Grenoble (38) – « On vous avait dit que la révolution citoyenne qui était née en Amérique du Sud viendrait en Europe. Elle a commencé par le Moyen-Orient, la voici en Europe. » Voilà Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche) à la présidentielle, qui se met à rêver de l’arrivée d’un mouvement des Indignés en France, pile poil en 2012.
On est à l’université d’été du Parti de gauche, sur le campus de l’université Stendhal de Grenoble. Un millier de militants se retrouvent pour ce qui s’appelle officiellement le « remue-méninges 2011 », manière de dire qu’ici c’est différent des universités d’été dans lesquelles les gué-guerres d’appareils prennent le dessus sur le débat d’idées. Et pour bien appuyer le côté « remue méninges », tous les intitulés des débats sont formulés sous la forme d’une question : « l’euro est-il réformable ? », « la science fait-elle société ? » ou encore une conférence sur « où va la droite ? » où l’orateur Edwy Plenel (Mediapart) est accueilli comme une rock star.
La formation s’est créée fin 2008, après le claquage de porte de Mélenchon qui quitte le PS au moment du congrès de Reims. Il emmène avec lui des membres de courants minoritaires à l’aile gauche du parti. Sur les 8.000 militants encartés revendiqués par le Parti de gauche, beaucoup sont issus de cette scission mais on a aussi croisé des anciens verts, pas mal de déçus du PC, des syndicalistes et aussi des petits nouveaux d’un peu tous les horizons. On a même mangé un morceau avec un trader qui a pris il y a un an sa carte du parti.
« Content » C’est un Mélenchon « content », de retour de l’université d’été des « camarades » du PCF à Chambéry qui débarque en début d’après-midi à Grenoble. Parce que « nous sommes moins isolés que ce qu’on aurait pu croire au début » : le candidat pour 2012 trouve Eva Joly « plus proche du Front de gauche que du Parti socialiste » et les prises de position démondialisationnistes d’Arnaud Montebourg le réjouissent.
Surtout, « il y a encore quelques mois on m’a ri au nez quand je disais qu’il fallait taxer les riches. Mais aujourd’hui c’est le président de la république qui en parle », s’amuse Mélenchon pendant le point presse de l’après-midi (écoutez l’intégralité ici). Et de se marrer : « On m’accusait d’être “populiste”… Maintenant ils sont tous populistes ! »
Alors que les autres universités d’été cristallisent les luttes d’appareil, les militants du parti de gauche aiment rappeler qu’ils sont au-dessus de ça. Leur chef aussi a pris de la hauteur. Mélenchon souligne qu’il ne s’occupe plus de la cuisine interne de son parti, depuis qu’il a reçu l’investiture du PCF pour 2012.
Mais 2 lignes s’affrontent pendant la soirée de samedi : Dehors, les canal historique qui chantent l’internationale accompagnés à l’accordéon et à l’intérieur dans l’espace concert les hétérodoxes qui se déhanchent sur du The Police.
«Que les assemblées populaires mettent le feu à la plaine!» Le tribun Mélenchon prédit « inéluctablement » une « révolution citoyenne », avec un « peuple français » qui « va monter sur la scène politique » : « le mouvement [international] des Indignés en est la configuration », explique Mélenchon, qui évoque aussi les Indignés qui campent en Israël. Reste la question de c’est pour quand ? : « Toute la question est de savoir si ce sera dans un calendrier synchrone avec le calendrier présidentiel, vous imaginez que c’est mon vœu le plus cher ».
Bon mais Jean-Luc, comment c’est jouable un mouvement des Indignés en France ?
Mélenchon attend des Indignados en France by joweisz
Ca va se jouer dans la façon dont la mobilisation sociale va avoir lieu autour des syndicats. Si les syndicats montent en ligne et obtiennent une forte mobilisation sociale, si le mouvement en France est capable de produire un horizon politique, alors le mouvement en France sera un mouvement ordonné, canalisé… Ce qui explique la force des Indignés en Espagne, ne le perdez jamais de vue, c’est que toutes les structures d’opposition se sont disqualifiées.
Et est-ce que le PS français est dans l’état du PSOE espagnol ?
Le PS, ils ne sont pas au pouvoir mais idéologiquement ils y sont rendus.
Avec des mouvements comme ceux des Indignés, les structures classiques, comme les syndicats ou les partis, sont balayées…
Bah ouais… Et puis ça peut vous donner n’importe quoi des fois : Ca peut vous donner le meilleur, c’est-à-dire les Indignés et puis ça peut vous donner Londres. Evidemment, les gouvernements de droite, ils jouent là-dessus.
Vous imaginez une situation londonienne en France ?
Non, parce que si je dis ça, on va dire que j’y appelle. Je n’y appelle pas du tout. La gauche et l’émeute, ça ne va pas ensemble.
Une voiture avec un militant au volant attend Mélenchon à la sortie du point presse : « Mais pourquoi je dois monter monter en voiture maintenant moi ? », demande le président du parti de gauche. « Ben on nous attend sur le plateau de France 3 régional », rigole le militant. Le candidat à la présidence de la république passe en mode alerte : « Merde ma cravate ! ».
Disclaimer : Jo Weisz était invité à un débat de l’université d’été du parti de gauche pour parler d’Internet et de la gratuité. A part ça, c’est tout.
En Espagne, toutes les structures d’opposition se sont disqualifiées
bqhidden. « Merde ma cravate ! »
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