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    18/09/2012

    Les féministes ukrainiennes ont ouvert un « camp d'entraînement » à Paris

    Les Femen : « on se sert de nos corps comme des armes »

    Par Paola Schneider

    Pas de marches ou de manif', mais « des attaques sexuées » : les Femen ont choisi d'avancer seins nus pour « poursuivre le patriarcat ». Ce mardi matin, elles ont inauguré leur local parisien à Château-Rouge.

    Quand elles lancent une « sexattack », les Femen le font toujours dans des « endroits chauds ». Pour leur arrivée en France, elles ont choisi Château-Rouge, un quartier du 18ème arrondissement de Paris récemment classé zone de sécurité prioritaire par le gouvernement. Ce mardi 18 septembre, à 11h du mat’, une vingtaine de journalistes sont à l’affût. Faut dire que les Femen ont lancé il y a quelques jours une invitation officielle sur Facebook. Oseront-elles se déshabiller, comme elles ont l’habitude de le faire ? Des passants, devant l’attroupement, s’attardent : « vous attendez qui ? Aaah… les Ukrainiennes ! »

    Connues et reconnues dans le monde entier, les féministes sans soutif arrivent enfin. « Laissez-nous passer ! » lancent-elles aux journalistes agglutinés. Les Femen sont ce matin une quinzaine et elles se serrent les coudes. À l’abri, malgré elles, d’une carapace de caméras, elles entonnent leurs premiers slogans, tombent le t-shirt, puis brisent le cercle et entament la marche. Sur leurs poitrines nues sont peints des slogans et dans leurs cheveux, des fleurs aux couleurs de la République leur donnent un petit côté Marianne.

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    Qui sont les FEMEN ?

    Des féministes ukrainiennes unies depuis 2008, célèbres pour leurs performances seins nus. Les FEMEN militent pour le droit des femmes mais aussi pour la liberté de la presse, contre la corruption ou encore pour la promotion de la démocratie.

    La nudité, c’est la liberté « Go undress and will ! », « La nudité c’est la liberté ! » Les habitants du quartier ont les yeux qui s’écarquillent, rigolent et s’interpellent – certains en arabe. Maraîchers, commerçants et mamas africaines, tous arrêtent un instant le négoce pour observer les Femen. Un riverain, l’air désapprobateur, glisse « ça, c’est trop. » Un boucher, quelques mètres plus bas, lance sans surprise « venez donc faire un tour par chez moi ! » Nassokho, lui, fume une clope à au bar du coin. Il est amusé. « C’est la démocratie, elles font ce qu’elles veulent ». Il n’est pourtant pas convaincu par le mode d’action seins nus. « Pour moi ça ne marchera pas. Quand je vois des femmes comme ça, moi je pense à autre chose. »

    Comme si elles ne s’apercevaient pas (ou plus) de l’étonnement plus ou moins sympathique qui accompagne leurs « sexattack », les féministes descendent la rue la mine déterminée et la tête haute, direction le lavoir moderne parisien, leur QG new look. « Femen, c’est le nouveau féminisme », tonnent les militantes. Sous-entendu : le féminisme de maman, c’était pour les années 70.

    Quand je vois des femmes comme ça, moi je pense à autre chose

    Scie électrique et camp d’entraînement Voilà les Femen devant leur nouveau local, qui va pouvoir permettre aux jeunes féministes parisiennes de se « former ». Avec une scie électrique, elles tranchent le ruban orange et blanc qui condamnait symboliquement l’entrée du 35 de la rue Léon.

    À l’intérieur de la salle, une des Femen, Inna Shevchenko, ne mâche pas ses mots, comme à son habitude : « on organise l’armée qui occupera le monde, on se sert de nos corps comme des armes ». Elle trône au milieu de cette nouvelle salle, ses longs cheveux blonds couvrent sa poitrine, elle raconte en anglais qu’elle et ses camarades sont venues ouvrir ici le premier camp d’entraînement des Femen. « Nous avons déjà une superbe armée nue ici », sourit la porte-parole du mouvement, du « sang neuf pour le féminisme ». Du plafond pend un sac de frappe, premier signe de l’entraînement « physique et politique » qui attend les futurs militantes en tenue d’Eve. Oui, parce que les Femen s’entraînent physiquement, au cas où, sur une action qui tourne mal, elles doivent fuir ou se défendre.

    Le corps, c’est la vie Safia Lebdi est là, elle-aussi. « Muslims, let’s get naked », voilà ce que dit le torse de la vice-présidente de Ni putes, Ni soumises. Pour Loubna Méliane, militante politique et ancienne du mouvement de Fadela Amara, « le Femen c’est la suite logique ».

    Mais parmi les néo-Femen, il n’y a pas que des personnalités, il y a aussi Julia, par exemple, 25 ans et les lèvres peintes en rouge. Elle a enlevé le haut pour la première fois aujourd’hui. Ça fait quoi ? « C’est que du bonheur, c’est un vrai shoot ! » Elle suivait les actions des Femen en Ukraine. Quand elle a su qu’elles venaient par ici, Julia n’a pas hésité. Quitte à avoir les seins à l’air ? « Avoir peur du corps, c’est avoir peur de la vie. »

    Nous avons déjà une superbe armée nue, ici


    Safia Lebdi, de Ni Putes ni Soumises

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