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    02/02/2018

    25 pays ont ouvert une enquête

    One Coin contre la police, une bataille planétaire

    Par Maxime Grimbert , Jocelyn Collages

    L'empire One Coin est dans la tourmente. Dans au moins 25 pays, les autorités ont ouvert une enquête contre ce qu'ils pensent être une escroquerie planétaire qui pourrait financer des organismes terroristes. Le siège bulgare vient d'être perquisitionné.

    Tarmac de l’aéroport de Düsseldorf, Allemagne – Les passagers descendent du vol international en provenance d’Oslo. Ce mardi de mars 2017, une poignée d’officiers en civil inspectent la foule d’anonymes, jusqu’à reconnaître Bjorn Bjercke. Les fonctionnaires l’invitent à prendre place dans une voiture banalisée aux vitres teintées. Direction le centre-ville.

    Brusquement, le véhicule tourne pour s’engouffrer dans un parking gardé par des agents de police. Le conducteur présente ses documents d’identification. « J’étais en train de vivre ma première expérience à la James Bond », commente le quadragénaire norvégien. Au dessus d’eux, un imposant bâtiment carré d’une quinzaine d’étages, gris et marron, laid, policier.

    Les fonctionnaires le guident dans un dédale de couloirs entrecoupé de portes fermées par des serrures électroniques, jusqu’à « une salle d’interrogatoire ». Bjorn est pourtant l’invité de la brigade financière de la police judiciaire de Bielefeld, qui a sollicité son aide pour tenter de faire tomber l’empire One Coin (OC). « Pouvez-vous garantir ne pas connaître personnellement [nos principaux suspects dans le dossier One Coin] ? » n’est que la première question d’une longue série.

    C’est la guerre contre One Coin. Le réseau planétaire au milliard d’euros de chiffre d’affaires et au million de victimes présumées, dont StreetPress détaillait les rouages ici, s’est fait de nombreux ennemis. Dans plusieurs pays, d’anciennes victimes ou des experts des crypto-monnaies s’organisent pour porter le fer. Et selon nos informations, les polices ou les institutions financières d’au moins 25 pays ont ouvert une enquête. Infiltrations, arrestations musclées, perquisitions, gel de comptes en banque et amendes chiffrées en millions d’euros, s’accumulent. Jusqu’à l’ultime estocade. Les 17 et 18 janvier 2018, les polices judiciaires bulgare de Sofia et allemande de Bielefeld, assistés d’Europol, perquisitionnent les bureaux et les serveurs de One Coin, au cœur de la capitale de la Bulgarie.

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    Le réseau One Coin étend sa toile sur les cinq continents. / Crédits : StreetPress

    Bjorn, super consultant pour les polices européennes

    C’est presque par hasard que, fin 2016, Bjorn Bjercke découvre l’arnaque. Le Norvégien est un expert réputé pour son travail dans le domaine de la blockchain, la techno sur laquelle repose des crypto-monnaies comme le BitCoin qu’il affectionne particulièrement. Quand un chasseur de têtes du réseau One Coin lui offre un job, il se rencarde sur cette monnaie qui revendique elle aussi s’appuyer sur la blockchain. Très vite il est convaincu que ce n’est que du vent. Comme StreetPress l’expliquait ici, aucun algorithme ne garantit son cours et un One Coin n’a en fait pas plus de valeur qu’un vulgaire billet de Monopoly : impossible d’acheter quoi que ce soit avec cette monnaie.

    Bjorn s’engage alors corps et âme dans la lutte contre « cette arnaque à la fausse crypto-monnaie, complètement bidon, qui ruine de pauvres innocents » et sape la crédibilité des autres monnaies numériques auxquelles il croit tant. Il monte un blog consacré au sujet, sur lequel il publie régulièrement démontrant, arguments techniques à l’appui, l’escroquerie présumée. « J’investis encore tout mon temps libre dans ce dossier », explique-t-il au printemps 2017, remonté comme jamais.

    Début 2017, il attire l’attention des policiers de plusieurs pays qui enquêtent déjà sur le sujet. Aujourd’hui, il est l’un des a href=“https://www.linkedin.com/in/bbjercke/”>experts en crypto-monnaies les plus consultés par les enquêteurs de la planète. En plus de l’Allemagne, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni et trois autres pays font appel à ses services. À la demande de Bjorn Bjercke et pour ne pas nuire aux enquêtes, nous ne préciserons pas qui sont ces derniers États concernés.

    Menaces et procès

    Ses mises en garde attirent aussi l’attention du réseau One Coin qui porte plainte en diffamation devant les tribunaux norvégiens. Une procédure gagnée par Bjorn Bjercke en septembre 2017. Mais la contre-attaque n’est pas seulement légale. Sur la toile, un site mis en ligne anonymement, est entièrement dédié à le décrédibiliser et le diffamer. D’autres activistes subissent des pressions encore plus inquiétantes. Un militant états-unien a reçu la photo d’une main avec des doigts coupés, envoyée par un compte Twitter baptisé One Coin Army. Quelque temps plus tard, un autre compte partage des images de ses proches et du domicile familial, légendées : « Ils te manquent ? ».

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    Certains ont reçu des menaces anonymes... / Crédits : Jocelyn Collages

    Les journalistes n’échappent pas non plus aux pressions. Ainsi en Norvège ou au Royaume-Uni, nos confrères qui ont enquêté pour la presse nationale sur le sujet ont reçu des courriers « confidentiels », les menaçant de procès, signés One Coin et parfois mis à exécution. Bien souvent ces lettres s’accompagnent de conseils « amicaux ». StreetPress y a eu droit. Un ancien promoteur One Coin, toujours allié de l’organisation, s’est risqué à ce jeu lors d’une conversation téléphonique :

    « Faites très très très attention à [ce que vous écrivez]. Et encore, je pèse mes mots. One Coin ne rigole plus avec ça (…) La société ne tolère plus qu’on l’attaque. »

    Interrogé plus avant sur le sens de ces menaces, il fait mine de se rétracter :

    « C’est une menace de procédure juridique, rien de plus, bien entendu. »

    L’Allemagne tacle One Coin

    En Allemagne, la brigade avec laquelle Bjorn Bjercke collabore n’est pas la seule à s’intéresser à One Coin. L’autorité fédérale de supervision financière allemande, le BaFin, est également sur leur dos et enquête depuis le printemps 2016. Cette autorité a ainsi découvert qu’à partir de décembre 2015 et jusqu’à décembre 2016, One Coin, pour brouiller les pistes, demande à ses recrues de verser l’argent à une série d’intermédiaires. Pour l’Europe, une société baptisée « IMS International Marketing Services GmbH », domiciliée en Allemagne, collecte une grande partie des fonds et les transfère ensuite sur des comptes détenus par One Coin hors du pays.

    Pour brouiller les pistes, IMS est officiellement indépendante de One Coin, mais on ne lui connaît aucun autre client. Et au total, en un an à peine, 360 millions d’euros ont transité sur les comptes d’IMS. En février 2017, après plusieurs mois d’enquête, l’organisme de régulation financière outre-Rhin, le BaFin, gèle les comptes en banque encore actifs de cette société, sur lesquels il reste tout de même 29 millions d’euros. Au mois d’avril, le BaFin interdit purement et simplement le commerce de One Coins en Allemagne. One Coin et IMS ont fait appel de ces décisions, sans que cela ne suspende l’interdiction. En parallèle, la police judiciaire allemande de Bielefeld continue son enquête dans l’ombre.

    Cet « IMS » allemand n’est que l’une des entreprises utilisées à cette époque pour collecter l’argent. StreetPress a ainsi trouvé trace de trois autres sociétés au nom et à l’activité similaire, utilisées par One Coin : un « IMS » singapourien pour l’Asie, un « IMS » tanzanien pour l’Afrique1 ainsi qu’un « IMS » britannique. L’opacité est pour One Coin une règle de vie. Impossible donc, à ce jour, de connaître les montants qui ont transité par ces différentes structures. En Angleterre, l’entreprise n’a pas respecté son obligation de déclarer ses comptes pour l’année 2015, ce qui lui vaut un gros point d’exclamation rouge sur le registre et les remontrances polies de la Chambre de commerce d’outre-manche.

    Avant déjà, des comptes clôturés

    Si à partir de 2015 One Coin met progressivement en place ce système d’IMS volontairement opaque, c’est parce que la myriade de sociétés qui, jusque là, collectaient l’argent voit déjà ses comptes en banque fermer. StreetPress a pu consulter le bilan comptable pour 2015 de l’entreprise One Network Services, l’une des entreprises qui, avant la mise en place des IMS, collectaient le cash. En un an, elle a enregistré 83 millions d’euros de rentrée d’argent, avant de passer la main.

    Au nom du secret bancaire, les banques qui hébergeaient les comptes de One Network Services et des nombreuses sociétés similaires refusent de donner les motivations des clôtures. Il semblerait que dans certains cas les autorités soient discrètement intervenues auprès des banques pour leur suggérer de clôturer les comptes. Ce n’est sans doute pas la seule raison. Ari Widell, blogueur militant finlandais, consacre à l’époque une partie de son temps libre à prévenir toutes les banques qui travaillent avec One Coin des activités du réseau. Plusieurs d’entre elles répondent en substance qu’elles vont faire « le nécessaire ».

    En Italie, 2 millions d’euros d’amende

    Les autorités italiennes ont également décidé de taper One Coin au portefeuille, mais de manière un peu différente. Depuis au moins le printemps 2016, des événements de promotion One Coin sont organisés en Italie. Selon l’autorité de régulation de la concurrence, la Autorità Garrente Della Concorrenza E Del Mercato (AGCM), « 51.923 personnes ont investi dans le One Coin en Italie ». Certaines victimes se tournent alors vers l’association nationale de défense des consommateurs qui alerte plusieurs organismes publics. C’est l’AGCM qui finalement est chargée de piloter le travail des différents services d’enquêtes mobilisés, au sein du ministère des Finances et de la Commissione Nazionale per le Società e la Borsa, le régulateur des marchés financiers italiens. Une source proche des dossiers dans plusieurs pays affirme même qu’une brigade de police étrangère aurait collaboré à l’enquête.

    Les enquêteurs assurent, dans un rapport rendu public à l’été 2017, que One Coin est une « arnaque pyramidale ». Une escroquerie donc, selon eux, puisque les consommateurs confient aux commerciaux de l’organisation des sommes importantes dont ils ne revoient jamais la couleur. En conséquence, les gendarmes du marché de la botte de l’Europe collent le 25 juillet 2017 une amende de 2 millions d’euros à l’encontre de la principale entreprise utilisée par One Coin, en Italie. Près de 600.000 € d’amendes supplémentaires sont dirigées vers d’autres entreprises moins importantes du réseau. En bonus, l’AGCM prononce une interdiction définitive de faire commerce de One Coin dans le pays. Une amende qui ne risque pas de faire chuter l’empire One Coin. A titre de comparaison, 2 millions d’euros c’est à peine les commissions touchées en 2 ans par une unique promoteur scandinave de niveau moyen avec l’entourage de laquelle StreetPress s’est entretenu.

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    Pour les autorités italiennes, le système One Coin est une gigantesque pyramide de Ponzi. / Crédits : Jocelyn Collages

    Même confrontée aux preuves accablantes réunies par les Italiens, One Coin nie les faits qui lui sont reprochés. Tout est bon pour s’en tirer et le ridicule ne tue pas : quand la sanction tombe, One Coin répond – en italien – qu’elle ne paiera pas l’amende tant qu’elle ne lui sera pas notifiée en bulgare puisque ses représentants ne parlent pas… italien. Autre argument invoqué : les malversations seraient le fait de commerciaux voyous et non de l’entreprise elle-même. Sauf que l’AGCM est très claire à ce sujet : si la promesse d’enrichissement rapide est bien le fait des revendeurs, le système One Coin lui-même réunit tous les attributs d’une « arnaque pyramidale », assurent les autorités italiennes : frais d’entrée, vente d’un produit dont il est impossible de vérifier l’existence, rémunération possible uniquement en recrutant de nouveaux membres… Comme toujours, One Coin a fait appel des sanctions prononcées. En attendant, selon plusieurs témoignages recueillis par StreetPress, One Coin continuerait clandestinement son activité en Italie.

    Encore des mallettes de billets et des Western Union

    Confrontés aux multiples fermetures de comptes en banque et de sociétés relais et aux amendes infligées à ces boites, One Coin a mis en place plusieurs systèmes qui n’ont même plus l’apparence de la légalité pour faire remonter l’argent. À partir de la fin de l’année 2016, l’ensemble des membres du réseau sont prévenus par les têtes de l’organisation. Il n’est plus possible d’utiliser des comptes affiliés officiellement à One Coin :

    « Nous croyons dans la vente directe et dans les relations personnelles de confiance. À compter d’aujourd’hui, il n’est plus possible d’acheter [des One Coin] qu’en passant par des distributeurs [des particuliers dédiés à ce rôle, ndlr]. Avec plus de 50.000 distributeurs, nous vous souhaitons un meilleur futur. »

    En clair, One Coin généralise un système déjà existant : des membres de son réseau acquièrent le statut de « distributeurs ». Ils sont chargés de collecter les « investissements » des particuliers. L’argent remonte ensuite d’échelon en échelon jusqu’en haut de la pyramide, créant ainsi une toile de comptes en banque et de sociétés écrans à cet usage, avec des antennes dans des paradis fiscaux comme les Émirats arabes unis. Pour brouiller un peu plus les pistes, l’argent transite aussi parfois via des réseaux qui baladent du liquide à travers les frontières.

    StreetPress a ainsi identifié, sur la base de témoignages de membres du réseau et de documents administratifs, une centaine de comptes en banque et de sociétés réparties à travers la planète. Jusqu’à, reconnaissons-le, nous faire perdre le fil. Avec ces nombreux intermédiaires, il est désormais difficile pour les autorités de remonter à la maison mère. Mais une des méthodes de transit d’argent utilisée par les « distributeurs » après cette annonce démontre, si besoin, l’implication de One Coin. À Dubaï, un bureau officiel One Coin permet de déposer du liquide sans justificatif. En échange, des comptes de membres du réseau sont crédités en One Coin. Un ancien membre haut placé de la pyramide explique :

    « À l’époque, on envoyait du liquide par Western Union à de pauvres immigrés anonymes aux Émirats, qui allaient le déposer pour nous dans le bureau de Dubaï et nous envoyait les [One Coins] par Internet. »

    Les enquêtes se multiplient

    Au cœur de la City, le quartier financier de Londres, on ne rigole pas avec les arnaques financières. La City of London Police s’en est faite une spécialité, à l’échelle nationale, comme son nom ne l’indique pas. Dans la plus grande discrétion, ils perquisitionnent et interpellent entre avril 2016 et mars 2017 trois personnes soupçonnées d’avoir blanchi l’argent de One Coin. Jointes par StreetPress, les autorités confirment ces procédures, mais se refusent à en dire plus sur l’avancée de leur enquête. Les suspects ont été relâchés en attente d’une décision du bureau du procureur. Selon nos informations, un quatrième individu déjà incarcéré pour avoir importé 2,5 tonnes de cannabis, pourrait être impliqué dans les réseaux financiers de One Coin dans le pays .

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    Tout autour du globe, les enquêtes se multiplient... / Crédits : Jocelyn Collages

    En Ukraine, c’est le SBU, le service de contre-espionnage du pays, qui a pris des sanctions contre 4 membres du réseau. À l’origine de la procédure, Bogdan Haustov. L’avocat se définit auprès de StreetPress comme un « militant des droits de l’Homme ». Dans son pays, en 2016, quatre promoteurs tentent de recruter jusqu’en Crimée. L’ancienne province ukrainienne a, en mars 2014, fait sécession et s’est placée, de fait, sous souveraineté russe. Bogdan Haustov transmet au SBU une série de vidéos qui prouvent le passage en Crimée de ces 4 promoteurs, qui prennent acte. Le SBU confirme à StreetPress avoir prononcé, dès le mois de juillet, une interdiction de territoire pour deux d’entre eux, et renvoie pour les deux autres à une autre administration qui n’a pas encore répondu aux sollicitations de StreetPress. Bogdan Haustov affirme que ses propres sources au sein de la police aux frontières ukrainienne lui confirment que, sur demande du SBU, les deux autres promoteurs sont également interdits de territoire pour les cinq prochaines années. « Une grande victoire », selon l’avocat :

    « One Coin est décapité en Ukraine [et mon] pays se portera beaucoup mieux sans ces individus. »

    Le pays n’est cependant pas totalement débarrassé du réseau. Ainsi, Sergey Vladimirovitch Grechsky, consul honoraire du Kazaksthan en Ukraine a cofondé en février 2016 la société One Coin World, dissoute en septembre 2017. L’homme a quelques casseroles. Il est accusé par la justice de non-remboursement d’un emprunt d’un million et demi d’euros et soupçonné par les forces de l’ordre d’avoir créé plusieurs sociétés écrans pour masquer une partie de son activité de commerce de pétrole. Son associé ukrainien continue de recruter pour One Coin.

    Au Kazakhstan, en Chine, en Inde, au Royaume-Uni et en Finlande, des procédures lancées contre le réseau One Coin ont conduit à des arrestations. Au total, selon les informations de StreetPress, des enquêtes policières sont en cours dans au moins 19 pays et plus de 60 personnes ont déjà été interpellées. Mais remonter au sommet de la pyramide est extrêmement complexe. Le premier pays à lancer un mandat d’arrêt contre la tête présumée de cette escroquerie, c’est l’Inde.

    Un mandat d’arrêt contre la cheffe

    Inde, banlieue de Mumbaï, septembre 2016. Une petite bande de One Coiners commence à développer ses réseaux dans la « petite » ville de Navi Mumbai – 1.200.000 habitants tout de même – où la fausse crypto-monnaie commence à se faire connaître. En huit mois, les 18 recruteurs collectent au moins 73.000 € d’investissements, toujours en liquide. À titre de comparaison, le revenu mensuel moyen en Inde est de 109 euros. Le 23 avril 2017, la bande des 18 organise un « séminaire » de promo où 400 personnes viennent écouter leur propagande commerciale. Dans la foule, se cache ce jour là de nombreux agents en civil. À la fin des speechs, les policiers interpellent les organisateurs.

    Ils gèlent 3,25 millions d’euros qui traînent encore sur les comptes en banque des arnaqueurs et repèrent la trace de 9.7 millions d’euros envolés. « L’unité spéciale » mise sur pieds s’occupe à temps plein de cette escroquerie qui aurait fait près de 3.000 victimes dans l’agglomération. En juillet, le dossier est transmis à la justice qui procède à 30 mises en examen et émet 6 mandats d’arrêts. Parmi eux : Ruja Ignatova, une ressortissante allemande d’origine bulgare décrite par tous les commerciaux One Coin comme la grande patronne de l’organisation. La police de Navi Mumbai n’est pas la seule à s’intéresser à elle.

    L’Allemagne piste la boss

    En Europe, une vaste enquête est en cours. Fer de lance de l’opération internationale, la PJ du parquet de Bielefeld, ceux-là même auxquels Bjorn apportait son expertise technique début 2017. Les enquêteurs allemands sollicitent l’aide du parquet de Sofia via Europol, l’Interpol européen. Ils passent à l’action en janvier 2018. Ensemble, les trois organismes perquisitionnent les sièges de 15 entreprises du réseau One Coin et les bureaux de la capitale bulgare. Ils interrogent 50 salariés du groupe et saisissent le matériel informatique, les bases de données et les disques durs censés contenir la précieuse crypto-monnaie.

    Non seulement les autorités affirment avec fermeté que One Coin est « une arnaque pyramidale massive » qui permet à un « groupe criminel international » de blanchir de l’argent, mais elles soupçonnent aussi le réseau de financer des « groupes de crime organisé et des organisations terroristes ». Outre les perquisitions, la PJ allemande demande également à ses homologues bulgares « d’effectuer des procédures et enquêtes en Bulgarie » à l’encontre des certains membres du réseau. Parmi eux, « deux femmes bulgares de nationalité allemande ». Il s’agit très vraisemblablement de Ruja Ignatova et de sa mère, Veska Ignatov. StreetPress est parti sur leurs traces en Bulgarie.

    A lire dans l’épisode suivant.

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    Sur les traces de Ruja Ignatova... / Crédits : Jocelyn Collages

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