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    14/04/2016

    ¡ Hasta la victoria, siempre !

    On a emmené le petit frère de Che Guevara à Nuit Debout

    Par Robin D'Angelo , Mathieu Molard

    Les manifestants de Nuit Debout sont incrédules : le petit monsieur grisonnant en face d’eux est le frère de Che Guevara. Mercredi soir, StreetPress l’a accompagné en scred’ sur la place de la République.

    « Quoi ?! C’est le frère du Che ?! » Sur la place de la République à Paris, le préposé à la récolte des fonds n’en croit pas ses yeux. Face à lui, Juan Martin Guevara, 72 ans, le petit frère du Che. Le militant lâche sa petite tirelire en carton pour lui sauter dans les bras. Il l’embrasse, il le touche. Puis demande à ce qu’on les prenne en photo ensemble :

    « Il faut absolument que vous m’envoyiez ça. Mais le problème c’est que je n’ai ni mail, ni smartphone ! »

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    Vous vous souvenez de Perdu de vue ? / Crédits : Mathieu Molard

    Dans les geôles de la junte argentine

    Ce mercredi à l’heure de l’apéro, l’assemblée populaire de Nuit Debout procède à des votes, comme tous les soirs sur la place de la République. Les mains se lèvent pour dire « d’accord », les poings se croisent pour dire « non ». Ce langage des signes, hérité des mouvements altermondialistes, permet aux manifestants de voter. Juan Martin Guevara est amusé :

    « Je pourrais leur apprendre deux ou trois trucs. Quand j’étais en prison, on communiquait entre détenus par les mains. J’avais même appris le morse ! »

    Comme son grand frère, il a milité à la gauche de la gauche. Le Che à Cuba, lui dans l’Argentine péroniste. En 1974, il est arrêté par la police de son pays. Il sera incarcéré pendant 8 ans, soit toute la durée de la dictature militaire.

    Mais la ressemblance ne s’arrête pas là. Sous ses petites lunettes et sa moustache grisonnante, on distingue les mêmes traits que ceux du Commandante. Juan Martin est le premier admirateur de son grand frère, de 16 ans son aîné, qui en avait fait son protégé.

    La tournée des stands

    A Nuit Debout, une bibliothèque participative a été installée. Le principe : chacun peut prendre un livre, s’il en dépose un autre. Juan Martin offre le sien « Mon frère le Che » qui vient de paraître . Dedans, il raconte Ernesto, ses meilleurs canulars, ses idéaux ainsi que ses souvenirs de la révolution cubaine, pays où il arrive en 1959, âgé de 15 ans, dans les pas du guérillero. Il dédicace l’exemplaire :

    « De la part des guévaristes argentins, à celui qui emportera ce livre. »

    Puis direction le stand du Dal. Un militant de l’association le sensibilise à la question du mal logement en France. Il lui propose de signer leur pétition. « Vous ne pensez pas que cela va attirer les regards et vous desservir ? Car je n’y connais rien, je ne vis pas en France moi », s’enquiert le papy moustachu. « Aucun problème ! » répondent les militants. Alors, Juan-Martin s’exécute.

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    Au stand du Dal / Crédits : Mathieu Molard

    Avec des enfants d’exilés

    Pour faire vivre les idéaux du Che, il a monté l’association « Por las huellas del Che » (sur les pas du Che). Son objectif : compiler le maximum d’archives concernant le Che et les mettre à disposition de tous. Un travail de fourmi puisque beaucoup de textes et de photos sont soumis à des copyrights. « Voilà où nous mène le capitalisme ! » se poile Juan Martin.
    Sur la place de la République, des occupants ont monté une copiothèque. Ils photocopient et mettent en ligne des textes importants au nez et à la barbe de leurs ayants droits. « Vous pourriez nous envoyer des textes du Che ? », demande Rafaël, étudiant brésilien à Paris 8. « Bien sûr ! J’ai 3.000 pages ! » s’esclaffe Juan Martin, avant de noter consciencieusement l’email du manifestant. A ses côtés, Flavia, elle aussi Brésilienne. Cette dernière possède une photo du Che en compagnie de sa marraine, une militante pour les droits de l’homme dans le Brésil des généraux. « Il faut absolument que vous m’envoyiez cela ! », s’enthousiasme Juan Martin.

    Au stand des Jeunesses Communistes Révolutionnaires, c’est sur un autre descendant d’exilé qu’il tombe. Pablo, la vingtaine, est le fils d’un communiste chilien qui a fui la dictature de Pinochet. Les yeux écarquillés, il nous demande s’il peut s’approcher de Juan Martin Guevara. « Il faut que je prenne une photo pour mon père. » Mais trop ému, les mots mettent du temps à venir. « J’en perds mon espagnol », lâche-il.

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    Avec Pablo, fils d'exilé chilien / Crédits : Mathieu Molard

    Juan Martin Guevara n’a que des mots d’encouragement pour les manifestants de Nuit Debout. « Vous, vous êtes jeunes. Alors votre objectif n’est pas de lutter mais la victoire ! » Mais il met un bémol :

    « C’est le début de quelque chose mais il faut que cela aboutisse à du concret. Si nous ne sommes pas réalistes, il ne se passera rien. »

    Des mots qui sonnent comme un aphorisme du Che.

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