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    10/04/2012

    4 commandements pour être épanoui dans ton « sous-métier »

    Transformer son job alimentaire en métier : et si ce n'était pas la lose ?

    Par Robin D'Angelo

    Ils ont entre 25 et 30 ans et ne rêvent plus, comme avant, d'être journaliste sportif, psychologue ou interprète. Ça ne les empêche pas d'être « heureux » dans leur métier, comme Hélène chez Mondial Assistance. Prêts à les imiter ?

    Quand Maxime, 27 ans, parle du moment où tout a « basculé », le jeune homme souriant et à la voix rigolarde devient tout à fait sérieux : « Ça a été un moment très sensible. Il a fallu me pousser sinon je ne l’aurai pas fait seul. » Cet événement grave qui lui vaut aujourd’hui un froncement de sourcils, c’est le jour où il a décidé de « s’investir à fond » dans ce qui était jusque-là un job étudiant : le métier d’agent d’accueil dans un cinéma MK2.

    La décision n’a pas été facile à prendre non plus pour Élodie qui travaille à Fauchon ou Morgan aujourd’hui responsable dans un supermarché Leclerc. « Quand j’ai démarré là-bas, jamais je n’aurais signé pour un CDI. Je me disais que c’était temporaire. » Sauf que 5 ans après les jeunes salariés sont fidèles au poste et même, en plein kif’. Comme Hélène chez Mondial Assistance : « je suis super contente et je n’envisage pas du tout de faire autre chose. » Un conseil quand même avant de les imiter : vérifie que tu as rempli quelques formalités.

    1 Faire le deuil de ton dreamjob

    Passage obligé pour chacun de nos employés modèles : abandonner le métier qu’ils rêvaient de faire quand ils étaient ados. Pour certains, cela a été très facile : Morgan s’était inscrit en fac de langue pour devenir prof. Mais l’université lui a simplifié la transition en le « dégoûtant de l’anglais. » « Ce qu’on apprenait était inintéressant, sans compter le fait d’être livré à nous-mêmes… Et puis on n’a pas eu cours pendant 3 ou 4 mois à cause du CPE ! » Hélène, elle, se voyait interprète dans la langue de Steven Gerrard. Mais quand elle a vu qu’il « fallait parler deux langues très bien », la miss a perdu « la motivation. » Aujourd’hui, elle n’a aucun regret : « Une amie est là-dedans… et elle ne trouve pas de travail ! »

    Maxime, assistant dans un cinéma à Paris, a eu un petit plus de mal à abandonner son dreamjob « ambitieux » de journaliste sportif. L’Équipe sous le bras, le fan du PSG assure « aujourd’hui avoir le recul » qu’il n’avait pas à l’époque :

    « Je me voyais finir comme Vincent Duluc ! Mais tout ça n’était qu’une illusion, une projection de ce que j’avais envie d’être. À un moment, il ne faut pas vivre dans ses rêves. »

    Quand il a pris la décision de « basculer », il a ressenti « un soulagement par rapport à un état psychologique ». « J’avais un poids en moins quand je me levais le matin. »

    Élodie, qui bosse dans la logistique à Fauchon, alors qu’elle voulait être psychologue pour enfants, a trouvé son équilibre en se satisfaisant du soutien moral qu’elle apporte en parallèle à ses amis ou sa famille : « dernièrement j’ai aidé mon petit cousin de 10 ans qui a eu une déception amoureuse. Ça a fait tout un tapage. Comme il a un jumeau il doit vivre avec la rivalité. »

    2 Trouver une bonne planque

    Si Morgan est toujours à Leclerc depuis 5 ans – où il est devenu responsable des caisses Scan Express – c’est surtout parce que l’ambiance y est bonne: « l’équipe c’est ce qui m’a plu aussi ! ll y a un vrai esprit familial. » Et en plus des vannes dans le rayon boîtes de conserves, le Toulousain a aussi pris son pied là où il ne s’y attendait pas :

    « J’ai commencé comme caissier, ça peut paraître bizarre mais j’ai aimé ça ! Le contact avec les clients … c’est vraiment un métier, ça s’apprend. »

    Hélène, elle, réceptionne les mails et appels de clients de Mondial Assistance qui ont des soucis à l’autre bout du monde. « Dans tous les boulots il y a toujours des contraintes, mais dans celui-ci il y en a peu ! » La jeune fille de 25 ans bosse rarement le matin – « quelque chose d’essentiel ! », a de « supers collègues » et du temps pour profiter de ses après-midi en semaine. En plus, elle parle anglais tous les jours ce qui lui « permet de voyager un peu », son principal hobby. « Elle est pas belle la vie ? ».

    Maxime, assistant de direction dans un cinéma MK2, est lui carrément royal : il gagne 2.000 euros par mois pour son job « pas super-intense. »

    3 Avoir un plan de carrière

    « J’ai été caissier pendant un an. Après on m’a proposé des responsabilités, c’est ça qui a été le moteur. Je me suis dit : ‘‘tiens je peux peut-être faire mes preuves’‘ », explique Morgan. Essentiel donc pour s’engager : voir qu’on peut progresser dans son métier. Maxime confirme :

    « Quand tu commences un truc en job étudiant, tu envisages ce boulot comme un sous-métier. Mais dès que tu peux te construire dedans, c’est beaucoup plus plaisant, positif. »

    « Pouvoir grimper », c’est ce qui fait la différence entre un job alimentaire et un travail pour Hélène, qui forme aujourd’hui les nouveaux chez Mondial Assistance. C’est peut-être ce qui rend Elodie happy dans son job : la future maman de 32 ans était entrée en tant que vendeuse à l’été 2005 dans une boutique Fauchon. Par un hasard de circonstance – mais pas que – elle est aujourd’hui coordinatrice de transport:

    « J’ai découvert par la force des choses. Ça m’intéresse vraiment. Et même sans diplôme, je sais de quoi je parle. »

    4 Être prêt pour affronter le regard des autres

    « Agent d’accueil, c’est clairement pas le métier dont tu rêves quand tu as 15 ans ! » vanne Maxime. Hélène, la chargée d’assistance à Mondial Assistance, renchérit: « C’est clair que ce n’est pas glamour du tout. Quand on me demande ce que je fais, je ne m’étale pas. Les gens ils disent ‘‘ouais, ouais d’accord…’‘ »

    Un à-priori snobinard dont Morgan a pas mal souffert :

    « C’était dur. On a vraiment l’impression de n’avoir plus l’air intéressant pour les autres. À chaque fois où j’allais à des soirées d’étudiants, dès que je disais que je travaillais à Leclerc, je n’intéressais plus personne. »

    Le jeune homme de 26 ans se souvient d’une autre vexation : « une fois, une ancienne prof est passée à ma caisse et elle m’a dit franco : ‘‘Morgan il serait peut-être tant que tu fasses autre chose de ta vie non ?’‘ »

    Maxime n’a pas ce genre de problèmes parce qu’il «se considère plus dans son univers social que dans ce qu’il est professionnellement. » Et surtout parce qu’il a « toujours été soutenu par ses potes et la famille ». Morgan ne s’en fait plus :

    « Ça me rassure de voir que tous ceux qui étaient au lycée avec moi ont été obligés de trouver un autre travail. Les études ça n’a pas marché pour eux non plus. »

    Une ancienne prof est passée à ma caisse et elle m’a dit franco : ‘‘Morgan il serait peut-être tant que tu fasses autre chose de ta vie non ?’‘


    “J’avais un poids en moins quand je me levais le matin”

    À un moment, il ne faut pas vivre dans ses rêves


    « Dans tous les boulots il y a toujours des contraintes, mais dans celui-ci il y en a peu ! »

    Quand on me demande ce que je fais, je ne m’étale pas.


    Ils n’étaient pas destinés à exercer leur métier actuel, mais ils s’y plaisent et ils en sont fiers

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