En ce moment

    18/04/2012

    Le Mickaël Vendetta de l'antisémitisme

    Hervé Ryssen, écrivain antisémite, sort un nouveau livre et espère faire le buzz

    Par Johan Weisz

    Ex d'Unité Radicale, auteur antisémite underground à succès plusieurs fois condamné, Hervé Ryssen publie son nouveau livre «Comprendre le judaïsme, comprendre l'antisémitisme». Et compte sur StreetPress et SOS-Racisme pour… buzzer.

    StreetPress vous présente le Mickaël Vendetta de l’antisémitisme : « Ce que je veux, c’est faire le buzz. Avec ce que je vous ai dit pendant l’interview, notamment que je suis un auteur antisémite, ça va le faire ? ». Celui qui veut « faire le buzz », c’est Hervé Ryssen, 45 ans, qui vient de sortir son dernier livre « Comprendre le judaïsme, comprendre l’antisémitisme », un petit opuscule de 140 pages, qui fait suite à 6 autres livres consacrés par l’auteur au sujet.

    div(hash). h4>Qui es-tu Hervé Ryssen ?A 45 ans, Hervé Ryssen est un ancien du FN, du Gud et d’Unité Radicale. C’est aussi depuis 2005 un auteur prolixe sur les Juifs. Sur les 7 livres auto-édités par sa maison d’édition, 6 sont consacrés à la question juive. Ryssen confirme à StreetPress : « non je n’ai pas d’amis juifs ».

    Le petit livre rouge d’Hervé Ryssen, auto-édité, a reçu un accueil enthousiaste dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol qui lui a consacré une demie page début avril. Le blog de Jeune Nation et celui de la Nouvelle Droite Populaire ont emboîté le pas, suivis par les forums antisémites de tous poils. « Vous savez dans le milieu natio, je suis très marginalisé… les militants m’apprécient mais les structures essaient de m’éviter », reconnaît Ryssen, qui écoule ses livres sur le net et à la fin de ses conférences « organisées par des militants de province ».

    Joint au téléphone par StreetPress, Ryssen explique le leitmotiv de son bouquin :

    « Je m’oppose à l’esprit juif et je m’oppose radicalement au projet d’unification mondiale porté par le judaïsme (…) Donc je suis forcément antijuif et antisémite ».

    La thèse du livre de Ryssen ? Le « projet » politique juif est bien connu de tous, c’est « bâtir l’empire de la Paix (shalom) ». Pour y parvenir, « les juifs militent inlassablement pour la suppression des frontières ». Pour bâtir « ce monde sans frontières », il faut donc dissoudre les « identités nationales (…) affaiblir les nations et, à terme, les supprimer en faveur d’un gouvernement mondial ». Voilà pourquoi « la propagande cosmopolite vise à dissoudre toutes les valeurs ancestrales et toutes les identités » et comment les juifs, derrière leurs « objectifs de “paix universelle et définitive” cachent mal [leur] projet d’asservissement de l’humanité ».

    « les instincts sanguinaires »

    Le contenu du livre de Ryssen est souvent très trash, entre « les instincts sanguinaires » des juifs, la « lourde menace » qu’ils représentent « pour l’ensemble de l’humanité », la justification des autodafés perpétrés par les nazis ou l’explication des caricatures antisémites d’avant-guerre :

    « Les mariages endogames expliquent aussi les ressemblances fréquentes dans la physionomie des juifs du monde entier (…) C’est ce qui justifiait les caricatures antisémites, notamment avant la deuxième guerre mondiale, quand la chirurgie esthétique n’existait pas. »

    Antisémitisme LOL

    Pour défendre ses thèses, Ryssen convoque la « propagande cosmopolite » hollywoodienne, de Shrek à L’Arme Fatale 2 en passant par Taxi, Brüno, ou Pédale douce. Ryssen en tire deux conclusions principales. D’abord :

    « En fait, chaque fois que vous voyez sur vos écrans une femme blanche avec un Noir, vous pouvez être certain que le réalisateur fait partie du “peuple élu” »

    Seconde leçon de cette étude filmique signée Ryssen :

    « Bien entendu, tous les films sur l’homosexualité, les travestis ou les transexuels ne sont pas le fait exclusif de réalisateurs juifs. Tenue de Soirée (1986), par exemple, a été réalisé par Bertrand Blier, qui n’est pas juif, mais a peut-être subi l’influence de son épouse (Anouck Grinberg). »

    Un antisémitisme LOL qui n’a pas forcément fait rire les associations antiracistes : la Ligue des droits de l’homme a fait condamner en première instance et en appel, en 2009 et 2010 Ryssen pour un post publié sur son blog.

    Joint par StreetPress, Me Michaël Ghnassia, avocat de SOS-Racisme juge que « plusieurs passages du livre de M. Ryssen relèvent manifestement de l’incitation à la haine raciale envers la communauté juive. Il sera certainement l’objet de poursuites, mais M. Ryssen pourrait se servir d’un procès comme outil marketing, sachant que les peines prononcées ne sont malheureusement pas suffisamment dissuasives ».

    Buzzman

    Car Hervé Ryssen est bien un adepte du buzz. Vous aviez peut-être entendu parler du site antisémite le-projet-juif.com ? Ryssen en était un des 2 animateurs. Les affiches sur « la mafia juive » placardées sur les murs de plusieurs villes d’Île-de-France qui avaient attiré les caméras de télévision ? Toujours Ryssen. Vous vous souvenez de Maxime Brunerie, qui avait voulu abattre Chirac le 14 juillet 2002 ? Ryssen a affirmé en 2010 sur son blog avoir préparé l’attentat avec Brunerie avec qui il militait à Unité Radicale :

    « Nous devions stopper net le convoi, en criblant la voiture présidentielle avec un pistolet à plomb à air comprimé, pendant que Maxime “cartonnait” le président avec sa “22”. Hélas, Maxime a voulu travailler seul. Tout a échoué. Et c’est bien dommage ! »

    Aujourd’hui Ryssen confie à StreetPress en avoir rajouté sur l’affaire Brunerie pour buzzer: « Ca fait le buzz comme on dit. J’ai besoin d’exister ». C’est vrai que le post de Ryssen avait bien tourné chez les « natios » mais « la PJ ne trouvera pas la moindre carabinette chez moi ». Ryssen qui flippe de la disparition de la race blanche et vit de la vente de ses pamphlets auto-édités n’est pour l’instant pas un Breivik en puissance mais plutôt un buzzman de l’antisémitisme. Ryssen, à la fin de l’interview : « Si ce que vous voulez, c’est faire le buzz, on peut se mettre d’accord… Vous publiez l’article sur moi et si vous avez un procès, c’est moi qui paye. »

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER