En ce moment

    09/09/2021

    Soirée infernale au Paradise

    « J’ai été tabassé sans raison par deux videurs de boîte de nuit »

    Par Mathieu Molard

    Début août, Yanis raconte avoir été violemment agressé par deux videurs d’une boîte de nuit des Sables-d’Olonne. Il a porté plainte et témoigne « pour que l’impunité cesse ».

    « Ça se reproduit partout dans les boîtes de nuit. On n’est jamais loin d’un drame, ça peut briser une vie. Il faut que ça cesse. » Trois semaines après son passage à tabac par deux videurs, Yanis est encore très remonté.

    La mésaventure part d’une dispute de couple en boîte, pendant la nuit du 7 au 8 août. « Un truc pas très grave », rembobine l’étudiant de 18 ans. Il est deux heures environ et le jeune couple sort du club pour discuter. « Ça s’est vite calmé, donc on a voulu rentrer dans la boîte », complète Louise (1), sa petite amie. Mais le golgoth à l’entrée du Paradise, l’établissement des Sables d’Olonne (85) où ils passent la soirée, ne l’entend pas de cette oreille. « Il voulait bien que je rentre, mais pas Yanis. » Ce dernier, un peu éméché, « mais en état de tenir une conversation normale », tente de parlementer :

    « J’ai discuté mais j’étais calme. Et d’un coup d’un seul, je suis projeté à terre par ce videur et passé à tabac. »

    Sans raison apparente deux salariés de la boîte s’acharnent sur lui, dit-il :

    « Beaucoup de coups de pied au niveau du torse et du visage… Après ça, c’est ma copine qui m’a décrit la scène parce que je suis complètement KO. »

    « Je crois que j’ai un peu crié », complète cette dernière. « Il a pris un ou deux coups de poing, mais rapidement il est tombé au sol. Ils ont continué à s’acharner. Ils l’ont frappé quatre ou cinq fois chacun. » Quand ça cesse, Louise, l’approche pour l’aider à se relever. « J’ai à peine eu le temps de l’écarter que je vois un videur qui revient avec une lacrymo et ils nous gazent. »

    Yanis sonné et aveuglé s’éloigne chancelant, appuyé sur l’épaule de sa copine. Le garçon fait une crise d’asthme. « Je ne savais pas quoi faire. Finalement, j’ai sonné à une porte et quelqu’un nous a ouvert », raconte-t-elle. Leur bon samaritain appelle la police. « Une première voiture passe, mais ils n’ont pas voulu nous aider. Ils nous ont dit qu’en gros ils avaient autre chose à faire. » Finalement un second équipage arrive et les prend en charge. « On a aussi appelé nos mamans, qui sont venues nous chercher. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/certificat_medical_itt_3_jours.png

    Le lendemain matin, Yanis se rend chez son médecin. Le généraliste constate ses blessures et déclare une incapacité totale de travail de trois jours. / Crédits : StreetPress

    Le lendemain matin, Yanis a plutôt une sale gueule. Le médecin qui l’ausculte constate « une contusion et un œdème » aux lèvres supérieures et inférieures, une marque à l’arcade sourcilière et deux plaies à la fesse qui nécessitent quatre points de suture. « J’ai été projeté sur un bout de verre qui était au sol », explique Yanis. Son généraliste déclare une incapacité totale de travail (ITT) de trois jours (2).

    « Trois semaines après, j’ai encore des migraines et des vertiges. »

    Dès le lendemain, Yanis décide de porter plainte pour « violences en réunion ». Le jeune homme a bon espoir quant aux suites qui pourraient être données à la procédure. « Les caméras du Paradise, bien sûr, ne marchaient pas ce soir-là. Mais il y a deux caméras de la municipalité qui apparemment ont filmé l’agression. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/extrait_plainte_1_1.png

    Dès le lendemain, Yanis décide de porter plainte pour « violences en réunion ». / Crédits : StreetPress

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/extrait_plainte.png

    Extrait de la déclaration de Yanis. / Crédits : StreetPress

    Si aujourd’hui il souhaite médiatiser son affaire, c’est pour obtenir justice. Mais surtout pour mettre fin à ce qu’il considère être une forme d’impunité. « On a l’impression qu’ils font ce qu’ils veulent et personne ne réagit. »

    (1) Le prénom a été modifié à sa demande.

    (2) StreetPress a pu consulter les deux certificats médicaux et la plainte.

    (3) Contacté par StreetPress, le Paradise n’a pas répondu à nos sollicitations.

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER