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    01/09/2016

    Le rookie représente le 18e arrondissement sur tous les terrains

    Guy 2 Bezbar rappe avec Niska et joue au Red Star

    Par Mathieu Molard

    De la rue de la Goutte d’Or aux contreforts du boulevard Barbès, Guy 2 Bezbar jouit d’une petite notoriété. Prochaine étape pour le rappeur du 18, passer pro. Reste à savoir s'il va percer sur scène ou sur un terrain.

    Brasserie Barbès, Paris 18e – « Je traine trop au quartier, rien qu’en venant ici j’ai l’impression d’être en vacances », lâche Guy 2 Bezbar en s’attablant dans le patio du Café Barbès. C’est lui qui a choisi l’établissement chicos pour l’interview. Le rappeur voit d’un bon œil l’installation de cette bulle bobo à deux pas de la rue de la Goutte d’Or où il a grandi. C’est pourtant la première fois qu’il traîne ses Air Jordan dans ce bistrot « classe ».

    L’interview terminée, retour au Square Léon, son spot. Adossés sur les tables de ping-pong en béton, son équipe chille, tandis que les petits tapent le ballon dans le city stade en contrebas. « Je traine ici depuis le CM2 », commente le rappeur de 18 piges. C’est aussi là qu’il a clipé Ah non c’est terrible, en featuring avec Niska (plus de 7,5 millions de vues). « Mes potes trainent avec des potes à lui », explique-t-il. Le 18e a ses réseaux, parfois insoupçonnés. Ainsi sur une vidéo filmée au smartphone, le Marseillais Jul dédicace Guy 2 Bezbar et Barbès. « C’était pendant son Planète rap », rembobine Guy :

    « Mais Jul, il venait souvent au quartier. Il allait au japonais tenus par un grand de Sarcelles. C’est comme ça qu’on l’avait rencontré. »

    Certifié par le 18e

    « J’aimerais bien que tu parles aussi des gens qu’il y a autour de moi », lance Guy tout en sirotant son diabolo pêche. A sa droite, Ibrahim dit La Woof, se fait discret. Ce pote de longue date, toujours dans son sillage, raconte la notoriété nouvelle du kicker du 18 :

    « A la foire du trône, chaque 5 minutes on se faisait arrêter pour faire des snaps. Un mec avait même parié 10 euros avec son pote que c’était bien Guy. »

    Une petite célébrité que le rappeur n’a pas encore tout à fait intégré. Et d’embrayer sur une anecdote de la veille. Alors qu’il commande un pizza, « un mec » le regarde avec insistance :

    « Je me suis dit, il est fou celui, là. Qu’est-ce qu’il a ? On va démarrer… »

    La tension retombe quand le mec l’accoste : « Bien Guy de Bez’ ? »

    Pour l’instant Guy gère son début de carrière entouré de ses potes de quartier. Ibrahim s’occupe d’une partie des réseaux sociaux et drive l’organisation du clip qu’il doit tourner dans la semaine : un feat avec Barack Adama de la Sexion d’Assault et XV Barbar. Le bonhomme jongle entre 2 boulots (VTC le soir et coursier l’après-midi), sa marque de fringue (Woof Industrie), en attendant d’avoir « coffré » assez d’argent pour lancer son fast food. La notoriété de Guy l’a aidé à écouler 300 t-shirts de sa griffe.

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    A droite de l'écran, David Luiz tape la pose / Crédits : Mathieu Molard

    Guy l’indé

    Assis à la gauche du kicker, Mister Fresh un autre pote du quartier, s’improvise manager. L’étudiant prend son rôle à cœur :

    « On veut voir jusqu’où on peut aller tout seul. Plutôt que de signer avec Dawala [producteur de la Sexion d’Assault et boss de la marque Wati-B, ndlr.], il pourrait devenir un futur Dawala à lui tout seul ! »

    Guy 2 Bezbar a pourtant brièvement signé un contrat d’édition avec Y&W, le label de Guizmo et Despo Rutti, avant de se rétracter. « Il y a eu un malentendu avec eux, on va rendre le chèque mais humainement, il n’y a pas de problèmes », élude le manager.

    Même si Guy bénéficie d’un petit buzz – ses morceaux solo tournent à quelques centaines de milliers de vues chacun – « pour l’instant le rap ne [lui] a pas rapporté d’argent ». L’artiste doit « se débrouiller » pour financer clips et studios. Un autre pote « producteur », qui préfère rester dans l’ombre, a filé un peu de cash. D’autres « grands du quartier ont proposé d’investir », mais la petite équipe a préféré décliner la proposition.

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    Cry me a mirror / Crédits : Mathieu Molard

    Que des numéros 10 dans ma team

    « Ma priorité c’est le foot, parce qu’il y a plus d’argent à se faire. Après là où je me sens le plus à l’aise c’est dans le rap », détaille Guy. Dès l’adolescence « le milieu 10 » intéresse des clubs pros. A 14 piges il doit effectuer un test à West Ham :

    « Je devais partir le 14 août. Mon oncle m’avait offert les derniers crampons, je m’étais entraîné comme un ouf. Mais mon agent a commencé à parler argent avec le club, avant même qu’ils m’aient rencontré. Ca les a refroidi. »

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    Sapé pour jouer / Crédits : Mathieu Molard

    Pas de voyage en Angleterre. Finalement, il signe au Paris FC avant de rejoindre le Red Star, il y a deux ans. Cette année le rappeur intègre la réserve du club de Ligue 2. Raymond, son coach également rappeur, comprend le casse-tête que représente le triptyque studio-terrain-classe (Guy est en terminal Accueil relation clients et usagers) :

    « Je commençais à sécher les entrainements. On a bien parlé, il m’a remotivé. Il m’a dit que j’avais mes chances de signer. »

    Clip Ma Jungle #3
    En attendant un contrat pro, Guy 2 Bezbar prépare une mixtape. « On va la balancer en ligne, histoire de faire monter le buzz », détaille son agent et ami :

    « Ca sera sa première Mixtape. Celle qui tourne sur Haute Culture, c’est des sons qui ont fuité, on ne sait pas comment et ils en ont fait une mixtape, mais on y est pour rien. »

    Sortie prévue pour Ma jungle, au mois de décembre.

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