Quand j’ai acheté la BD le libraire m’a dit «J’ai beaucoup aimé, moi j’aime bien quand on remet en cause la grande Histoire ». Rassure nous, Nous n’irons pas voir Auschwitz n’est pas négationniste ?
Tu veux dire que t’as des doutes sur l’opinion du libraire sur la « grande Histoire » ? S’il pense que c’est négationniste c’est qu’il n’a pas lu le livre !
Je ne crois pas qu’il soit pas négationniste. Mais d’après toi qu’est-ce qu’il voulait dire par « la BD remet en cause la grande Histoire » ?
Je ne remet rien en cause dans la BD. Mais l’idée c’est d’arrêter d’associer les Juifs, la Pologne et Auschwitz. Juifs et Pologne c’est aussi toute une culture qui a été très très riche, toute une histoire qui date d’il y a plus de 1.000 ans … C’était la deuxième communauté la plus importante après les États-Unis.
Quand tu es parti là-bas qu’est ce que tu cherchais ?
J’avais envie de retrouver ce que j’avais connu chez ma grand-mère. Au moment où elle est morte il y a eu vraiment un vrai vide: Plus personne autour de moi ne représentait cette culture à Paris. Je me suis dit « Merde, est-ce que en allant là-bas j’allais retrouver un peu d’elle ? ». Et puis bien sur cet étonnement: « Ah bon il y a encore des Juifs en Pologne ?!». J’avais envie de rencontrer cette communauté parce que j’étais surpris qu’elle existe. Je l’ai découvert via un article du Monde Magazine.
Sur place ils découvrent que comme eux des milliers d’Israéliens, d’Américains ou de Français viennent en Pologne à la recherche de leurs racines. Si vous n’étiez pas au courant, le BD-reportage Nous n’irons pas Auschwitz vous fait découvrir qu’il y a encore des Juifs en Pologne.
Tu es parti là-bas dans une démarche personnelle. Quand as-tu décidé d’en faire un BD reportage ?
J’avais quand même mon idée en tête quand je suis parti. D’ailleurs j’avais tout ce qu’il fallait: Appareil photo, microphone tout neuf, j’avais demandé au journaliste du Monde certains contacts … J’avais envie de mesurer le renouveau de la culture juive. Mais j’ai été abasourdi par tout ce que j’ai pu voir pendant le voyage: l’ampleur du phénomène de ces gens qui reviennent en Pologne chercher leurs racines. On pensait être les pionniers! Ça peut paraître naïf. Et on ne s’attendait pas à ce que le renouveau de la communauté soit aussi important avec toutes ces institutions sociales, religieuses, d’éducation …
Tu es quand même assez critique avec la Pologne, notamment via l’image du cimetière juif de Zelechow complétement abandonné …
Forcément … Mais après je pense que la Pologne a pris de très bonnes initiatives depuis la fin du communisme. Les Juifs sont libres de re-développer leur culture et leur religion. Et il y a un attrait chez les Polonais pour leur héritage: ils sentent bien que cette culture fait partie de la Pologne. Mais avant 1989 tout a été laissé à l’abandon. Voir ce cimetière de Zelechow qui ne veut plus rien dire, ça fait quelque chose.
Dans la BD on croise tous ces Polonais que vont dans des instituts de généalogie se persuader de leur judaïté alors qu’ils ne le sont pas …
Oui, il y a cet exemple raconté par une archiviste d’un homme qui arrive avec une valise pleine de preuves de sa généalogie juive. Mais il s’avère que la seule personne qui lui aurait permis vraiment d’être juif ne l’est pas, et ça le rend fou ! Il faut voir aussi qu’il y a eu ces 50 ans de communisme pendant lesquels les gens n’osaient pas dire qu’ils étaient Juifs. Donc beaucoup de Polonais redécouvrent leurs origines.
Nous n’irons pas voir Auschwitz, édition Cambourakis, 208 pages, 19 euros
On découvre aussi la cuisine Yiddish: ton plat préféré ?
Je dirais que c’est difficile … Tous les plats dont je parle je les aime vraiment beaucoup. Il y a le Gefilte-fish , c’est une carpe farcie avec d’autres poissons. Le bouillon de Kneidler, c’est des petites boules de pains azyme. Et le Klops – l’incontournable ! – une boulette de viande hâchée. Mais je crois que ça ne plait pas à grand monde à part les gens qui en ont mangé petit !
Tu n’as pas peur que le bouquin ne se vende que dans la communauté juive ?
La thématique peut vraiment être universelle. Le retour aux sources par exemple qu’on peut retrouver chez les Pieds-Noirs comme ailleurs. Puis la mise en scène de soi, l’auto-fiction, ça peut toucher tout le monde. Il y a d’autres livres comme Les Disparus de Daniel Mendelsohn qui a touché tout le monde. Et en lisant le livre on s’aperçoit que je ne suis pas religieux. C’est loin d’être un livre sur la religion.
Sinon tu pense quoi de tes nouveaux bureaux ?
A StreetPress ?! C’est des magnifiques bureaux ! J’ai hâte d’y être !
bqhidden. C’est loin d’être un livre sur la religion
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