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    14/05/2019

    Elle est porte-parole de la Marche pour la Vie

    Adélaïde Pouchol, la perle des anti-IVG

    Par Rémi Yang

    Pour descendre l’IVG, Adélaïde Pouchol s’est infiltrée au Planning familial. Toute la presse d’extrême-droite, où elle a ses entrées, applaudit. On vous présente la nouvelle coqueluche des réacs.

    Le 20 janvier, 7.400 personnes selon la préfecture – 50.000 selon les organisateurs – attendent le départ de la Marche pour la Vie. Au mégaphone, Adélaïde Pouchol conclut son discours :

    « Nous serons le caillou dans la chaussure du moralement correct ! »

    Chez les anti-IVG, Adélaïde Pouchol est un don du ciel. « Quand vous trouvez une fille avec la tête bien faite, qui sait s’exprimer correctement, et qui est prête à assumer de parler d’un sujet comme ça, c’est déjà assez miraculeux », se réjouit Emile Duport. Le boss de l’asso anti-avortement Les Survivants s’est aussi occupé de la com’ de la Marche pour la Vie : « Adélaïde n’est pas venue vers moi pour que je la coache pour les médias. Ça démontre un tempérament volontaire, fonceur. Elle sait ce qu’elle veut et elle est pleine d’ardeur ».

    Tattoo catho et enfilage de perles

    Un mois après la manif, la porte-parole de La Marche pour la Vie est attablée à la terrasse d’un café du XVe arrondissement de Paris. À l’intérieur de son poignet, un tatouage en forme de croix se dévoile lorsqu’elle se débarrasse de sa parka. « C’est les chrétiens d’Orient qui font ça. Là-bas, ils sont extrêmement menacés par l’Islam. Ils se font tatouer pour ne pas renier leur foi lorsqu’ils se font prendre en otage. Ces gens-là, je les admire », lance-t-elle, en sirotant son verre de chardonnay.

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    Adelaïde Pouchol est la porte-parole de la Marche pour la Vie. / Crédits : DR

    Adélaïde a grandi dans un milieu catho et conservateur. Ainsi la très droitière Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs actuelles et figure de proue de SOS Chrétiens d’Orient est une amie d’enfance. « Nos parents étaient copains, on jouait toutes petites à Orléans ! Il nous arrivait de nous retrouver à la messe ensemble », rembobine Charlotte :

    « On s’est retrouvées pas mal de fois dans des évènements cathos. »

    Après le bac, Adélaïde Pouchol intègre l’IPC, une école privée de philo membre de l’Union des nouvelles facultés libres. Elle y retrouve sa copine de toujours, Charlotte d’Ornellas, qui était dans la promo au-dessus de la sienne. « On avait des discussions très longues et profondes sur Aristote et tout. C’était particulier l’IPC », raconte la journaliste. « À l’époque, elle avait une passion pour les perles. Elle faisait des colliers et des boucles d’oreilles assez incroyables. »

    Un argumentaire bien rodé

    « Je suis plus audible comme je suis une femme », explique Adélaïde Pouchol, avant d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’on a bâillonné les femmes que les mecs devraient se taire. Ça les blesse aussi. Je suis consciente que c’est la femme qui porte l’enfant, mais c’est un spermatozoïde et un ovule. » La militante assure mener un combat féministe. « On marche pour le droit des femmes, celles qui sont encore contre le sein de leur mère », soutient-elle. Et tant pis pour le droit à disposer de son corps, acquis de haute lutte par les femmes.

    Adélaïde a un story-telling bien rôdé et des anecdotes à la pelle. Pour raconter la naissance de ses idées anti-avortement, elle remonte à ses années collège. « J’ai des cousins handicapés que j’adore. Quand on parlait d’avoir des enfants avec mes copines, il y en a une qui m’a dit une phrase qui m’a trop choquée : “Par contre, si j’ai un handicapé, je l’avorte.” Je l’ai pris comme une gifle dans la figure », déroule-t-elle.

    Elle passe ses années lycée en internat à la prestigieuse maison d’éducation de la Légion d’honneur, un établissement réservée aux filles descendantes de décorés. Dans sa chambre déjà, elle placarde une affiche anti-avortement. « Elle représentait un foetus dans le ventre de sa mère. Je crois que c’était écrit : “Je ne suis pas qu’un amas de cellules” », se souvient-elle. Lorsqu’elle revient dans son dortoir, un soir, elle l’aurait trouvée déchirée sur son lit. « Là je vois une fille de ma classe, les larmes aux yeux, qui avait l’air furax. Je lui demande pourquoi elle a fait ça. Elle me répond : “Ma mère a avorté, je ne veux pas voir ça”. »

    Gonzo-réac

    La messalisante est aujourd’hui rédactrice en chef adjointe de l’Homme Nouveau, un quinzomadaire catho « au service de l’évangélisation ». « Je m’étais dit qu’il y avait deux métiers que je ne ferai jamais : prof et journaliste », plaisante celle qui a enseigné le latin au Cours Saint-Martin, un collège catho tradi hors contrat. Pour servir son combat, Adélaïde Pouchol a fait de la bioéthique son sujet de prédilection. Pour un article, elle n’a pas hésité à la jouer gonzo et infiltrer le Planning familial, feignant d’être enceinte, « pour, au-delà des discours convenus, découvrir la réalité ».

    Le résultat est caricatural. Elle y découvre que « l’ambiance générale est à la revendication et la libération sexuelle » et frémit devant les affiches placardées dans la salle d’attente. La journaliste élabore plusieurs scénarios lors de ses différentes visites au Planning. Un coup, elle « affirme avoir découvert qu’elle est enceinte et ne sait que faire ». Une autre fois, elle enfile plusieurs couches de vêtements pour avoir l’air en cloque de plusieurs mois. Les comptes-rendus d’entretiens avec les conseillères de l’organisme sonnent comme une véritable pièce de théâtre, dont Adélaïde tiendrait le premier rôle. Conclusion de cette infiltration : le Planning familial est une usine à avortement, qui ne laisse pas le choix à celles qui viennent consulter.

    Habituée des médias natio’

    La coqueluche des anti-IVG n’apparaît que très peu dans les médias mainstream, faute d’invitations. Mais elle peut compter sur le soutien indéfectible des médias cathos-conservateurs et d’extrême droite où elle a ses entrées. Deux ans durant, elle assiste Daniel Hamiche dans le Libre Journal sur Radio Courtoisie. « Avec Daniel, on s’entend super bien. Je crois qu’il avait envie de me faire découvrir le monde de la radio. Il m’a demandé si je pouvais devenir la petite voix de son émission, alors je me suis dit : “Allons-y gaiement !” ».

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    Ni les grillages, ni le politiquement correct ne l'arrêtent. / Crédits : Rémi Yang

    Le fondateur de l’observatoire de la christianophobie claque la porte de la radio à la suite de sorties racistes d’Henry de Lesquen en 2014 (qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai). Adélaïde cesse alors sa collaboration avec le média. « J’étais proche de Daniel, pas de Radio Courtoisie. Les problématiques de la radio, je ne les ai même pas suivies », écarte-t-elle.

    Qu’importe, elle bénéficie d’autres tribunes : la veille de la Marche pour la Vie, elle squattait le plateau de TV Liberté. On la retrouve en interview sur Boulevard Voltaire, où elle affirme qu’« en réalité, l’avortement n’est pas le droit des femmes ». Elle est également confortablement installée dans les colonnes du Salon Beige, et apparaît dans la « gazette en ligne » catho et ultra-conservatrice, Le rouge & le noir.

    Sur le site identitaire Breizh-Info, elle ose même la comparaison entre avortement et esclavage, et se pose en libératrice des femmes. « Quand l’esclavage était légal, complètement admis et intégré en Occident, pensez-vous que les premiers à le remettre en cause ont été acclamés, compris, respectés ? ». « Je ne vois pas ce qu’il faudrait que je mesure », répond-elle quand on lui demande si ces propos ne sont pas un peu fort de café, avant de mettre de l’eau dans son vin :

    « J’ai conscience qu’une femme qui avorte le fait avec les meilleures intentions du monde. Je ne sais pas si les esclavagistes sont aussi purs dans leurs intentions ».

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