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    15/03/2013

    À la Cité U : « De toute façon on les déteste les cons du FN !»

    Les Jeunes Socialistes s'attaquent au FN en cité... universitaire

    Par Thomas Chenel

    Le Mouvement des Jeunes Socialistes part en guerre contre les propositions du FN. Au programme : un porte-à-porte dans une cité U du 10e. Mais que vont-ils faire chez les étudiants, pourtant bien moins attirés que la moyenne par l'extrême droite ?

    Paris 10e, mercredi 13 mars – Rien ne semble pouvoir les arrêter. Pas même la porte d’entrée métallique infranchissable de la cité universitaire Philippe Girard située à quelques encablures des voies de chemin de fer. «De toute façon, je connais une étudiante qui va nous filer le code » lance Clara. Objectif : « déconstruire le discours de l’extrême droite et démasquer le Front national ».

    La chasse Ils ne sont pas moins de sept militants à pénétrer dans la cour du bâtiment. Tous bien décidés à en découdre. Clara répartit les rôles: « Aurélien et Ophélie, vous faites le rez-de-chaussée, Hermance et Richard le premier étage, Mathieu et Illa vous venez avec moi au 2e ». Le plan semble bien rôdé, aucun étudiant frontiste ne devrait en réchapper.

    Journaliste embarqué, je décide de suivre l’équipe 2. Richard et Hermance, armés de tracts, montent les escaliers. Nous voici arrivés devant les portes des chambres. Toc-toc-toc ! Une étudiante en jogging ouvre.

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    Pour qui votent les étudiants ?


    Comme le montre un sondage réalisé fin mars 2012 à la demande du magazine L’Etudiant par l’Ifop, les étudiants sont moins attirés par l’extrême droite que l’ensemble des jeunes. Marine Le Pen recueillait 11 % d’intentions de vote chez les étudiants, contre 15 % dans l’ensemble de la population. Dans cette catégorie, c’est toujours François Hollande qui déboule en tête avec 30 % d’intentions de vote (27,5 % chez l’ensemble des Français). Nicolas Sarkozy y est à peine moins aimé que dans la population globale (28 % contre 29 ). Jean-Luc Mélenchon a la cote : 15 %, contre 12.5 % d’intentions de vote sur l’ensemble des français.

    « Bonjour, on fait partie du Mouvement des jeunes socialistes. On voudrait vous parler des propositions du Front national qui veut dérembourser l’IVG… » récite Richard Chesneau, secrétaire national à la communication des MJS, emmitouflé dans son pull couleur orange Modem.

    L’étudiante écoute, pas très emballée. Les deux militants gardent espoir, lui filent un tract et passent à la porte suivante. Richard ressert le même discours à chaque fois. Quand un étudiant l’arrête net :

    « C’est quoi l’intérêt de lutter contre le FN ? Maintenant que vous êtes au pouvoir, ce serait pas mieux de proposer des choses ? »

    Les hostilités commencent. Mais les échanges restent très courtois. Et l’étudiant finit même par laisser son numéro de téléphone. Pas de skinheads en vue dans les couloirs bien calmes de la cité U.

    C’est quoi l’intérêt de lutter contre le FN ? Maintenant que vous êtes au pouvoir, ce serait pas mieux de proposer des choses ?

    Désert Hermance n’en mène pas large : c’est sa première mission de porte-à-porte. Après avoir laissé Richard mener le combat, elle va à son tour au charbon : « Je ne veux pas faire potiche ». Richard tente de la rassurer : « Il faut juste se lancer. C’est la première phrase qui est difficile, après il suffit de dérouler. »

    Hermance, dans son manteau vert kaki, toque alors à la porte. Mais pas de bol, personne ne vient ouvrir. Et les autres portes devant lesquelles elle se pointe restent closes. « Il n’y a personne à cette heure-ci ? », s’étonne la jeune fille. « C’est bizarre » lui répond Richard.

    Au bout du couloir, un étudiant la sauve. En pantoufles, il entrouvre sa porte: « Moi je ne crois pas du tout à la politique, prévient-il. Je viens de Marseille et c’est les plus gros escrocs qui existent, à gauche comme à droite. » Ont-ils enfin débusqué un frontiste ?

    Anti-Fa Au suivant donc. Cette fois-ci, une étudiante ouvre énergiquement la porte. Elle regarde le tract avec le logo bleu blanc rouge du FN :

    « J’ai eu peur, j’ai cru que vous étiez du FN. J’ai failli claquer la porte », avoue-t-elle après avoir laissé parler les deux militants. Richard lui montre alors le recto du tract avec les propositions du PS.

    Trois portes plus loin, un étudiant portant des lunettes se plaint du dérangement: « Je suis déjà suffisamment occupé par la fac, j’ai mes exams… Puis il balance : de toute façon on les déteste les cons du FN. »


    « J’ai eu peur, j’ai cru que vous étiez du FN »

    Le debrief Les jeunes militants se retrouvent dans la cour de la belle cité universitaire. « C’est vachement sympa cette résidence » lâche Clara. Les murs sont clean comme si la façade venait d’être ravalée. On est loin de la cité U miteuse aux chambres exiguës.

    Vient l’heure du bilan : exit le Front national. « On a récupéré des contacts » précise Richard. Illa a lui obtenu une adhésion. Et Clara assure qu’une fille va venir à une réunion du MJS le lendemain pour aussi y adhérer.

    bqhidden. C’est vachement sympa cette résidence

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