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    07/03/2011

    « Un travail de fourmi titanesque » vous dites ?

    Obama, le World Trade Center: Les 14 dernières années vues à travers les petits dessins de Rodrigue Glombard

    Par Camille Hamet

    Depuis des années le plasticien Rodrigue Glombard consigne chaque jour un dessin dans son journal de bord. Aujourd'hui il les expose en grand format à la recherche de « l'histoire graphique » des 14 dernières années.

    Tout le mois de février est là : chaque jour a été dessiné à l’encre, et chaque semaine se déroule sur un rouleau de toile, à la manière d’un parchemin, déployé à même le sol. Les dessins se répondent entre eux, ils se prolongent, comme pour raconter une histoire qu’il faudrait savoir déchiffrer. De fins liserais défient des masses sombres; des morceaux de papiers argentés rehaussent la douceur des couleurs.

    Rodrigue Glombard sur le web

    Journal de bord plastique Des histoires comme celle ci, cela fait 14 ans que Rodrigue Glombard, artiste plasticien, les dessine. Depuis le 1er janvier 1997, il tient un journal de bord plastique. Son métier de scénographe lui laissant trop peu de temps pour son travail personnel, il décide que puisqu’il ne peut pas aller à l’atelier, il emmènera l’atelier partout avec lui. Il commence par dessiner chaque jour dans un agenda : « les premiers mois ont été très difficiles, mais aujourd’hui c’est une véritable accoutumance, un rituel, comme d’autres ont besoin de faire un jogging tous les matins ». Puis il dessine dans des carnets, qu’il fabrique et rénove lui-même, avant d’en ranger certains dans des boîtes divisées par chapitres trimestriels. Ses dessins quotidiens de l’année 2010, Rodrigue Glombard les a photocopiés et appliqués sur un grand format, pour avoir une vision de l’ensemble et, peut-être, saisir « l’histoire graphique » qu’ils racontent.

    « Avant 2008, mes dessins avaient une vie propre ; aujourd’hui ils s’installent dans une continuité », explique-t-il. Cette année là, Barack Obama est élu président des Etats-Unis et l’artiste se met à intégrer des articles du Courrier International dans son travail. Son approche évolue : « j’ai réalisé que je travaillais sur le temps qui passe, alors que je pensais travailler sur la mémoire ».

    Les petits dessins dans leurs carnets …

    France Inter et RMC « C’est un travail de fourmi titanesque, sans cesse recommencé », commente Patrick Bafon, qui a partagé les bancs des Beaux-arts de Besançon avec l’artiste, au début des années 80. Dans une certaine mesure, c’est un peu l’actualité qui est consignée dans ces carnets. « Je travaille beaucoup en écoutant la radio, France Inter et RMC, et peut-être que la violence de certaines informations se retrouvent dans la brutalité de ma peinture », confie Rodrigue Glombard. Il s’interroge en effet sur l’influence de l’inconscient sur ses dessins : celui du 11 septembre 2001 peut se résumer à deux verticales qui se disloquent…

    Basquiat Dans son atelier de Villeurbanne, en se penchant une fois de plus sur ses dessins, il constate que ses carnets lui donnent accès à son inconscient, sans pour autant lui confier « les clés d’une lecture précise ». Quant à ses sources d’inspiration, il cite volontiers le peintre Basquiat. « Les artistes contemporains me touchent rarement, ils manquent d’honnêteté ». Sa voix devient plus grave encore lorsqu’il évoque son enfance en Martinique, « des souvenirs très heureux ». Né à Fort-de-France en 1963, Rodrigue Glombard a été élevé par sa tante, avec ses cousins, qu’il considère comme « ses frères et sœurs ». Aujourd’hui marié, il précise avec fierté que ses deux enfants adorent dessiner. Aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours su qu’il voulait créer. Au quotidien.

    … et maintenant sur toile

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