En ce moment

    04/12/2013

    150 CRS attendus vendredi matin

    Le squat « le Bloc » se prépare à l'expulsion

    Par Robin D'Angelo

    Clap de fin pour le Bloc: l'immense squat du 58 rue de la Mouzaia (Paris 19e) sera vidé vendredi 6 décembre a prévenu la police. Les derniers squatteurs plient bagages alors que l'équipe du Bloc regrette un manque de mobilisation.

    C’est déjà la fin pour le squat « le Bloc » : ouvert en grande pompe en janvier 2013 , l’immense squat de 7.000 mètres carrés sera vidé par la police vendredi 6 décembre au petit matin, moins d’un an après son ouverture au public.

    Au 58 rue de la Mouzaia (Paris 19e), le lobby où les visiteurs devaient montrer patte blanche a été verrouillé et c’est désormais par une entrée dérobée qu’il faut pénétrer au « Bloc ». A l’intérieur, quelques néons blafards éclairent difficilement les murs taggés du rez-de-chaussée tandis que le rythme abrutissant d’un morceau d’electro s’échappe d’une pièce. Quelques occupants grimpent encore les escaliers mais rien à voir avec l’effervescence des semaines précédentes. « Moi, je ne viens plus ici depuis plusieurs jours. Franchement, ça me fout le cafard », s’attriste un artiste-peintre venu chercher ses dernières affaires.

    Expulsion Depuis que le Tribunal d’Instance du 19e a ordonné l’expulsion des occupants le 13 novembre dernier, les occupants du Bloc se sont résolus, fatalistes, à devoir quitter les lieux. Stacy, danseuse de 23 ans, s’était installée dans un atelier du squat au mois de juillet :


    MapLe Bloc, c’est où ?

    « Je suis partie dans la précipitation juste après le jugement parce qu’on m’a dit “Casse-toi, les CRS vont venir tout casser”. Il m’a fallu quand même 4 aller-retours en métro pour transporter mes trucs. »

    Tandis qu’un vieux routier de la vie en communauté enchaîne les va-et-viens depuis plusieurs jours :

    « J’ai pu laisser mes toiles chez mon frangin. Mais, là je dois me débrouiller pour récupérer une camionnette avant vendredi pour embarquer mes derniers trucs. »

    Vendredi 6 décembre, plusieurs camions de CRS viendront vider le bâtiment, a indiqué par téléphone le commissaire de police du 19e arrondissement aux représentants des squatteurs. « Ils nous ont annoncé entre 150 et 200 flics ! » ironise Vincent, un des membres de l’assoce qui gère le Bloc. Un ordre de la Préfecture qui vient sanctionner une procédure judiciaire initiée en avril 2013 et dont le jugement définitif a été reporté pendant 8 mois, grâce à des recours divers et variés.


    Au 58 rue de la Mouzaia

    Convention Inauguré en janvier 2013, “« le Bloc » ambitionnait de devenir « le 6b du 19e arrondissement »”:http://www.streetpress.com/sujet/73596-squats-le-bloc-ambitionne-de-devenir-le-6b-du-19e-arrondissement en référence à cet immense immeuble abandonné de Saint-Denis , devenu un incontournable de la vie culturelle alternative en région parisienne. Big de 7 étages, avec un espace de 7.000 mètres carrés, le spot revendiquait pouvoir accueillir plus de 150 artistes. Au moment de son ouverture, l’équipe du Bloc organisait même des visites guidées pour séduire riverains, journalistes et pouvoirs publics dans l’optique de pérenniser le squat avec une convention. .

    Mais un an après, l’heure est au fatalisme. Kevin et Vincent, installés dans leur tour de guet au 7e étage avec les derniers des Mohicans du Bloc, regrettent le manque d’engagement d’une part des occupants :

    « Sur les 200 qui ont été ici, tu peux compter sur les doigts de tes mains ceux qui se sont bougés. Les gens se mobilisent trop tard : tant que l’expulsion n’est pas prononcée, ils ne croient pas que ça peut arriver. »

    La Mairie du 19e avait pourtant la possibilité de proposer une convention au Bloc, puisque que le bâtiment occupé appartient à l’état. Mais jointe par StreetPress, elle assure n’avoir eu « aucun contact » avec les occupants « à part, une fois, un mail groupé envoyé à tous les gens de la Mairie » avant de lister les incidents – « certains à l’arme blanche!» – qui ont impliqué le squat.

    Kevin, 32 ans et résident du Bloc, veut pourtant croire que le squat artistique avait « trouvé son public »:

    « On a fait énormément de projets qui tenaient la route. On a hébergé un paquet d’associations en galère, il y avait des événements carrés toutes les semaines … C’est trop bête qu’on ne puisse pas pérenniser ce lieu. »

    On a hébergé un paquet d’associations, il y avait des événements toutes les semaines …


    Un graffiti caché au Bloc

    Stéphane Plaza Mercredi 4 décembre, les derniers occupants du Bloc manifestaient devant la mairie du 19e, accompagnés de Droit Au Logement et de Médecins du monde pour demander un conventionnement express, 48 heures avant l’expulsion. Un événement qui avait tout du baroud d’honneur puisqu’à la mairie du 19e, on assure qu’une convention d’occupation n’est pas à l’ordre du jour. Kevin est remonté :

    « La trêve hivernale devrait aussi s’appliquer aux squats. Dans la loi, cela ne concerne que ceux qui ont signé un bail mais il ne devrait pas y avoir de différence entre les citoyens. »

    Les occupants qui ne sont pas encore partis du Bloc se sont mis en quête de nouveaux lieux. Pas de problème pour Stacy la danseuse, qui a son studio pour vivre et qui se servait de sa pièce comme d’un atelier. Kevin et Vincent, habitués des squats franciliens, ont, eux, plusieurs plans. « Combler le vide, c’est notre truc. Il y a des gens qui tournent dans les rues depuis 15 jours », indiquent les deux spécialistes. Ça risque d’être un peu plus difficile pour Arnaud, 34 ans, qui vivait sa première expérience dans un squat. Après un départ précipité d’Angleterre, il s’était installé à la fin de l’été :

    « Là, j’ai de quoi voir pour les deux prochaines semaines, mais après, je ne sais pas ce que je vais faire. »

    bqhidden. La trève hivernale devrait aussi s’appliquer aux squats

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER