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    14/12/2011

    Qui étaient les émeutiers sous leurs cagoules ?

    Reading the riots: The Guardian publie son enquête sur les émeutiers

    Par Morgane Giuliani

    Avec la London School of Economics, The Guardian a interrogé un panel de 270 acteurs des émeutes britanniques de cet été. Motivations, origines sociales ou ethniques: Les résultats de l'enquête viennent d'être publiés.

    Les émeutes d’août dernier à Londres et dans d’autres villes du Royaume-Uni avaient surpris aussi bien par leur violence que leur soudaineté. Conjointement avec des chercheurs de la London School of Economics (l’équivalent de Sciences Po en Angleterre), le vénérable quotidien The Guardian a mené l’enquête sur l’élément resté insoluble : les motivations réelles des émeutiers. 270 d’entre eux ont été interviewés, la palette d’âge allant de 13 à 57 ans.

    Vos papiers siouplait  Les résultats de cette investigation sont publiés au fur et à mesure dans le quotidien mais aussi sur son site Internet, sous l’intitulé « Reading the riots ». 

    Ce que l’on peut d’emblée retenir est le sentiment de « colère et frustration à l’encontre de la police », cité par 85% des sondés. Ils ont notamment fait référence à l’injustice des contrôles de police systématiques dans leurs quartiers. En effet, 73% des sondés ont subi un contrôle d’identité dans les 12 derniers mois. Sentiment d’injustice aussi envers « le manque d’argent, d’emplois et d’opportunités » : le chômage et l’inégalité sont cités respectivement par 79% et 70% d’entre eux. 80% d’entre eux les ont considérées comme une protestation contre la politique gouvernementale. Cependant, beaucoup ont aussi reconnu n’avoir été motivés que par le simple opportunisme de voler facilement des objets de luxe dans les magasins saccagés. 

    73% des sondés ont subi un contrôle d’identité dans les 12 derniers mois

    Gangs L’enquête balaie d’un revers certains préjugés, comme le rôle central des gangs, mis en avant par David Cameron : en réalité, seulement 13% des émeutiers londoniens appartenait à l’un d’entre eux au moment des faits. Il avait également refusé la pauvreté comme facteur majeur, alors que 86% des sondés l’ont cité comme une « cause importante ou très importante ». 

    Alors que les réseaux sociaux avaient été montrés du doigt comme ayant servi de plateformes d’organisation des émeutiers, il s’avère que ces derniers se sont plutôt tournés vers la messagerie instantanée des Blackberry. Twitter, de son côté, a surtout été utilisé par des citoyens pour s’organiser en équipes de nettoyage. Par ailleurs, les émeutiers ont en moyenne parcouru deux miles pour rejoindre les personnes déjà sur place, ce qui remet en question l’idée d’un « tourisme émeutier ».

    Seulement 13% des émeutiers londoniens appartenait à un gang

    Mixité ethnique Enfin, les recherches du Guardian ont trouvé que les émeutiers étaient majoritairement jeunes (les trois quarts ayant 24 ans ou moins) et de sexe masculins (90% des émeutiers ayant comparu au tribunal étaient des hommes). Ils ont eu les mêmes conclusions que le Ministère de la Justice à propos de leur appartenance ethnique : 33% de ceux comparus en court étaient d’origine caucasienne, africaine à 43%  et asiatique à 7%. Cependant, ces chiffres varient d’une ville à une autre. De même, seulement 32% des émeutiers interrogés n’avaient jamais été déclarés coupables au terme d’un procès, confirmant le chiffre du Ministère de la Justice selon lequel 76% des suspects avaient ultérieurement été condamnés. De plus, seulement 5% des émeutiers avaient un diplôme, contre 20% pour la population anglaise totale.

    5% des émeutiers avaient un diplôme

    To be continued La Metropolitan Police, responsable de la sécurité du Grand Londres, a dit prendre en compte les résultats de cette enquête « en complément » de sa propre étude détaillée, « afin que la police et la société fassent tout leur possible pour éviter une récidive ». De leur côté, 81% des sondés considèrent que de nouvelles émeutes auront lieu, mais seulement 35% se disent prêts à y participer le cas échéant. 

    La seconde partie de l’enquête se déroulera au printemps prochain, et s’intéressera aux conséquences des émeutes sur la vie communautaire, le travail des policiers et de la justice.

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