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    20/01/2010

    La mode bio est-elle digeste?

    Par StreetPress

    Hier, l'Institut Français de Mode présentait son étude sur la mode et la consommation responsable. S'habiller bio sans ressembler à un altermondialiste, c'est possible?

    Evelyne Chaballier. Consultante à l’Institut Français de Mode. Co-responsable de l’étude sur la consommation responsable.

    Comment je fais pour savoir si mon vêtement est responsable?

    Il faut d’abord savoir si le vêtement a été produit dans des conditions équitables, autrement dit si le producteur est rémunéré de façon correcte et sur le long terme.

    Ensuite, il y a la dimension du « vêtement partage ». C’est-à-dire pour lequel on va verser un pourcentage du prix du vêtement à une organisation à but caritatif.

    Quel rapport avec le bio?

    Il y a les aspects relatifs à la protection de la terre, l’utilisation de matières premières naturelles et aussi la préservation des savoir-faire. Dans certains pays, on va travailler avec des artisans pour produire des vêtements d’exception.

    C’est possible de remplir tous les critères?

    Certaines marques jouent sur un ou deux aspects mais très rarement sur l’ensemble. Parce que le consommateur n’est pas prêt à payer un prix qui permette que tout soit fait dans des conditions entièrement responsables.

    Comment ça se passe pour les grosses chaînes de production comme Carrefour, Auchan ou même H&M et Zara?

    La grande majorité des enseignes et des marques ont, dans leur stock, une petite collection de produits responsables, avec du coton bio, équitable etc… C’est le cas d’H&M, Etam et Celio par exemple.

    Et vous avez des marques un peu plus chères qui ont davantage de produits responsables dans leur collection, comme Petit bateau ou d’autres.

    Est-ce qu’il y a des matériaux par essence responsables?

    Il ne faut pas tomber dans les clichés. Le coton, par exemple, est une matière dite naturelle mais qui consomme énormément d’eau et d’engrais. Elle est donc peu écologique pour la terre du pays de production. Et parfois, on peut faire des choses formidables avec du polyester recyclé. Il ne faut donc pas viser forcément le coton bio car si tous les champs de coton sont bios, on ne nourrira pas la planète.

    Evelyne Chaballier:

    “Le consommateur n’est pas prêt à payer le prix”

    “Le polyester peut être plus bio que le coton”

    Christel Carlotti, consultante pour l’IFM. Co-auteure de l’étude sur la consommation responsable.

    Y a-t-il des pays plus responsables que d’autres ?

    69% des consommateurs estiment qu’un produit responsable doit avant tout être fabriqué en France ou en Europe. Les réglementations imposent des critères tellement stricts que les produits sont naturellement plus éthiques. A l’inverse de la Chine ou l’Inde.

    Ils polluent vraiment plus?

    Les industriels ont, en effet, confirmé aujourd’hui que le bilan carbone d’une paire de chaussures fabriquée en Chine était trois fois supérieur à celui d’une paire fabriquée en France. Pour la teinture en habillement, la consommation d’eau en Chine serait 10 fois plus importante qu’en France. Et les exemples sont multiples.

    Y a-t-il des catégories de la population qui sont plus impliquées que d’autres ?

    Paradoxalement, les catégories les plus impliquées dans le bio ne sont pas celles qui achètent le plus de vêtements responsables. Ces personnes s’informent plus et sont donc plus méfiantes. Elles ne consomment pas beaucoup de tout manière.

    Mais alors qui les achète?

    Le consommateur qui fait confiance aux industries bio. C’est un mode de vie. Il mange bio.

    La lingerie aussi est concernée par la consommation responsable?

    Oui, bien sûr. Il faut savoir qu’en France, on a encore une industrie de lingerie et de dentelles. Ce qui rassure les gens. Les vêtements en contact avec la peau sont surtout la préoccupation des mamans, qui veulent protéger leur enfant.

    Source: Armelle de Rocquigny / StreetPress

    Christel Carlotti:

    “La Chine consomme 10 fois plus d’eau que le France”

    “Les catégories les plus impliquées ne sont pas celles qui achètent le plus”

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