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    27/06/2012

    Michelle, 31 ans, la célib’ de la semaine

    « Ma mère donne mon numéro à tout Dakar ! »

    Par Elodie Font

    Dans sa course à l'amour, Michelle a un handicap : une maladie contraignante. Mais pas question de se laisser abattre : « un jour je me suis trouvée belle, ça m'a remis en selle. » Aujourd'hui, elle cherche « un mec souriant comme Malaba

    Michelle parle vite et sans reprendre sous souffle, comme si elle voulait être certaine de ne rien oublier. Comme si elle avait peur d’être coupée. D’entrée de jeu, elle embraye sur sa maladie, une « dermato-polymyosite » : « quand je veux faire chier les gens, je leur dis juste ça et je les laisse se démerder avec Google ! » Comme on est sympa (et qu’on capte pas Internet), elle précise : « si je résume, mes globules blancs attaquent ma peau et mes muscles. » Les muscles de ses bras, surtout : « j’arrive pas à ouvrir une bouteille de Vittel par exemple. » Michelle raconte son histoire avec un tel dynamisme, une telle envie qu’au bout d’une demi-heure environ, la maladie s’efface. Et Michelle se prête, à son tour, au jeu des questions-réponses sur sa vie sentimentale. Elle est notre célibataire de la semaine.

    Depuis combien de temps t’es célibataire ? Depuis fin 2011… Avant, j’étais avec un ex-collègue, ça a bien duré 10 mois mais on était trop différent pour que ça fonctionne. Rien que sur l’hygiène… genre ça faisait 7 ans qu’il était pas allé chez le dentiste !

    En tout, dans ma vie, j’ai eu 3 histoires sérieuses : y’a eu ce collègue, y’a aussi eu mon ancien kiné… ce qui a beaucoup fait rire mes potes. Ça a duré plusieurs mois jusqu’à ce qu’il me sorte « de toute façon, je t’ai jamais aimé ». Là, honnêtement, je me suis demandé si j’étais capable de donner à nouveau envie aux hommes.

    Mais au final, ces deux relations ne m’ont pas trop marqué. La seule fois où j’ai vraiment été amoureuse, c’était avant ma maladie. J’avais 18 ans, on est resté ensemble un peu moins de deux ans et je me souviens, on se voyait en cachette de mes parents qui sont assez traditionnels. J’imaginais qu’on allait se marier et que j’allais me barrer de chez mes parents. Et puis y’a eu cette maladie… Tout à coup, t’es perdu, t’as plus de repères, c’est comme si tu devais faire le deuil de toi-même. J’ai pas réussi à gérer : 4 mois après, j’ai rompu. Pourtant, c’était un mec en or, je me souviens, il était venu m’apporter des roses à l’hôpital. Je pense encore à lui, parfois. Pour moi, la vie est une question de timing. Et là, c’était pas le bon timing.


    La carte des célibataires

    Où est-ce que t’essaies de choper ? Haha ! En fait, je veux être avec quelqu’un, mais je ne cherche pas, je me dis que ça se fera quand ça se fera. Je crois beaucoup dans le destin, dans la magie et… dans les films hollywoodiens.

    Et puis chercher où ? Dans les bars, j’y vais pour m’amuser, remarque pourquoi pas, hein, sur un malentendu, ça peut passer ! Mais honnêtement, je ne suis pas une dragueuse. J’y vais que si j’ai le sentiment d’avoir une vraie possibilité. Sinon, le boulot, je sais que c’est un lieu où on peut trouver du monde, mais pour l’instant, j’en ai pas… Je reprends mes études en septembre, normalement.

    Et Internet ? Internet, c’est niet. Sauf une fois, je m’étais inscrite sur netblog. J’avais rencontré un mec avec qui j’ai couché pas mal de fois, on se faisait des soirées pizza-film d’horreur-sexe, c’était sympa. Mais je sais pas, Internet, ça m’attire pas.

    Après, je dis ça, mais le mec en question, c’est pas du tout le plus chelou des plans cul que j’ai eus. Une fois, je suis tombée sur un mec, j’en ris à chaque fois que je le raconte, pendant qu’on faisait l’amour, il m’a tapé la fesse en criant « yihaaa », j’ai pas pu m’arrêter de rire pendant 2 heures.

    La blague la plus relou entendue sur ton célibat ? Personne se fout de ma gueule, en fait… Je sais pas si c’est le fait d’être malade, peut-être qu’ils osent pas… Mais je me souviens d’une fois, j’étais allée coucher mes nièces, et elles étaient en train de réciter les noms des maris de leurs tantes. Et y’en a une qui sort : « Tata Michèle, elle a pas de mari, elle a un chat. » Bam !

    Et ta famille, est-ce qu’elle te met la pression ? Ma mère, grave ! Elle donne mon numéro à tout Dakar – j’y ai beaucoup de famille. Elle l’a filé, entre autres, à un certain Abel qui ensuite m’a appelée puis envoyée des textos. Attends, je vais t’en montrer un, sachant que je l’ai jamais vu hein : « coucou c abel, tu me fait signe si ta fini ok jtm » (sic). Rien que pour ne plus me retrouver dans ce genre de situation, j’aimerais ne plus être célibataire !


    Michelle, le CV sentimental :

    > 31 ans, Fontenay-aux-Roses
    > Première histoire à 18 ans
    > Histoire la plus longue : 2 ans
    > 3 histoires sérieuses
    > 4 ou 5 plans cul

    coucou c abel, tu me fait signe si ta fini ok jtm

    Justement, c’est quoi ton top 3 des trucs chiants quand on est seul ? En 1, recevoir des textos d’Abel ! Non, je plaisante… Y’a pas spécialement de trucs qui me manquent du fait que je suis seule, en fait, même si ça me fait un peu peur de le dire. Surtout parce que je suis assez fusionnelle dans mes amitiés, du coup j’ai déjà des gens avec qui partager de bons moments.

    Le seul truc que je préfère vraiment faire à deux, c’est cuisinier… j’adore ça, mais pour moi toute seule, c’est moins sympa. Et puis y’a aussi quand t’es au centre d’un million de couples dans un centre commercial, là t’as un peu envie de crier « youhou, les mecs célibataires, je suis là ! »

    Le premier truc que tu fais quand tu retrouves quelqu’un ? J’appelle mes sœurs, je crie « ça y est ! »… avec mes sœurs c’est comme dans les feux de l’amour, elles savent tout. Y’en a une d’ailleurs, elle a des étoiles dans les yeux dès que je prononce le nom d’un mec, elle veut absolument me caser ! Je peux rajouter un truc ?

    Oui ? Je voudrais juste dire que quand t’as un handicap, t’es pas voué à être célibataire, faut juste s’accepter. Un jour dans la glace, je me suis trouvée belle et ça m’a remis en selle. De sentir que tu te fais draguer, aussi. En tout cas, faut pas abandonner : entre la vie sentimentale et la maladie, les sentiments doivent gagner.

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