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    07/01/2016

    Création artistique, ateliers participatifs et militantisme

    À La Villette, un nouveau squat dans un ciné rétro-futuriste

    Par Lucas Chedeville

    Depuis 2011, la Cité des Sciences a renoncé à exploiter le Cinaxe, une salle de « cinéma dynamique ». Fin décembre, Angie et Gaëlle se sont installées dans le lieu inoccupé.

    Paris 19e, Parc de la Villette – C’est Angie qui ouvre la porte du Cinaxe, nouveau squat artistique dans le Parc de la Villette à Paris. Grand sourire et bonnet vissé sur la tête, elle explique :

    « On n’a pas encore installé le chauffage, ça caille ici ! »

    Il y a plusieurs mois, lors d’une visite organisée dans le Parc de la Villette, Angie et Gaëlle font la découverte du Cinaxe, salle de ciné rétro-futuriste à mi-chemin entre le simulateur de vol et une salle de projection. Fin décembre, la petite bande entre en douce et s’installe.

    Le ciné a définitivement fermé ses portes en 2011, car pas assez rentable. Le bâtiment dépendait de la Cité des Sciences. Depuis l’installation de la petite bande, il n’y a pas eu de discussions directes avec la sécurité qui surveille, ni avec la direction du musée, mais les filles assurent qu’elle est au courant de leur « emménagement » :

    « On espère que les autorités du Parc auront une ouverture d’esprit suffisante pour nous laisser nous développer tranquillement. C’est dans dans l’esprit de la Villette de valoriser l’art normalement ! »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/squat2_0.jpg

    A l’étage, les squatters se sont installés un petit coin cuisine. /

    Les squatteurs

    Le Cinaxe, c’est le bébé de Gaëlle, 23 ans, et Angie, 25 ans. Depuis plusieurs années, les deux étudiantes fréquentent les milieux artistiques parisiens. Elles se rendent vite compte de la galère pour travailler sereinement dans la capitale. Gaëlle, une tasse de thé à la main, explique ses motivations :

    « Tout coûte cher maintenant, si t’as pas les moyens d’avoir un appart assez grand, difficile de peindre ou de pratiquer ton art. »

    Pour l’instant, Angie, Gaëlle et une autre amie dorment dans les salles du haut où était installé le matos de projection. D’autres squatteurs ne devraient pas tarder à les rejoindre. Jean-Charles, 32 ans, débarque, jovial :

    « J’ai ramené un gâteau au yaourt ! Et en plus, il est bio ! »

    Il est en lice pour s’installer mais préfère prendre le temps de bien connaître les gens avec qui il habitera :

    « Ça fait longtemps que je fréquente les squats et je sais l’importance d’être proche de ses “colocs”. »

    Le Concept

    Le 31 décembre, quelque 40 personnes étaient présentes pour le « before » du Cinaxe. Au programme de ce premier événement : ateliers de tissage, expo de light painting et un repas partagé. Avec pour objectif de se faire connaître et d’impliquer les habitants du quartier.

    Des activités pour lesquelles les gens donnent ce qu’ils veulent :

    « Les gens ne savent même plus ce que “prix libre” veut dire. Ça montre dans quel état est notre société à force de tout monétiser. Pour nous, l’art ne doit pas être régi par des obligations financières. »

    Jean-Charles, de son côté, est davantage branché militantisme écolo. Un profil pas forcément incompatible avec l’idée de base, explique Angie :

    « À terme, en plus des ateliers pour les artistes, il y aura un espace de co-working avec des discussions littéraires, de l’éducation populaire, une bibliothèque, des découvertes de la cuisine végétarienne, un jardin d’agriculture hors-sol, des ateliers participatifs … »

    Edit, le 21/01 En accord avec la direction du Parc de la Villette, les occupants du Cinaxe ont déménagé : l’association Culture Nomade a signé une convention apour rester jusqu’au 29 février dans la Halle aux cuirs, toujours dans l’enceinte du parc.

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