En ce moment

    11/03/2013

    « Bien sûr, on va faire un vin atomique ! »

    Motohiro Seki et Seiji Saito viennent de planter un vignoble à Fukushima

    Par Romain Le Jeune

    En pleine tourmente radioactive, les deux acolytes se lancent dans un projet un peu fou : produire un vin made in Fukushima.

    Accoudé au comptoir flambant neuf, Motohiro Seki fait lentement couler le vin dans son verre. En face de lui, Seiji Saito observe, silencieux. Leur journée de travail terminée, les deux agriculteurs ont ouvert une bouteille pour une séance de dégustation.

    Dans quelques mois, c’est leur propre vin que ces deux fermiers devraient pouvoir déguster. Avec une demi-douzaine d’autres agriculteurs de Towa, à la frontière de la zone évacuée, ils ont créé la toute première fabrique de vin du district.

    Vin Un projet, un peu fou, mûri en pleine tourmente radioactive. « On voulait faire quelque chose pour revitaliser le pays, explique Motohiro Seki, arrivé à Towa avec sa famille il y a sept ans. Au Japon, le vin est un produit nouveau. Il plaît beaucoup aux jeunes femmes en soirée. » Faisant fi des difficultés, les fermiers se sont mis à l’ouvrage. Ils ont retapé une ancienne fabrique de vers à soie, plantés 700 pieds de vigne et fait venir du matériel de la préfecture voisine de Yamanachi.

    La radioactivité ? Ce n’est pas un problème selon eux. « Les recherches ont prouvé que les particules radioactives ne passent pas dans le jus de raisin », assure Seiji Saito, qui a réussi à récolter ses premières grappes à l’automne dernier. Pas suffisant toutefois pour débuter la production immédiatement. En attendant, les fermiers vont commencer par produire du cidre avec les pommes invendues du district.

    Cidre La fabrique espère produire 2 000 litres de cidre et de vin la première année. « L’objectif, ce n’est pas de faire du business, tempère toutefois Motohiro Seki. On veut surtout offrir la possibilité pour les jeunes de rester à Towa. » A côté, Seiji Saito ajoute : « On veut aussi faire changer l’image de Fukushima. »

    Et lorsqu’on leur demande s’ils pensent que les gens seront prêts à acheter du vin produit à Fukushima, les deux hommes hésitent un moment. Motohiro s’en sort finalement avec une pirouette : « Bien sûr, on va faire un vin atomique ! ».


    Motohiro Seki et Seiji Saito

    Cliquez pour découvrir TOUs LES PORTRAITS DE FUKUSHIMA :








    Les portraits

    « De l’électricité propre à Fukushima » Katou Katsuichi lance une nouvelle centrale électrique à Fukushima

    « Du tourisme en zone irradiée » Shinobu Nakazato va ouvrir une chambre d’hôtes à Fukushima

    « On a choisi de venir quand même » Massanori et Yoshié Kobayashi ont déménagé à Fukushima après la catastrophe

    « Bien sûr, on va faire un vin atomique ! » Motohiro Seki et Seiji Saito viennent de planter un vignoble à Fukushima

    « Maintenant, ils ont pris l’habitude » Setsuko Kurihara dirige la crèche de Fukushima

    « Ici les légumes sont plus sûrs qu’ailleurs » Noboru Saito fait la promotion des légumes made in Fukushima

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER