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    14/11/2012

    Dominique Vidal, journaliste et historien, sort un nouvel essai : « Le ventre est encore fécond. »

    «Ce qu'a réussi Marine Le Pen, c'est le rassemblement des cocus»

    Par StreetPress

    Invité des 10 dernières minutes de notre matinale politique, Dominique Vidal se dit « angoissé par la montée de l'extrême droite. » « Plus le gouvernement de gauche mènera une politique de droite et plus le FN a de chances de grandir. »

    Un extrait de l’interview en vidéo

    Dominique Vidal, pourquoi écrire un livre sur l’extrême droite ?

    Parce que je suis inquiet, même angoissé, par la montée de l’extrême droite. Pas seulement en France, on a vu les résultats de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, mais dans quasiment tous nos voisins où, aujourd’hui, dans une douzaine de pays (et même un peu plus) de l’Union européenne, des partis d’extrême droite dépassent les 10 %.

    Chez les moins de 35 ans, Marine Le Pen a fait 23 pour 100 à la dernière présidentielle et dans les quartiers populaires, l’extrême droite fait un carton…

    Elle fait 33% du vote ouvrier exprimé – évidemment, il y a beaucoup d’abstention ; elle fait 23 % du vote employé, c’est-à-dire que c’est devenu une extrême droite populaire, enracinée dans les couches les plus victimes de la crise. Pourquoi ? Eh bien parce qu’il y a une mise en branle, une mise en spectacle de la peur, mais y’a surtout la vie des gens. On a parlé des 30 glorieuses, mais depuis les 30 glorieuses, on a eu les 30 malheureuses : pour la grande masse des employés et des ouvriers, la situation n’a pas cessé de se dégrader on ne peut pas dire que ça s’arrange depuis 6 mois.

    Y’a-t-il aujourd’hui deux France qui se côtoient et qui ne se voient plus ?

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    Le ventre est encore fécond : Les nouvelles extrêmes droites européennes

    Allez faire un petit tour dans le Gard où vous avez des villes entières qui se solidarisent avec des assassins de jeunes arabes ou noirs sans le moindre état d’âme… Cette France-là, elle se voit de plus en plus, elle s’assume de plus en plus et quand vous regardez les sondages, je ne parle pas des sondages d’intentions de vote mais sur les électorats, cet électorat du Front National assume parfaitement d’être électeur du Front National et c’est ça qui est effrayant. Petit à petit, ce parti est devenu, comme Marine Le Pen le souhaitait, respectable, presque normal. Au fond, on sent bien que son but, c’est de participer au gouvernement de la France, avec cette partie de la droite traditionnelle qui lorgne, et combien, vers l’extrême droite.

    Ce que vous nous dites, dans votre livre, c’est qu’autant l’extrême droite de Jean-Marie le Pen, c’était une extrême droite d’extrême droite, autant là on est sur un parti politique qui a vocation à s’associer avec la droite, comme c’est le cas dans d’autres pays européens…

    C’est ça la stratégie, c’est ça la différence avec les années 30, nous n’aurons pas demain la prise de pouvoir par la violence ou par la terreur d’un parti monolithique totalitaire, c’est pas ça. Mais c’est faire une telle démonstration de force, de puissance, qu’elle oblige une partie de la droite (on voit bien laquelle, c’est celle des pains au chocolat) à se positionner. On est dans le résumé extrêmement clair de qui est susceptible un jour de s’allier avec le nouveau Front National et ça c’est un risque important à partir du moment où nos concitoyens pensent qu’après tout toutes les autres solutions ont été essayées, celle-là pas, donc il faut peut-être donner une chance au FN de prendre le pouvoir avec d’autres, en alliance avec la droite traditionnelle.

    Plus le gouvernement de gauche mènera une politique de droite et plus le Front national a de chances de grandir. Nous sommes en ce moment au centre de cette contradiction-là. Ce qu’a réussi Marine Le Pen, c’est le rassemblement des cocus, des cocus de Mitterrand, de Jospin et de Sarkozy. Si le gouvernement de gauche continue dans cette voie et qu’il fait lui-aussi ajouter les cocus de Hollande aux cocus que je viens de citer, le risque est énorme, il faut bien le mesurer, on est à la veille de la possibilité d’une bascule d’un nouveau secteur des forces populaires dans le camp du FN.

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