Stalingrad (19e) – Plusieurs centaines de personnes attendent au croisement des avenues de Flandres et de la Villette. En tête de cortège, deux réfugiés tiennent une banderole à bout de bras. Dessus l’article 13 de la déclaration des droits de l’homme écrit en grosse lettre noire :
« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. »
Il est 18h ce mercredi 2 novembre et la manif des réfugiés est prête à partir. Afghans, soudanais, militants associatifs ou élus… Tous dénoncent les conditions de vie des 3.000 réfugiés qui ont échoué dans le 19e ces dernières semaines. Ils répondent à un appel à lancée 3 jours plus tôt par un collectif de migrant soutenu par plusieurs assos.
![https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-3.jpg](https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-3.jpg)
Chacun sa banderole / Crédits : Pierre Gautheron
Harcélement policier
« Ce n’est plus possible ! La semaine dernière encore, la police m’a arrêté pour prendre mes empreintes », s’insurge Yakob, bonnet bien enfoncé sur la tête par ce froid hivernal. Voilà plus d’un mois que le jeune soudanais de 25 piges a posé ses valises à Stalingrad, sous le métro aérien. Quand on l’interroge sur la maréchaussée, il est intarissable :
« Ça fait un mois et deux semaines que je suis là. On voit la police tout le temps. »
![https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-6.jpg](https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-6.jpg)
Je te tiens, tu me tiens par la barbichette / Crédits : Pierre Gautheron
Même son de cloche du côté des autres migrants rencontrés qui racontent les « rafles » du début de semaine et la pression policière incessante. Andreas, membre du parti EELV du 19ème, souvent présent sur le campement, craint que la situation ne pourrisse. Surtout avec l’arrivée de l’hiver et l’évacuation récente de la jungle de Calais :
« On ne peut pas laisser les choses comme ça. La situation ne fait qu’empirer, surtout depuis le démantèlement de Calais et l’arrivée de beaucoup de nouveaux migrants. »
![https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-5.jpg](https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-5.jpg)
Une femme à la rue / Crédits : Pierre Gautheron
La manif tourne court
Sur les bords de l’avenue de Flandres, la manif peine à rassembler. De nombreux migrants suivent le rassemblement de loin, dans leurs tentes ou sur les contreforts de la place Stalingrad. Après l’arrivée tonitruante d’un groupe de réfugiés afghans installés sur les bords du canal Saint Martin, le cortège avance bers Riquet aux cris de « refugees welcome » et « we want freedom ». Avant de faire demi-tour et de revenir au point de départ. Peu avant 20h, les gendarmes mobiles débarquent et ceinturent la petite place. Avant d’escorter les migrants par petit groupe jusqu’à leur tente.
![https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016.jpg](https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016.jpg)
La cavalerie / Crédits : Pierre Gautheron
La prise de Stalingrad n’aura pas lieu. Une manifestante assez âgée se risque à un « police partout, justice nulle part » avant de déguerpir rapidos sous les gros yeux des hommes en bleus. Pendant ce temps-là, un guitariste improvise un concert sauvage. Quelques réfugiés continuent à tenir le pavé tant bien que mal alors que la manifestation se disperse. Selon l’AFP, plus tard dans la soirée, des affrontements entre migrants ont éclaté sur le camp de Stalingrad.
![https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-4.jpg](https://backend.streetpress.com/sites/default/files/refugies_paris_02-11-2016-4.jpg)
Plusieurs réfugiés regardent la manifestation de loin / Crédits : Pierre Gautheron
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress![mode payements](/_nuxt/img/icons_payements_color.0e63fac.png)
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER