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    15/01/2021

    « Le dossier est vide. Ils n'ont rien du tout à mon sujet. »

    Victor, accusé d’avoir organisé la rave party de Lieuron dénonce un « coup de com’ du gouvernement »

    Par Clara Monnoyeur

    Le ministre de l’Intérieur s’en est félicité : quatre personnes ont été mises en examen pour avoir organisé une rave party géante le 31 décembre. Victor, l’un d’eux, dénonce un coup de com’ et un dossier vide.

    « Je ne comprends toujours pas pourquoi j’ai été arrêté », lance Victor, dépité. Le jeune homme de 31 ans est accusé d’avoir organisé la rave party du nouvel an qui a réuni environ 2.500 personnes à Lieuron (35). Mais Victor nie en bloc. Il assure qu’« aucun élément ne justifie [son] arrestation » et la saisie de son camion. Un poids lourd aménagé en logement. Pour lui, les quatre mises en examen ne seraient qu’un coup de com’ de gouvernement :

    « C’est juste pour montrer qu’on a un État avec un pouvoir fort, donc on prend n’importe qui et on les arrête ! »

    Sur Twitter, Gérald Darmanin s’est d’ailleurs félicité, mercredi 13 janvier, des « 2.000 verbalisations, 15 arrestations, et quatre mises en examen ».

    Victor est connu dans le milieu des free party. Il est le président de Média’son, une association à l’origine de plusieurs manifestations et d’une plainte collective après la mort de Steve Maia Caniço. En juin 2019, ce Nantais de 24 ans est mort noyé après une intervention violente de police sur les quais de la Loire.

    42h de GAV et saisie de ses affaires

    « J’ai été arrêté en plein déménagement » raconte Victor. Le mercredi 6 janvier, vers 16h, il quitte sa colocation située à Sainte-Luce (44) à bord de son poids lourd pour se rendre chez ses parents près de Tours (37). Après un peu plus d’une heure trente de route, vers 17h40, Victor est arrêté par deux gendarmes en civil. « Ils m’ont fait ouvrir le camion et ont saisi quasiment l’ensemble ». Il est ensuite menotté et emmené au commissariat de Rennes, à plus de 250 km de là. Après 42h de garde à vue, il est mis en examen pour « organisation sans déclaration d’un rassemblement festif à caractère musical », mais également pour « dégradation ou détérioration du bien d’autrui avec entrée par effraction », « mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence », « ouverture sans déclaration préalable d’un débit de boisson à consommer sur place », « exécution d’un travail dissimulé » et « aide à l’usage par autrui de stupéfiants ».

    Si le jeune homme reconnaît sans difficulté avoir participé à la soirée, il nie être l’un des organisateurs. Victor explique qu’il peut prouver, grâce aux témoignages de ses deux colocataires et de ses voisins, que son camion se trouvait par exemple devant chez lui le soir de la fête et qu’il n’a pas servi à l’organisation de la soirée. « C’est à moi de prouver que je dis vrai ! Normalement, ils auraient dû faire ce travail avant ! », peste-t-il.

    Un dossier « vide »

    Mais selon lui, « le dossier est vide. Ils n’ont rien du tout à mon sujet ». « C’est comme s’ils avaient tiré au sort les chefs d’accusation ! Pour les stupéfiants par exemple, ils n’ont rien trouvé, j’ai même proposé de faire un test salivaire… Mais rien. » Assisté de l’avocate Marianne Rostan, il plaide la nullité de son arrestation et de sa mise en examen et demande la restitution de ses affaires.

    En attendant, le jeune homme est placé sous contrôle judiciaire. Lui qui devait s’installer dans son camion pour y vivre est bloqué chez ses parents. « Tout ce que je veux, c’est récupérer mon camion, et qu’on me laisse tranquille », conclut-il.

    Ce samedi 16 janvier, les comités de soutien à la Maskarade, qui défendent les personnes interpellées à la rave party, appellent à participer aux rassemblements contre la loi sécurité globale qui sont organisés pour dénoncer cette politique répressive.

    Image d’illustration : Capture d’écran de la rave party de Lieuron

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