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    24/11/2010

    StreetPress met son masque de catcheur mexicain et teste les trois meilleures soirées pour voir des films de genre à Paris

    Où voir un bon nanar à Paris ?

    Par david-Julien Rahmil

    Chaque mois à Paris des cinéphiles amateurs de séries Z organisent des projections nocturnes. Au menu: Ninja moustachus, sosies de Steven Seagal et doublage-foireux. Le cyber-punk David-Julien Rahmil s'est incrusté aux trois meilleures soirées.

    font color=“red”>Plan numéro 1: Le “ciné-baltringue” dans le sous-sol des Halles

    Samedi, 18h étage troisième sous-sol du forum des Halles. Dans un couloir glauque qui sent l’urine et le désinfectant se trouve l’Orient Express, probablement l’un des cinémas UGC les plus glauques et les plus cools de la capitale. Ce dernier ne projette que des films « à faible rentabilité » et donc souvent des gros navets introuvables autre part. Devant la salle 1 se forme une petite file d’attente composée d’un groupe de geeks aux tee-shirts bariolés. Il s’agit des membres du ciné Baltringue, un groupe facebook dont le kiff est « de voir des films de merde ensemble et de pleurer des larmes de sang ».

    La Meute, nanar de la soirée

    Bien que ce soit dans les vieux pots que l’on fait les meilleures mayonnaises, cette petite troupe laisse leur chance aux nouveaux films de prouver à quel point ils peuvent devenir des nanars de légende. Pour cette séance ils ont jeté leur dévolu sur La meute de Franck Richard «parce qu’il y a Yolande Moreau et surtout Benjamin Biolay qui joue dedans» me souffle Sébastien Delahaye, l’organisateur de la sortie. Loin d’être aussi jubilatoire que ce que j’espérais, la séance se déroule sans accrocs, ponctuée ici ou là de « what the fuck » rigolards. C’est même un peu dommage car je m’attendais à une salle d’UGC plus enflammée. Sans doute la faute au film qui ne tient pas vraiment ses promesses de gros nanar qui tache.

    Une heure trente plus tard, les lumières s’allument et l’on se reconnecte avec la réalité. Le groupe s’engage dans un troquet situé non loin, histoire de deviser tranquillement sur la performance mono-expressive du chanteur à grosses joues et des répliques cultes de la Moreau.

    Infos

    Le prix : le prix d’une séance de ciné (entre 7 et 9 euros)
    Le lieu de RDV : En fonction des cinémas mais la plupart du temps à l’Orient Express des Halles.
    Demandez le programme : Pas de rendez-vous fixe, il faut se rencarder sur leur facebook pour se tenir au courant. On signale cependant que le prochain film pourrait être L’étranger de Franck Llopis, « producteur du pire film qu’on ait vu en groupe à ce jour, les Colts de l’or noir »

    Plus d’infos : Ciné-cagole sur Facebook

    Baltringue, le nanar de référence

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    Le navet de Vincent Lagaff

    Tandis que la troupe s’anime pour donner une note à ce mauvais film (il gagnera un honnête 3 sur 5) Sébastien me raconte la genèse du ciné-baltringue : « comme son nom l’indique, on a formé ce groupe à la sortie du Baltringue, le gros navet de Vincent Lagaff. Le but n’est pas d’aller voir des films pourris que tout le monde ira voir mais plutôt de rendre hommage aux films qui ne passent que dans une ou deux salles sur Paris et qui restent souvent moins de trois semaines». Pour ceux qui seraient rebuté par une ambiance trop masculine, les organisateurs ont même pensé au public féminin en proposant de temps à autre des cinés-cagoles, « pour des films comme Twilight ».

    Bilan :

    Si l’ambiance est plutôt sympa le néophyte aura toutefois du mal à entrer dedans tant le noyau dur de ce groupe se connaît (la plupart fait partie d’un microcosme de journalistes et/ou stagiaires). Du coup on repassera pour l’ambiance de salle (joyeuse mais pas démentielle) et pour le pot d’après séance qui s’est retrouvé mélangé avec un autre apéritif d’hipster geek.


    font color=“red”>Plan numéro 2: La soirée “Pas de pitié pour les navets” dans un bar de métalleux

    Si vous êtes rebuté à l’idée de payer plus de 9 euros pour voir une bouse cinématographique sur grand écran, vous pouvez vous rabattre sur les séances de « Pas de pitié pour les navets ». Nostalgique de l’époque bénie où les mauvais films s’échangeaient sous forme de VHS et se regardaient entre potes, l’équipe de Pas de pitié joue à fond la carte de la convivialité. Le point de rendez-vous se situe à La Cantada II, un bar rempli de métaleux dont la décoration semble avoir été assurée par Valérie Damidot (enfin plutôt avec sa tête, utilisée comme pinceau par Conan le barbare). La projection se passe dans un sous-sol chaud et moite et l’on tente comme on peut de se trouver une place assise.

    Pâté de canard et épis de maïs

    Comme la bouse du soir est Howard the duck (un film produit par George Lucas dont l’échec commercial a failli le couler), on a droit à un sandwich au pâté de canard et à un paquet de chips en échange des trois euros que coûte la séance (l’argent sert à payer les DVD et à financer un long métrage qui sera un hommage aux nanars). Comme si la petitesse de la salle ne suffisait pas, l’équipe de Pas de pitié chauffe le public en commençant par une projection thématique d’une dizaine de minutes consacrée aux pires films et séquences utilisant des acteurs nains. Comptez sur Mini Me” frameborder=“0” allowfullscreen>, “Chucky Weng Weng”:<iframe width=“560” height=“315” src=”//www.youtube.com/embed/eqh5O9LbjhY et la cultissime séquence du « Oh my gooood » pour mettre l’ambiance ! Cet apéritif cinématographique se termine par un jeu digne des meilleures animations « Club Med » période Les bronzés (manger un épi de maïs le plus vite possible, comme sur la vidéo ci-dessous).

    Infos

    Le prix : 3 euros boissons non comprise
    Le lieu de RDV : La Cantada II – 13 rue Moret, 75011 Paris
    Quand ? : tous les 2éme et 4éme jeudi du mois.
    Demandez le programe : Pas de pitié pour les navets#16 SPECIAL MUSICALS !! 02/12/10 avec le film Voyage of the rock alien

    Plus d’infos : Pas de pitié pour les navets sur Facebook

    « Des trucs qui nous faisaient kiffer quand on était gamins »

    Enfin le film peut commencer et c’est parti pour 2h d’effets spéciaux en mousse et de scènes zoophiles vraiment troublantes venant d’un film conçu pour les gamins. Tandis que le massacre commence, je m’isole avec Mathieu Berthon et son crew (Maha Hari et Guillaume Bourain) pour parler de leur soirée, et du nanard en particulier. Car après tout on est en droit de se demander quel est l’intérêt de se farcir des mauvais films. « Regarder un nanar c’est quelque chose de très fédérateur », m’explique la troupe. « On se retrouve tous réunis par la passion du mannequin en mousse, des répliques pourries, des situations totalement improbables, des acteurs moustachus, du re-doublage foireux, des coupes mulet ou des sweat-shirts des années 80. Et puis c’est aussi le plaisir de retrouver les trucs qui nous faisaient kiffer quand on était gamins. »

    Sourires aux lèvres

    Même avis du côté des spectateurs qui à la sortie sont eux aussi unanimes sur le côté convivial du navet : « Non seulement on vient regarder des films bien pourris entre potes, mais en plus on a ici une ambiance de salle qui fait que tout le monde semble sur la même longueur d’onde », expliquent Renan et Igor qui sortent du film avec le sourire au lèvres. Je comprends alors que le nanar est bien plus qu’un mauvais film mais bien le moyen de communier avec ses pairs.

    Bilan:

    Pas cher et bonne ambiance, Pas de pitié pour les navets se savoure comme un bon grec. On y va entre potes on se marre bien et on se sent un peu sale à la fin. Par contre ne comptez pas trop sur le confort de la salle dont l’étroitesse incite à la convivialité mais oblige la moitié du public à s’asseoir par terre.


    Le crew de Pas de pitié pour les navets

    font color=“red”>Plan numéro 3: Costumes et cris à l’Absurde séance du Nouveau latina

    Depuis deux ans le Nouveau Latina se taille la réputation d’être la Mecque des geeks cinéphiles. En effet, ce cinéma d’art et d’essai est investi tous les samedis soir à minuit par l’Absurde séance. La plupart des spectateurs sont des habitués des lieux qui viennent se défouler sur des navets mais aussi une sélection de films de genre souvent inédits ou en avant première. Car si l’amateur de navet n’est pas en reste, l’Absurde se targue de vous faire une véritable culture ciné avec des perles qui ne sortent jamais en France (ou alors seulement direct en DVD).

    Des mexicains moustachus sur scène

    Ce soir, une file d’attente remplie de mecs déguisés en mexicains moustachus et en Steven Seagal attendent de pouvoir participer à la nuit Drive In et notamment à la première de Machete. Parmi eux se trouvent Clara et Kevin qui n’en sont pas à leur première séance : « Ce qui nous plaît, c’est l’horaire décalé qui nous permet de faire un restau avant. Ensuite on a bien sûr l’ambiance de salle qui est un vrai spectacle. Les gens crient pendant le film, Yann (l’organisateur de la séance) fait des supers présentations à chaque fois, c’est vraiment convivial et sympa. On a plein de choses inédites et aussi des bandes annonces de films bizarres qui vont sortir. Bref, ça change beaucoup de la séance UGC. »

    Infos

    Le prix : 5 euros bière comprise.
    Le lieu de RDV : cinéma le Nouveau Latina, 20 Rue du Temple 75004 Paris
    Quand ? : Tous les samedi à minuit (venez plutôt à 11h30 histoire de discuter un peu au salon)
    Demandez le programme : Samedi 27 novembre / Hommage à Gérard Kikoine + concours d’Air Sex
    Samedi 04 Décembre / WE ARE FOUR LIONS

    Plus d’infos sur le site de L’Absurde séance

    « Ici au moins on ne me dégage pas de la salle comme dans les UGC »

    Même constat chez Noise, une habituée de l’Absurde qui a aussi organisé la première Zombie Walk. « Si on m’appelle Noise c’est pas pour rien. Ici au moins on ne me dégage pas de la salle comme dans les UGC. » Avant d’entrer en salle et vérifier si l’ambiance est aussi chaude qu’ils le prétendent, je me balade au salon du premier étage histoire de finir de digérer le repas sur les canapés, de boire la bière qui est offerte avec le billet ou bien pour tenir des discussions complètement geeks avec les marchands du temple que sont les mecs de Pepper Steak (un fanzine dédié au cinéma) et d’ Oh my gore (site internet dédié au genre horrifique). Vient ensuite l’entrée en salle toujours rigolote avec Frédéric Gracia l’ouvreur qui, comme le reste de l’équipe de l’Absurde, se déguise selon la thématique du film. Après la présentation de vraies (et fausses) bandes annonces et le speech de Yann Olerjaz qui se transforme à l’occasion en historien du cinéma, le premier film commence et je vérifie que l’ambiance est évidemment électrique.

    L’organisateur de l’Absurde Séance Yann Olejarz (à droite)

    La chose cinématographique la plus bandante du moment

    Tel un seul homme, le public crie des conseils grossiers à la pauvre Pamela Springsteen qui se fait poursuivre par une cheftaine sadique dans le slasher des années 80 Sleepaway camp 2 Car ici on ne fait pas que regarder les films mais on les vit tels des croyants à une séance de gospel. La salle est toujours à fond quelque soit le film (et la quantité de sang ) projeté. Car ce qui est le plus apprécié à l’Absurde c’est bien sûr les plans nichons (un incontournable des films de genre qui ne se privent jamais de montrer une paire de loches pour la bonne cause) et les décharges d’hémoglobine qui déclenchent à chaque fois des applaudissements enthousiastes. Prévoyez aussi la participation à des jeux débiles, des karaokés ou des petits sketches de présentation faisant de cette séance la chose cinématographique la plus bandante du moment.

    Bilan

    Eclectique, marrant, confortable et pas cher l’Absurde séance n’a pour seul défaut que de se terminer à 2h du mat et donc de vous obliger à avoir un plan pour rentrer chez vous (l’organisateur recommande fortement la drague et le plan cul si vous n’avez pas de voiture). Sinon c’est l’endroit idéal si vous en avez marre de la réconfortante et banale conformité des salles multiplexes.

    « Je pense que le gros monstre de fin va venir hanter mes rêves. Sans doute parce qu’il ressemble à un vagin avec des dents » Judith, spectatrice

    « Cours salope ! » Conseil crié par la salle de cinéma afin d’aider la pauvre victime d’un tueur en série

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