En ce moment

    05/05/2021

    « Pour nous, ce sont des poursuites politiques à la demande de la préfète »

    À Millau, 25 militants vidéo-verbalisés face à la justice

    Par Quentin Hernandez

    En 2020, 25 militants ont été verbalisés pour participation à des rassemblements interdits sur la base d’images tournées par des caméras. Le 4 mai, ils ont comparu devant la justice pour dénoncer « une forme de surveillance politique ».

    Tribunal de Police de Rodez (12) – La salle d’audience est pleine à craquer ce mardi 4 mai. 25 militants du Sud-Aveyron, assistés par trois avocats toulousains, contestent des amendes pour « participation à des rassemblements interdits » devant le tribunal de police de Rodez. Des manifestations avaient été organisées les 12 et 22 mai 2020, à la sortie du premier confinement pour « dénoncer la gestion de la crise sanitaire, qui a été catastrophique », rappelle Benoît Matéo-Sanchez, présent ce jour-là. Les deux rassemblements avaient pu se tenir dans le calme et sans que les protagonistes ne soient inquiétés par les forces de l’ordre présentes.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/photo_2.jpeg

    Les trois avocats des amendés de Millau ont plaidé l’incompétence territoriale du tribunal de police de Rodez. / Crédits : Quentin Hernandez

    C’est seulement quelques semaines plus tard que les 25 manifestants ont reçu à leurs domiciles les amendes. Des contraventions basées uniquement sur des photos et une identification par la vidéo-surveillance. « C’est comme s’il y a le braquage d’une banque et qu’ils laissent faire le braquage en étant là » s’étrangle Benoît Matéo-Sanchez, l’un des manifestants qui a reçu une amende. Pour l’avocat Julien Brel, ces prunes visent surtout à mettre la pression sur des militants opposés au gouvernement :

    « Pour nous, ce sont des poursuites politiques à la demande de la préfète. »

    Une bonne dose de politique

    Dans ce dossier, les 25 qui ont reçu ces contraventions sont d’ailleurs caractérisés par leurs activités militantes ou politiques. Benoît Matéo-Sanchez explique :

    « Ils ont mêlé une liste des municipales, la liste alternative écologique et anticapitaliste dans ce dossier où ils ont mis les photos de toute la liste alors que les trois-quarts n’étaient pas à la manifestation. »

    « On utilise les moyens d’investigation de la police judiciaire pour une forme de surveillance politique », plaide maître Delorge. L’avocat n’aura finalement pas l’occasion ce mardi de développer l’argument devant le tribunal qui s’est déclaré « incompétent d’un point de vue territorial ». L’affaire sera donc jugée plus tard au tribunal de Millau si le Ministère Public le juge nécessaire.

    Les 25 « amendés » ressortent de la salle le sourire aux lèvres. Près de 200 personnes les attendent sur un coin de trottoir devant le tribunal. Face à la foule, Benoît Matéo-Sanchez promet :

    « On continuera à dénoncer ce gouvernement qui réprime à tort et à travers tous les gens qui osent s’opposer. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/photo_3.jpeg

    Les amendés de Millau annoncent cette première victoire à leurs soutiens qui attendaient devant le tribunal de police de Rodez. / Crédits : Quentin Hernandez

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER