Paris, à deux pas de la place de la Bastille. Sur la devanture rouge, tout indique que nous sommes devant une pizzeria et pourtant affichée discrètement dans un coin de la vitrine une licence de bar. A l’intérieur du minuscule restaurant, Marilou, la responsable, nous fixe l’air amusé :
« C’est toujours drôle de voir les gens chercher le Moonshiner . »
Bienvenue dans le Chicago des années 1930
MAP Le Moonshiner, 5 rue Sedaine, 75011
Dans un coin du restaurant bondé, une porte anonyme donne sur la chambre froide. Au fond de cette seconde pièce une autre porte qui une fois poussée laisse enfin apparaitre le Moonshiner. Un bar inspiré des speakeasy, les bars clandestins au temps de la prohibition.
Tout dans la déco est fait pour nous rappeler le Chicago des années 30. On nous explique que l’authenticité est de mise :
« Le papier peint est d’époque, il vient d’un petit fabricant de Chicago et a été réalisé à partir de dessin réalisé dans les années 30. Le plafond a été fait sur mesure par un artisan Québécois. »
Virginie, brune aux mèches rebelles sirote un punch. Et visiblement, elle n’a pas sa langue dans sa poche :
« Ouais c’est cool comme endroit. Après, en tant qu’architecte d’intérieur, j’estime qu’ils auraient pu faire un effort sur le mobilier… »
Il est sans-doute trop sobre à son goût : table basse en bois épais, larges banquettes et comptoir éclairé à la bougie. La partie musicale, quant à elle, est assurée par les disques de Brazz Band de l’époque.
La devanture de la pizzéria, côté pile du 5, rue Sedaine / Crédits : Mehdi Boudarene
Clandestin, vraiment ?
Cette ambiance feutrée propice aux confidences était recherchée par les gérants :
« Dès le départ, on a cherché un lieu pour pouvoir mettre en place ce concept de “speakeasy”. »
Autrement dit le « parler doucement », car dans les bars clandestins illégaux de la prohibition, les clients devaient se montrer discrets pour passer leur commande. Les policiers n’étaient jamais bien loin.
« Le côté interdit, ça attire toujours », nous confie malicieusement Marilou. Car le Mooshiner n’a de clandestin que l’apparence et la prohibition est un concept… marketing. Et ça marche : nous nous sommes rendus trois fois dans ce bar et à chacune de nos visites, il était plein. En à peine quelques mois d’existence, le Moonshiner s’est fait une place de choix dans les nuits parisiennes, ce qui n’est pas pour déplaire aux patrons, également propriétaires du Kremlin, de l’Orange Mécanique du Rock‘N’ Roll Circus…
Le bar « clandestin », côté face du 5, rue Sedaine / Crédits : Mehdi Boudarene
Plus de 80 whiskys différents
Retour au Moonshiner où le Barman veut nous en mettre plein la vue en préparant un cocktail au mezcal. Notre voisin de comptoir, Angelo, consultant en costard-cravate, joue aux habitués :
« Ici, niveau rapport qualité/prix, tu trouves les meilleurs cocktails de Paris. »
Comptez 6 euros pour un punch et jusqu’à 14 euros pour un cocktail. Un peu plus loin, Franck Slammeur, rockeur et photographe, déguste un whisky. C’est la boisson vedette du lieu. Le bar en propose plus de 80 différents. L’artiste a choisi un Sky écossais de 15 ans d’âge.
Du côté de la clientèle, on trouve des collègues en afterwork, des étudiants, des couples… Mais aussi pas mal de touristes. Et pour cause : « Nous sommes dans beaucoup de guides anglophones », nous confie Marilou.
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