En ce moment

    10/01/2013

    Pour le président du syndicat des internes, la mise en place des « réseaux de soins » dessine un système de médecine très inégalitaire

    Politique Fiction : « La France en 2030, et son système de santé à 3 vitesses »

    Par Johan Weisz

    Emanuel Loeb, président de l'Isnih, était l'invité de l'émission politique de StreetPress et Radio Campus Paris. Il explique comment la France risque de s'orienter vers système de santé à 3 vitesses.

    A quoi ressemblera le système de santé du futur ? Pourquoi les internes s’opposent-ils à la mise en place des réseaux de soins ? Voilà quelques unes des questions évoquées avec Emanuel Loeb , président de l’Isnih , qui représente les internes du milieu hospitaliers, pendant la « Matinale Politique », l’émission de StreetPress et Radio Campus Paris, que vous pouvez retrouver en intégralité ici :

    Pour le représentant des Internes, la loi sur les « réseaux de soins », votée en première lecture en novembre dernier dessine le futur d’un réseau de soin à 3 vitesses, en ce qu’il permet déjà aux mutuelles de mieux rembourser leurs adhérents lorsqu’ils passent par des réseaux de soins agréés :

    « Si la loi sur les réseaux de soin est mise en place, sur quoi cela va-t-il déboucher à terme ? Nous sommes en 2030 et ce qui risque de s’être développé, c’est un système de santé à 3 vitesses :

    1. La France a une tradition universelle qui fait qu’on s’occupera toujours des patients les plus vulnérables. On aura donc toujours un système équivalent à la CMU actuelle , qui est finalement une sorte d’ « ObamaCare » . Les patients qui n’ont pas de moyens auront toujours la capacité de se faire soigner, néanmoins dans des centres publics. Et on sait que les centres publics en France sont déficitaires, donc dans des conditions d’accueil qui seront aussi précaires. Donc on soignera des personnes en situation précaire dans des conditions précaires.

    2. Ensuite, il y aura la médecine pour les salariées. La plupart des personnes qui auront un emploi auront de fait une [mutuelle, ndlr] complémentaire liée à leur emploi. Mais une complémentaire qui [imposera] un réseau de soin. Donc il ne pourront pas aller consulter le médecin qu’il souhaiteront parce qu’un proche leur aura conseillé ou qu’ils auront une bonne relation avec ce praticien, non ils devront aller voir tel médecin [qui fera partie du réseau de soin]. Ils ne pourront pas avoir le type d’intervention qu’ils souhaitent, parce qu’on leur dira « si vous voulez avoir tel type d’intervention, il faut payer ». Donc ils auront une médecine conditionnée. Une médecine peut-être de qualité, mais conditionnée.

    3. Enfin, il y aura une médecine hors-classe, qui sera probablement prise en charge par des assurances privées. Il faudra cotiser très cher, vous aurez accès à la médecine de pointe, mais par contre cela coûtera très très cher. Ce sera réservé à quelques uns… D’ailleurs peut-être à ceux qui nous dirigent. »


    Emanuel Loeb | C est qui ?

    Emanuel Loeb, 28 ans, interne en psychiatrie. En est à sa 3e année d’internat – soit un bac + 9 ! Président de l’Isnih, l’intersyndical national des internes des hôpitaux. Et être syndicaliste dans un hôpital, ça n’a « pas que des avantages. »

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER