En ce moment

    30/03/2012

    Julien Naccache, capitaine au grand coeur, s'est jeté dans le bassin de La Villette au péril de sa vie

    Quand le voisin de StreetPress sauve une femme du suicide

    Par a/b

    Julien est capitaine sur le bassin de la Villette, juste en face de la maison de StreetPress. Dimanche dernier le Marseillais a plongé dans l'eau glacée pour sauver une suicidaire. La deuxième en à peine 6 mois.

    Entre les deux quais qui bordent le canal de l’Ourcq, un bateau fait la navette. C’est le Zero de conduite, le bateau du cinéma MK2 qui fait traverser les badauds d’un cinéma à l’autre. Julien Naccache son capitaine, le conduit depuis plus de 6 ans. Et dimanche il a encore sauvé une femme du suicide.

    Héros très discret A l’entrée du cinéma MK2, une employée accueille Streetpress. 

    « - Bonjour je cherche Julien, le conducteur du bateau. » « - Mais vous êtes journaliste? » « - Oui » « - Ca alors, t’es une star Julien ?! » Julien se tient à côté de sa collègue à l’entrée du MK2. Tellement discret que nous ne l’avions pas aperçu en arrivant. Lunettes noires sur le nez il nous propose de le suivre jusqu’à la cabine du bateau. 

    Travaille oblige, StreetPress fait la navette entre les deux quais avec Julien au gouvernail. Souriant, celui-ci ne manque pas de détails lorsqu’il s’agit de raconter cette mésaventure. Lorsque le bateau démarre, son collègue se marre:  « Méfiez-vous. C’est lui qui jette les gens dans l’eau, faites attention. »

    Il y a même pas 6 mois j’ai été repêcher quelqu’un dans l’eau qui voulait se suicider aussi

    Suicide C’est arrivé dimanche dernier, un dimanche ordinaire. Des gens sur les terrasses, des gens plus ou moins alcoolisés. Julien est sur son bateau, comme à son habitude il traverse le canal d’un bout à l’autre. 

    « Et d’un coup on a entendu un bruit, comme quelqu’un qui tombe dans l’eau. Au début j’ai cru que c’étaient des jeunes qui s’amusaient, ça arrive. Mais après j’ai entendu des cris ».

    Les gens s’agitent, Julien aperçoit le corps de la jeune femme dans l’eau. « On lui a jeté des bouées mais elle voulait pas les attraper, elle les écartait. Je lui disais d’attraper les bouées mais elle répondait qu’elle ne voulait plus vivre, qu’elle avait perdu un enfant que je pouvais pas comprendre. Alors j’ai sauté. »

    Julien se retrouve dans l’eau, et comme c’est pas un super héros, bah il se les gèle! 

    « Il y a même pas 6 mois j’ai été repêcher quelqu’un dans l’eau qui voulait se suicider aussi. L’eau était froide mais ça allait. Là, l’eau était tellement froide que je pouvais plus bouger ! »

    Le Marseillais se fend le poire en racontant mais sur le moment il ne faisait pas autant le malin:

    « J’ai cru que j’allais mourir. Je n’arrivais pas à parler; je demandais à mes collègues la bouée en bégayant ; je ne pouvais plus bouger ».

    Suicide Julien est plutôt frêle. On se demande encore comment il a trouvé la force d’extraire de l’eau deux personnes en six mois. « En fait je l’ai attrapée au moment où elle coulait et plaquée contre la coque du bateau mes collégues l’ont alors tres vite hissée sur le pont et mise en sécurité ».

    Les pompiers sont arrivés, elle s’est mise à parler. « Elle avait bu,  la perte de son enfant la rendait triste mais elle disait qu’elle allait rester pour les autres. Elle a d’autres enfants. »

    On n’ose imaginer ce qui se serait passé si Julien n’avait pas été là mais ce dernier reste quelque peu interloqué. En six ans il n’avait jamais vu ça: « Les gens qui se suicident dans la Seine ça arrive tous les jours mais dans le canal… Je n’avais jamais vu ça en 6 ans que je travaille ici et là ça fait 2 fois en 6 mois ! »

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER