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Ca pose devant l'Elysée. / Crédits : Inès Belgacem
« J’ai harcelé Macron »
Abdellah Boudour, le regard alerte, court dans tous les sens. Le grand gaillard, d’habitude si taquin, prend le moment au sérieux. « Eh, c’est l’Élysée quand même », sourit-il. Pour arriver ici, il raconte avoir « harcelé Macron, son cabinet, tout le monde ». Il croise une première fois le Président au salon du livre, l’an dernier. Il l’alpague en public et lui arrache quelques mots. Ils se croisent une seconde fois au salon de l’agriculture 2019. « Un grand arabe qui crie comme moi, tu t’en souviens ! » Aujourd’hui, il est arrivé à installer son initiative dans le palais. Il guide les dernières familles arrivées vers la salle des fêtes. Celle où, la veille, Emmanuel Macron organisait sa conférence de presse. L’énorme pièce encadrée de colonnes dorées a entre-temps été débarrassée. Des rangées de tables et de chaises blanches y sont maintenant installées pour accueillir les élèves.
« C’est trop beau, ça fait bizarre d’être ici », commente Hania, 11 ans, en regardant tout autour d’elle. C’est la fille de Noria. Elles sont arrivées du Maroc l’avant-veille. « J’avais fait la lecture pour la Dictée qu’Abdellah a organisée à Agadir, en novembre 2018 », contextualise-t-elle. Quant à Saïd, 10 ans, originaire d’Argenteuil, il explique que « c’est un petit peu bizarre d’être ici, mais normal ». Avant d’ajouter : « Mais je n’avais jamais vu de lustres comme ça ! ». Plus d’une vingtaine, en or et en cristal, habillent l’imposante salle. Pour Clotilde, 14 ans, « c’est comme un rêve ». Elle vient de Massy, tout comme Lissanuddine, « 10 ans et demi », précise-t-il. « Je suis content d’être ici. C’est une chance. C’est surement la première et la dernière fois que je viendrai ! »
« C’est aussi chez vous ici »
10h30, tout le monde est installé. Les jeunes attendent l’arrivée de la Première dame chargée de la lecture. En attendant, c’est Maïtena Biraben qui joue les animatrices. La journaliste, marraine de différents événements, s’investit dans l’asso Force des Mixités. Au micro, elle raconte : « Je sais que vous êtes fatigués, vous vous êtes levés tôt. Mais regardez bien cet endroit, rappelez-vous en, prenez des souvenirs. Et racontez à tout le monde que vous êtes passés ici et que c’est quelque chose de possible. Soyons les bienvenus ici, parce que c’est aussi notre place. C’est aussi chez nous. »
Brigitte Macron arrive finalement. Le texte de la dictée est tiré du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Plus tard, c’est Emmanuel Macron qui passe pour faire quelques selfies et remettre les prix aux cinq gagnants : des stylos-plumes. Les autres repartent avec des goodies aux couleurs de l’Élysée. Avant de partir, Maïtena Biraben invite le père d’Abdellah Boudour à la rejoindre devant l’énorme blason doré siglé RF, pour République Française. Elle voudrait le prendre en photo aux côtés de son fils. Les deux hommes ont les larmes aux yeux, émus. Abdellah Boudour à l’assemblée :
« Je suis si fier qu’on soit là. Notre devise « Liberté, Égalité, Fraternité » a un sens. Pour nous aussi. On est tous français et on célèbre aujourd’hui notre patrimoine : la langue française. »
Après avoir emmené sa dictée au Château de Versailles et à l’Élysée, Abdellah sera à l’Assemblée nationale le 3 juillet. Après ça ? Le bonhomme vise l’international. « Je voudrais donner le mode d’emploi et les relais à tout le monde. Pour qu’on puisse tous organiser des événements comme celui-là et faire avancer les choses ensemble. »