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    17/09/2012

    Deuxième étape de notre série sur les terminus de RER

    Bienvenue à Saint-Quentin-en-Yvelines

    Par Delphine Tayac

    Terminus de RER, Saint-Quentin-en-Yvelines respire le taf, la fac et les années 70. Fans de skate et de clubbing, passez votre chemin. Ici, l'activité reine, c'est le shopping : les mêmes fringues qu'ailleurs mais la queue aux caisses en

    « Pour les Parisiens c’est la campagne, pour les habitants des petites villes autour, c’est Las Vegas ! » Bienvenue à Saint-Quentin-en-Yvelines, 145.000 habitants environ, à trois quart d’heures de Paris via le RER C. Pour découvrir cette communauté d’agglomération (qui regroupe 7 villes, dont Montigny-le-Bretonneux) sortie de terre il y a 40 ans, il faut s’aventurer au-delà du périph, traverser Issy-les-Moulineaux et ses quartiers d’affaires, Chaville et ses maisons cossues.

    Dans le train de 13h29, ce vendredi-là, pas plus d’une cinquantaine de personnes. En pleine journée c’est plutôt le désert, mais aux heures de bureau on joue au collé-serré dans les rames. 70.000 voyageurs transitent par la gare chaque jour. Parmi eux, beaucoup de salariés, c’est le 2e pôle économique de l’ouest parisien après la Défense, mais aussi des étudiants puisqu’ils sont 16.000 à fréquenter l’UVSQ.

    Art, histoire et shopping À l’office de tourisme, on assure que « la ville verte et bleue » est très dynamique. Si, si ! Cinéma, base de loisirs, théâtre, salles de spectacle, magasins, restaurants, sur le papier rien ne manque. « Vous savez il y a une vie après le périph », lance une employée.

    L’activité la plus prisée semble néanmoins le shopping. Entre la gare et la fac, soit moins de 500 mètres, on compte quatre centres commerciaux de plusieurs centaines de mètres carrés chacun. Ici, « c’est moins bien que Vélizy 2 », notent Noémie et Cyrielle, étudiantes, « mais au moins on ne fait pas la queue devant les cabines d’essayage et il n’y a pas la cohue aux caisses. » Au choix donc : Carrefour, la galerie « la diagonale », « l’espace Saint-Quentin » ou encore « SQY ouest » (à prononcer « skaï ouest » pour être dans la place). À « SQY Ouest », on vient aussi pour le bowling, qui va bientôt fermer faute d’affluence, ou se faire une toile dans l’une des 16 salles du cinéma UGC.

    Si l’on décolle son nez des vitrines, on peut s’offrir un cours express d’urbanisme des années 1970. Immeubles massifs en arc de cercle, église futuriste en béton, grande surface en formes de tubes, sculptures monumentales, comme dans toutes les villes nouvelles, les architectes ont voulu privilégier le fonctionnel et Saint-Quentin n’échappe pas à la règle. Pour comprendre comment cela a été créé de toutes pièces, un passage au musée de la ville, tout proche des galeries, s’impose. On y trouve des vestiges de la construction des villes de l’agglo, comme… une botte en caoutchouc, des vieilles plaquettes de promoteurs vantant les mérites des maisons témoin et des plans d’architectes. Après cette visite instructive, premier verdict, Saint-Quentin donne l’impression d’être une ville où on ne s’attarde pas à moins d’avoir quelque chose de précis à y faire. Cela n’a pas empêché l’Express de faire de Montigny-le-Bretonneux, « un cocon idéal pour les tribus. »


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    The place to be pour faire du shopping

    Le top des lieux pour jeunes fauchés Un cocon idéal pour les familles peut-être, mais pour les jeunes qui déboursent en moyenne 600 € pour un studio, mieux vaut traquer les bons plans.

    Manger pour moins de 10 € : la ville regorge d’enseignes de restauration rapide, du chinois au japonais, en passant par les kebabs et sandwicheries. Coralie et Alexis, étudiants en médecine, ont établi leur petit classement des spots les moins chers à proximité de la fac. Pour le repas équilibré, le resto U est imbattable avec ses menus à 3,05 €. Et pour changer un peu, la boulangerie La Fuette, avec sa formule à 5 €, sort son épingle du jeu. Côté kebab, le meilleur de la ville pour Raphaël, 26 ans, est sans hésiter le Yaka manger. Autre valeur sûre selon lui, le Mac Do où « les jeunes prennent un Mc Fleury à 12 pour avoir le wifi gratuit. »

    Sorties : les week-end ou les soirs d’été, les jeunes se retrouvent souvent entre amis autour d’un barbecue à la base de loisirs. Mais à 18 ans, Noémie se méfie : « moi ça ne me branche pas, ils sont à moitié installés dans leur voiture et il paraît qu’il n’y a que des gens de Trappes (la ville voisine, ndlr), on sait pas sur qui on peut tomber. » Un cliché qui a le don d’agacer certains Saint-Quentinois.

    Le bar du théâtre, lui, fait l’unanimité. C’est un des seuls pubs du centre, alors dès 18 heures, la terrasse se remplit. Et au moins une fois par mois, une soirée étudiante y est organisée, souvent à l’initiative de l’association étudiante Agora. Le patron, qui n’a pas la langue dans sa poche, est ouvert à toutes les propositions de soirées pour peu qu’elles ne soient pas « organisées par les fachos »… C’est dit ! L’occasion de boire un demi à 2 € et une pinte à 4 €.

    Pour la deuxième partie de soirée, ça se corse. Autant le dire tout de suite, Saint-Quentin n’est pas le repaire des clubbers. « À partir de 23 heures, les restaurants ferment, et là il n’y a plus un chat dans les rues », explique Gaëtan, étudiant en communication à Paris mais natif de Saint-Quentin. Il y a bien « Le Lokomia » et ses « 1000 m² de dancefloor » à Coignières. Mais pour Gaëtan, c’est « une boîte de portos (ndlr : des Portugais) où on laisse rentrer les gamins. » Lui préfère sortir à Paris et revenir avec le dernier RER à 1 heure du mat ou avec le premier à 5 heures.


    Et je remets le son

    LE Saint Quentinois : Raphaël, 26 ans, graphiste à l’Antisèche.

    Raphaël, 26 ans, le confirme, « il n’y a pas grand-chose à faire le soir ». Mais cela ne lui pose pas de problèmes, « on est à 20 minutes de Paris en voiture. »

    Il est né et a grandi dans le quartier tout proche de la gare. Et c’est là qu’il a accepté son job actuel : « ici, il y a du travail. Parfois ce sont des jobs étudiants, mais si tu veux trouver tu peux. Beaucoup s’en vont pour leurs études puis reviennent. » Après des études en arts appliqués, il propose ses services au magasin « L’antisèche » spécialisé dans la reprographie et notamment l’impression sur t-shirt.

    « Le patron cherchait un graphiste, j’ai mis un jean propre, je me suis rasé et j’ai amené mon mac sous le bras avec mes créations. Et depuis je travaille là », sourit-il. Prix des loyers oblige, il vit pour le moment à Rambouillet mais va bientôt déménager dans un appartement à quelques minutes du magasin. Ici, il connaît tout le monde et la ville comme sa poche. Pourtant, il ne se voit pas faire toute sa carrière ici « Moi je veux vivre sur une île. » En attendant de réaliser son rêve, il songe à ouvrir sa propre ligne de vêtements, mais « pas à Saint-Quentin ».


    Adieu les jeunes

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