Didier Super ne fait pas rire LePoint.fr. Ce ne sont pas les facéties de l’artiste qui posent problème, mais un commentaire en faveur des intermittents du spectacle. C’est sous son vrai nom, Olivier Haudegond, que le 21 février dernier, « le très décalé Didier Super » (dixit LePoint.fr , en 2011) poste le message suivant :
« Comme je dis toujours, on peut comparer l’intermittent du spectacle au militaire. Le militaire, son boulot c’est quoi ? C’est de faire la guerre. Or, la plupart du temps, qu’est-ce qu’il fait ? Tout comme nous autres, Il répète sa guerre ! Sauf que lui, il a de la chance, personne ne remet en cause la rémunération de ses répétitions et voilà. »
Joint par StreetPress, le chanteur explique être lui-même intermittent :
« Pendant les manifs de 2003, j’avais le sentiment que le public ne comprenait pas qui on est et comment ça marche. Plutôt qu’un long discours technique, j’avais lancé cette comparaison. »
No comment
Le 16 février, LePoint.fr publie un sondage en homepage de son site : « Êtes-vous favorable à la proposition du Medef d’en finir avec le régime des intermittents du spectacle ? » Car quelques jours plus tôt, Pierre Gattaz, le président du Medef, avait expliqué vouloir mettre fin au régime des intermittents du spectacle. L’occasion pour Didier Super de ressortir son argumentaire en postant un commentaire sur la page du sondage du Point.fr .
Sur le site, 63% des internautes du Point.fr défendent le statut proposé aux artistes. Mais critiquer le Medef ne serait pas vraiment du goût des modérateurs. À moins qu’ils ne jugent la comparaison entre intermittents du spectacle et militaires quasi blasphématoire. En tout cas, ça ne passe pas et ce jeudi 27 février, Didier reçoit un mail l’informant que :
« Après lecture et analyse attentive par l’équipe de modération, il a été décidé de retirer le commentaire du site en raison de sa non-conformité avec la charte d’utilisation du Point.fr »
Un peu plus loin, le journal d’insister sur son ouverture d’esprit :
« Nous tenons à vous assurer que nous faisons tout notre possible pour accepter le plus grand nombre de messages et que nos modérateurs sont tenus à une stricte obligation d’impartialité. Toutes les opinions sont acceptées dans la limite des règles définies dans la charte éditoriale et sous réserve de les exprimer de manière courtoise, argumentée, et sans agressivité. »
Délocalisation
Pour quelles raisons le commentaire de Didier Super a-t-il été supprimé ? Difficile de comprendre car la petite comparaison du chanteur ne semble pas avoir enfreint les codes de la bonne tenue du forum. Joint par StreetPress, Jérôme Béglé , rédacteur en chef du Point.fr, assume la décision :
« Si la question m’avait été posée, je n’aurais pas validé ce commentaire. Ce qui est dit [par Didier Super] est faux et n’a aucun intérêt. »
Cela a au moins le mérite d’être clair.
Sur son site internet, l’hebdomadaire déclare gérer la modération en interne. Sauf que c’est faux… Le rédacteur en chef du Point.fr nous explique que « l’info n’a pas été mise à jour » :
« Depuis six mois, comme 80% de la presse, nous faisons appel à une société extérieure, Netino. »_
Joint par StreetPress, Jérémie Mani, PDG de Netino, joue la transparence : « Ce sont des équipes mixtes, en partie en France donc et sinon basées à l’étranger, principalement à Madagascar, qui effectuent la modération. » Et de préciser les conditions de rémunération :
« Dans l’hexagone, les salaires pour cet emploi sont 10 à 15% supérieurs au SMIC. A l’étranger on propose une rémunération au moins 20% plus élevée que celle d’un journaliste local. »
Pourtant, toujours sur son site internet, Le Point déclare :
« Nous avons tenté l’externalisation, deux fois, à Madagascar puis à Dakar. (…) Et nous avons renoncé.»
Les causes de ce changement de stratégie : « Il est apparu que les modérateurs extérieurs et nous ne mettions pas suffisamment le même sens dans les mots. »
Peut-être une explication à la suppression du commentaire de Didier Super?
Edit : il nous a été signalé que le même commentaire, posté sous un autre article du site Le Point.fr a été publié.
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