En ce moment

    10/03/2017

    De Ai Wei Wei à Edward Snowden

    Les Nouveaux Dissidents, l’asso’ qui veut venir en aide aux militants menacés dans leurs pays

    Par Jacques Tiberi

    Il y a un an, le journaliste Michel Eltchaninoff faisait le tour du monde à la rencontre d'opposants politiques menacés de mort dans leur pays. Aujourd'hui, il lance une asso', les Nouveaux Dissidents, pour leur venir en aide.

    Paris, Mairie du 4e arrondissement – Le grand salon de la Mairie du 4ème arrondissement est bondé ce mercredi 31 janvier. Plus de 300 personnes ont répondu à l’invitation des Nouveaux Dissidents, une asso’ lancée par Michel Eltchaninoff, le red’ chef de Philo magazine. Début 2016, le journaliste publiait un livre du même nom dans lequel il racontait, de l’Iran à la Biélorussie, les nouvelles figures de ce qu’il appelle « la dissidence » :

    « Les dissidents sont des porteurs d’idéal. Au nom de cet idéal, ils vont franchir une ligne invisible et s’attirer les foudres de la police ».

    Un an plus tard, le quadra passe à l’action. Le but son asso’ crée il y a quelques mois ? Lister les militants menacés à travers le monde pour leurs prises de position et les aider financièrement. De Ai Wei Wei, le célèbre artiste chinois menacé par le pouvoir en place à Edward Snowden qui a révélé le scandale des écoutes de la NSA.

    Sur le site, pas encore vraiment étoffé, on retrouve déjà une carte interactive et une liste des activistes que l’équipe de l’asso’ a déjà identifié. A terme, on pourra y lire des tribunes, de la poésie ou encore des articles de fonds, promet son fondateur.

    Par les dissidents, pour les dissidents

    Dans les salons de la mairie du 4e, c’est à Alice Syrakvash de prendre la parole. « Un dissident est une personne normale qui commet un acte extraordinaire », témoigne la cofondatrice de l’asso’ :

    « Il se met en danger pour combattre une injustice insoutenable. C’est une sensation très personnelle, c’est un choix que l’on vit à l’intérieur de soi »

    La jeune femme sait de quoi elle parle. En 2010, elle a subi les foudres du gouvernement biélorusse après avoir dénoncé des fraudes électorales. « Rester, c’était courir le risque de me retrouver en prison, et je vous avoue que je n’étais pas prête. J’ai pris la décision de partir à ce moment-là », témoigne-t-elle.

    (img) Piotr Pavlenski à la soirée de lancement des Nouveaux Dissidents | © NewDissidents piotr-pavlenski-miniature.jpg

    Aujourd’hui établie en France, elle continue, à travers cette initiative, de soutenir ceux qui restent en première ligne. Une motivation que partage le parrain de l’asso, Moustafa Djemilev. Le Mandela Tatar, comme on le surnomme a passé plus de vingt ans derrière les barbelés ou sous surveillance, du temps de l’URSS. « Les combats (des dissidents) ne sont pas isolés, nous avons voulu les réunir, leur offrir un espace de dialogue », renchérit Michel Eltchaninoff, le président de l’asso’.

    Où se cache l’agent du FSB ?

    À peine créée, Les Nouveaux Dissidents viennent en aide à l’artiste politique Piotr Pavlenski, connu pour ses performances extrêmes. Comme lorsqu’il s’est cloué les testicules sur la Place Rouge en novembre 2013. Dans le viseur du Kremlin depuis 2012, il est aujourd’hui menacé de prison et a fui pour demander l’asile en France. Présent pour le lancement de l’asso’, l’homme lance à la tribune :

    « Je ne suis pas un dissident, je suis un artiste… et en Russie il suffit d’être un artiste – un vrai, pas un décorateur de Palais – pour être persécuté ».

    Dans l’assistance, chacun y va alors de sa blagounette. « Alors, où se cache l’agent du FSB ? » ironise un homme aux airs de prof de fac. Son voisin lui montre du doigt une jeune femme, dans les premiers rangs, qui prend des photos en catimini.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER