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    06/05/2010

    Thomas Coutrot, co-président d'Attac France répond à StreetPress

    La Grèce doit-elle se serrer la ceinture après avoir vécu au dessus de ses moyens?

    Par Manuella Anckaert

    Le plan d'austérité imposé à la Grèce par le FMI et l'UE fait l'unanimité: Les Grecs ont vécu au-dessus de leurs moyens, maintenant la fête est fini. Pour Attac ce n'est pas une solution «il faudrait plutôt taxé les transactions financières».

    1. Les faits

    Hier mercredi 5 mai, l’association ATTAC (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) organisait une manifestation de soutient et solidarité avec le peuple grec. Remis en cause: le plan d’austérité imposé par les pays de la zone Euro et le FMI à la Grèce, jugé « féroce » et « inutile ».

    Initialement tenue devant les bureaux de la Commission Européenne, la manifestation a été déplacée à quelque dizaine de mètre de là. Environ 500 personnes y participaient.

    2. Le background

    La Grèce n’a cessé d’augmenter son déficit : elle est passée de 2,7% de déficit en 2008 à 14% en 2010. La dette du pays se situe entre 300 et 400 milliards d’euros

    En réponse à la situation de crise, les ministres des finances des pays de la zone Euro et le FMI ont activé dimanche 2 mai, un large plan d’aide, avec le prêt de 110 milliards d’euros. En échange de cet argent, l’État grec est contraint de réduire ses dépenses publiques. On parle de « mesures d’austérité » comme avec par exemple le gel des salaires et des retraites dans la fonction publique, l’instauration d’un âge minimum de départ à la retraite à 60 ans, ou l’augmentation de la TVA de 21 à 23%.

    Le FMI a très souvent appliqué ces mesures. Un des derniers pays à les avoir connues est l’Argentine entre 1998 et 2002. Le plan d’austérité avait débouché sur une déflation appauvrissant considérablement le pays.

    3. La question de Streetpress

    La Grèce ne doit-elle pas se serrer la ceinture après avoir vécu au dessus de ses moyens?

    4. La réponse de Thomas Coutrot 

    L’économiste et co-président d’Attac Thomas Coutrot pense que le plan d’austérité risque d’enfoncer la Grèce « dans une dépression dont elle va avoir beaucoup de mal à se sortir » et que « c’est à l’industrie financière de payer pour les dégâts de la crise ». Comme les déséquilibres économiques de la Grèce sont pour une bonne partie dus aux banques, aux agences de notations et aux fonds d’investissement, Attac demande « une taxation des transactions financières, qui permettrait de dégager des ressources importantes pour aider les états en difficulté ».

    Attac propose aussi un plan de « solidarité financière » avec la Grèce. Pour se faire « la Banque Centrale Européenne doit prêter de l’argent à la Grèce à un taux d’intérêt correspondant au taux d’intérêt actuel ». Actuellement la BCE prête à un taux de 1% mais le taux imposé à la Grèce est de 5% sur trois ans. La France et l’Allemagne, à titre de comparaison, remboursent leurs dettes à un taux de 3,5% sur une durée de 10 ans.

    Thomas Coutrot incrimine l’Allemagne dans la récession actuelle à cause de sa « politique de baisse des salaires et de déflation salariale alors que ses excédents commerciaux étaient tout à fait extravagants. Cette politique a tiré l’ensemble de l’Europe vers le bas, vers la récession Il ajoute qu’il est important de responsabiliser les pays déficitaires autant que les pays excédentaires car les déséquilibres viennent des deux cotés. »

    Thomas Coutrot, Bio-Express

    1956: Naissance en France
    1974: S’inscrit à la LCR
    1996: Membre du réseau d’alerte sur les inégalités avec lequel il contribue à la création de l’indicateur Bip 40, baromêtre des inégalités en France
    1998:Devient membre de Attac

    « C’est à l’industrie financière de payer pour les dégâts de la crise »

    Source: Manuella Anckeart | StreetPress

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