton tout mignon dessus. Rien à voir avec l’ambiance qui règne chez Démonia :

    « C’est totalement différent des boutiques que l’on trouve à Pigalle ou dans la rue Saint-Denis. Là-bas, ce ne sont que des touristes. Nous, notre clientèle est fidèle. Mais on n’achète pas un sextoy comme on achète une baguette. »

    Malgré sa devanture discrète, le temple du BDSM contraste avec l’ambiance plutôt calme du quartier. Des papys tapent la pétanque dans le parc d’en face. Accessoires, tenues fétish, lingerie en cuir ou transparente, chaussures à plateformes et godes-ceintures sont légions. On se croirait chez H&M, mais en trash. Ici, les rayons sont classés par genre et par catégorie.

    « Deux fois par an, on organise la Nuit Démonia », ajoute Miguel. 1 700 personnes se pressent à la plus grosse soirée fétish de Paris. Impossible d’y entrer si on ne respecte pas le dress code. « Ils doivent avoir au moins le bas en cuir, vinyle, latex ou lycra laqué. » Le prochain rendez-vous est donné le 27 octobre 2018 au Faust, sous le pont Alexandre III.

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    Habillé pour l'été / Crédits : Judith Bouchoucha

    Des habitué.e.s

    Des fans de 50 shades of Grey aux papys qui veulent montrer qu’ils en ont toujours dans le caleçon, la clientèle ne connaît pas de limite d’âge. Et pour cause chez Démonia, ils sont aux petits soins. Chaque produit est testé par l’équipe de vendeurs. « À force de les conseiller, nous aussi on a envie de les essayer ! », dit Miguel en rigolant. Pour le manager :

    « Le BDSM est la seule sexualité possible. Elle permet d’innover tout le temps. »

    Près du rayon vibromasseurs, une anglo-saxonne essaie différentes robes en latex devant la glace. La petite brune demande joyeusement au vendeur : « Vous préférez laquelle vous ? ». Son compagnon de shopping, un homme bedonnant avec de larges pattes, regarde avec envie ses courbes généreuses. Sébastien lui conseille d’acheter aussi les produits d’entretien. Il avoue à StreetPress :

    « Le latex c’est joli à regarder mais difficile à nettoyer et à faire briller. En vrai, ce n’est pas hyper agréable à porter. »

    Même pour enfiler la tenue, il faut se badigeonner de produit lubrifiant.

    De l’autre côté du hangar, Mère Dragon et son soumis Jack sont venus choisir un collier rembourré en cuir noir. « Il officialise sa place auprès de moi », précise la domina de 24 ans en lui choisissant un bijou. Grande, crâne rasé avec une crête grise sur le côté, tatouée sur tout le corps, cette performeuse cracheuse de feu est une habituée des lieux.

    « La première fois que je suis venue ici, j’avais 18 ans. J’ai acheté des bas en latex. L’équipe de vendeurs est d’une précieuse aide.»

    Depuis, elle vient tous les mois ; Démonia est devenu son second Carrefour.

    Article en partenariat avec le CFPJ

    (1) Le prénom a été modifié

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