En ce moment

    18/09/2023

    Pan sur le bec

    La grogne des invisibles du Canard Enchaîné

    Par Lina Rhrissi

    Papier de journalistes indépendants signés par des titulaires, rémunérations à la tête du client et humiliations. Des journalistes pigistes qui écrivent pour le Canard montent au créneau. Enquête.

    « J’ai eu le sentiment que mon travail avait été saboté par mes confrères et consœurs », tonne Romain Mielcarek. Son enquête sur des véhicules blindés livrés de façon incomplète à l’Ukraine par la France, publiée dans le numéro du Canard Enchaîné du 23 août 2023 a été « saccagée ». Les engins sont qualifiés de « char », sauf que ça n’en est pas. Deux autres erreurs techniques grossières ont été ajoutées ainsi que des éléments de langage émanant de l’Élysée et non vérifiés. De quoi rendre l’information purement et simplement fausse. « Ce qui m’a le plus touché, c’est que ça pouvait mettre en péril mes relations avec mes sources militaires ! », s’agace le journaliste de 36 ans. Cerise sur le gâteau, deux confrères salariés de la rédaction se sont attribués son travail en le signant de leurs initiales…

    Pour rétablir la vérité et protéger sa réputation, le 7 septembre 2023, Romain Mielcarek publie une note de blog dans laquelle il s’insurge « qu’on s’approprie [s]on travail, qui était sourcé, maîtrisé, carré… pour en faire un gros tas de n’importe quoi ». Et publie la version initiale de son article.

    Si Romain Mielcarek a osé parler publiquement, c’est parce qu’il n’a collaboré que quatre fois avec le volatile et n’en est pas dépendant financièrement. Mais il est loin d’être le seul pigiste remonté contre le prestigieux palmipède. StreetPress s’est entretenu avec dix journalistes pigistes pour le Canard Enchaîné, collaborateurs occasionnels pour les uns, très réguliers et depuis plusieurs décennies pour d’autres. Tous ont demandé l’anonymat, car dans le petit monde des médias, les journalistes qui critiquent leurs employeurs n’ont pas toujours bonne presse. En parallèle, nos confrères d’Arrêt sur images ont mené leur propre enquête, également publiée ce lundi 18 septembre 2023.

    StreetPress a aussi contacté plusieurs membres de la direction pour entendre sa version de l’histoire. Un de ses membres éminents a d’abord répondu à StreetPress par téléphone « en off ». Tout au long de l’échange, d’un ton condescendant, il invite les mécontents à prendre la porte et minimise les dysfonctionnements :

    « D’après ce que j’ai compris, c’est un des rédacteurs en chef qui a fait l’erreur de signer, il n’y a pas de quoi en faire un drame. Je ne connais même pas ce garçon. »

    Quelques jours plus tard, le directeur général délégué et directeur de la publication Jean-François Julliard, accepte finalement de rencontrer StreetPress. Le sexagénaire poli à chemise rose nous reçoit dans l’immeuble haussmannien cossu de la rue Saint-Honoré. Assis dans son bureau spacieux, la conversation démarre sur « l’affaire Romain Mielcarek ». « C’est une erreur qu’on a reconnue comme telle. Ça s’est fait à la fabrication. Le trajet de la copie est extrêmement compliqué, avec beaucoup d’allers-retours », justifie le directeur. Rien de prémédité :

    « Quel intérêt on aurait à faire ça ? Ce n’est pas le genre de la maison de tricher avec les gens. »

    Pendant 20 minutes d’échange courtois, il explique le fonctionnement de son journal. Il reconnaît bien quelques erreurs, mais aucun dysfonctionnement structurel dans son Canard.

    Emploi fictif

    Cette fronde des petites mains intervient alors que l’institution centenaire est en crise depuis plusieurs mois. Tout explose en mai 2022. Christophe Nobili, un des trois journalistes qui a révélé l’affaire de l’emploi fictif de Pénélope Fillon en 2017, accuse son propre journal d’emploi fictif ! La compagne de l’ancien dessinateur André Escaro aurait bénéficié d’une rémunération du Canard pendant 25 ans, sans y avoir travaillé. Pan sur le bec. Le salarié porte plainte contre X et une enquête pour « abus de biens sociaux » et « recel d’abus de biens sociaux » est ouverte. En mars 2023, il raconte tout dans un livre intitulé Cher Canard (JC Lattès) et fait le tour des médias pour en faire la promotion.

    L’affaire est vécue comme une trahison. Certains ne pardonnent pas à Nobili d’avoir fait entrer les poulets dans la mare en invitant la justice à se mêler des affaires du palmipède. Le comité d’administration lance dans la foulée une procédure de licenciement contre Nobili, puis une seconde, pour avoir écrit son livre dans le dos de ses patrons. Les deux ont été rejetées par l’inspection du travail. La rédaction se déchire en deux camps irréconciliables, raconte Le Monde. Une bataille entre les modernes, ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge de la retraite, et les anciens. Des septuagénaires qui ont fait les grandes heures du journal et construit sa fortune, mais qui aujourd’hui ne veulent pas lâcher les cordons de la bourse. Car le journal est assis sur un véritable trésor de guerre : 130 millions d’euros. Il écoule chaque semaine 184.693 exemplaires en kiosque en 2021, auxquels il faut ajouter 88.600 abonnés papiers et 13.380 numériques. Même si, en raison de la hausse du papier et de la crise de Presstalis (la structure chargée de la distribution des journaux), ses comptes étaient pour la première fois en 2020 légèrement dans le rouge.

    Vol de sujets et mépris du travail d’enquête

    Le journaliste indépendant Romain Mielcarek, spécialiste des questions militaires et auteur d’un ouvrage sur les espions russes en France (Les Moujiks, éditions Denoël, 2022), est loin de toutes ces bisbilles internes quand, en avril 2022, il vend sa première pige au Canard Enchaîné. Mais très vite, il est confronté aux dysfonctionnements du journal.

    « Ma première enquête a déjà été signée par le journaliste qui m’a pris la commande », rembobine le pigiste. Quand il signale le couac, le titulaire se défausse sur une secrétaire de rédaction. Romain Mielcarek laisse couler. Un autre élément le chiffonne : « À chaque fois que j’ai fait un article, ils avaient fait plein de jeux de mots sur le langage militaire qui donnait l’impression que l’auteur n’y connaissait rien ! »

    C’est la marque de fabrique du journal, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de l’information. « C’est incompréhensible qu’un journal de ce niveau-là puisse avoir des pratiques professionnelles autant en décalage avec les bases de la rigueur », tacle Mielcarek.

    « Leur truc, c’est de voler les sujets, les payer moins bien que prévu, ne pas les faire relire, et prétexter que c’est la faute de la secrétaire de rédaction quand il y a une erreur. En réalité, c’est parce qu’ils n’en ont rien à foutre ! », juge Charles (1), qui en 10 ans, a lui aussi eu droit à son lot de mésaventures. Même s’il a fini par claquer la porte, il refuse de voir le détail de ses griefs publiés, de peur d’être identifié.

    Les « Jérôme Canard »

    La plupart des pigistes n’ont en fait jamais vu leur signature dans le palmipède, contrairement aux journalistes en poste. Ils partagent en général le pseudo Jérôme Canard. Tandis que les indiscrétions politiques délivrées dans la « Mare aux Canard », page 2, sont carrément dépourvues d’auteurs. Une tradition censée protéger les journalistes qui travaillent pour d’autres médias, et qui se justifie dans certains cas. « Pour un pigiste qui vit de sa signature, c’est particulier. C’est un journal qui a des habitudes un peu datées », concède la journaliste indépendante Julia (1), qui fait partie des pigistes les plus satisfaits de leur collaboration avec le journal.

    Confrontée au « mépris » de son employeur, Bianca (1), 47 ans, pigiste pendant 17 ans au Canard Enchaîné, a failli « changer de métier ». « Je n’avais pas le droit d’avoir mon nom dans le journal alors que je le remplissais toutes les semaines », souffle-t-elle. Autre particularité du Canard : chaque pigiste deal avec un « officier traitant » qui lui-même rend compte au rédacteur en chef. « Au début, ça se passait très bien. Mais au fil des années, plus j’étais compétente, moins il reconnaissait mon travail. C’est comme si on voulait me détruire de l’intérieur. »

    Ces vexations répétées l’ont, elle aussi, poussé à claquer la porte et elle vend désormais ses enquêtes à d’autres rédactions. Il y a par exemple cette fois où Bianca révèle le braconnage d’une espèce animale dans une région éloignée de Paris. Elle a longuement enquêté sur ce sujet qu’elle maîtrise bien. Un matin, avant la publication, son officier traitant l’appelle pour lui demander si elle est sûre… Un des chefs a une maison de campagne dans le coin et il ne la croit pas ! « C’était dystopique », hallucine-t-elle encore. Pour l’ex-contributrice :

    « Les membres de la rédaction ont été recrutés à une époque où ils étaient d’excellents journalistes. Mais comme ils sont très peu et ne font que traiter des pigistes qu’ils considèrent comme leurs informateurs sans aller sur le terrain, ils ne se remettent plus en question. »

    Jean-Yves Viollier, 69 ans, salarié du Canard Enchaîné de 1997 à 2012 n’est « pas du tout surpris ». L’ancien journaliste, qui a pris ses cliques et ses claques parce qu’il trouvait la direction trop coulante avec Nicolas Sarkozy, a publié en 2013 le roman satirique Un délicieux canard laquais (éditions du Toucan), dans lequel il dénonçait déjà les dérives de l’hebdo. « C’était un lieu censé être libertaire qui est devenu une tyrannie absolue. » À son époque, dit-il, la mécanique était déjà en place. « Des journalistes avaient des chasses gardées et ne voulaient pas que d’autres viennent sur leurs plates-bandes, donc ils rebâtissaient l’info tout en la signant. » Selon lui, l’absence de signature est « une humiliation et une façon d’avoir des gens corvéables à merci ».

    Le groupe WhatsApp

    « Comme on était très isolés les uns des autres, je pensais que j’étais nulle sans comprendre que j’étais dans une sorte de maltraitance », estime Bianca. Le 2 décembre 2022, la journaliste Camille (1) qui pige épisodiquement pour le Canard, a l’idée de créer un groupe WhatsApp. « À force d’entendre exactement les mêmes histoires de pigistes, je me suis dit qu’on allait tous se parler pour que les gens puissent se dire : ça ne vient pas de moi, c’est un fonctionnement. » La conversation vient un peu rompre – au moins virtuellement –, l’isolement. Une quarantaine de pigistes, sur la centaine qui collaborent avec le journal, la rejoigne progressivement.

    « Ça nous a permis de comprendre que le Canard est condescendant et nous prend vraiment pour des merdes précaires, alors qu’on a potentiellement choisi notre situation », abonde Valérie (1), journaliste indépendante qui a révélé plusieurs affaires de détournements de fonds. « De plus en plus de pigistes du même média se réunissent dans des groupes. Des questionnements autour du traitement des pigistes qui sont des variables d’ajustement, il y en a un peu partout », nuance Julia pour qui l’herbe n’est pas tellement plus verte ailleurs.

    Des rémunérations à la tête du client

    En échangeant, les pigistes découvrent qu’ils partagent un constat commun : les rémunérations sont à la baisse et se font à la tête du client. Comme Marine (1), qui découvre sur sa fiche de paie avoir été payée 125 euros le feuillet (1.500 signes) un mois puis 52 euros le suivant. Car au Canard, le montant de la rémunération d’un article se déciderait après sa réception, en témoigne cet échange de SMS que StreetPress a pu consulter. Martin, (1) journaliste trentenaire, propose sa première pige à l’un des rédacteurs en chef adjoint du Canard. Il demande logiquement combien il sera payé pour son travail. Son interlocuteur lui répond :

    « Ce sera fonction (sic) de la qualité du papier. »

    Quand Martin lui rétorque qu’un prix doit être convenu à la commande, l’oiseau à plume écrit :

    « Ok. Alors arrêtons de discuter, le Canard fonctionne comme ça depuis plus d’un siècle, je ne peux pas changer la règle. »

    Interrogé, Jean-François Julliard nuance : « Ce n’est pas à la tête du client, c’est à la qualité de l’info. Contrairement à beaucoup de journaux, on n’a pas de tarif fixe parce que notre exigence c’est l’inédit. Et puis, vous avez d’excellents journalistes qui sont très bons sur un sujet et sur l’autre, ne sont pas bons. »

    Si beaucoup ont longtemps accepté ce système de rémunération discrétionnaire, c’est parce que dans un paysage médiatique en mauvaise santé, le Canard à la réputation de payer plutôt bien. C’est d’ailleurs la carte que va jouer, avec un brin de mépris, le cadre du Canard qui nous a répondu en off :

    « Dites-moi combien vous êtes payée ? Ça suffit, il faut arrêter de faire des histoires avec des trucs qui n’ont ni queue ni tête. Ils sont très très bien payés. »

    Camarades Canard

    La grogne sociale est aussi portée entre les murs de la rédaction du très chic 1er arrondissement de Paris. Christophe Nobili, 52 ans – un jeunot pour le Canard – a de son côté créé en décembre 2021 la première section syndicale de l’histoire du journal, rejoint par la moitié de ses collègues en CDI qui prennent leur carte au SNJ-CGT. Comme il le raconte dans Cher Canard, le détective l’a lancé pour se protéger avant de déposer sa plainte et devenir officiellement « lanceur d’alerte ».

    Reste que, depuis, lors des tous nouveaux Comité Social Économique (le CSE est l’instance de représentants du personnel dans une entreprise), les fringants représentants du personnel ont fait des conditions de travail des pigistes leur cheval de bataille. Contacté par StreetPress, Christophe Nobili se dit « choqué » par la mésaventure de Romain Mielcarek. Il explique qu’en créant sa section syndicale, il a rapidement eu des retours sur le malaise des pigistes, notamment « sur le paiement complètement discrétionnaire, à la tête du client. » D’après Nobili, il y a au Canard quelques pigistes de luxe et les autres « qui ne sont pas valorisés comme ils devraient l’être ». Sa section syndicale a déjà obtenu une victoire pour les pigistes : la prime d’ancienneté rétroactive sur trois ans. Et la direction a embauché pour la première fois une responsable des ressources humaines censée la mettre en place.

    Rencontre au sommet et promesses non tenues

    Les pigistes vont-ils enfin avoir voix au chapitre ? Le 24 mars 2023 après une lettre collective de pigistes astucieusement signée « Jérôme Canard », la chefferie a en tout cas accepté de recevoir quatre d’entre eux, accompagnés de deux délégués élus du personnel, pour dialoguer en vue d’améliorer leurs relations. Du jamais vu ! StreetPress a pu consulter le compte-rendu de la réunion. Ainsi, pour justifier des différences de paiements inexplicables, le rédacteur en chef Erik Emptaz, 74 ans, a lancé, en parlant des Dossiers du Canard, des hors-série trimestriels : « Il y en a qui sont (…) tout à fait à côté de la plaque, ça peut aller jusqu’à du Wikipédia réécrit. » Le très tranchant président Nicolas Brimo, 72 ans, en a rajouté une couche :

    « On a aussi des bonnes œuvres. »

    Comprendre des journalistes incompétents qu’on fait bosser par charité. Concernant les modifications de dernières minutes sans prévenir qui entraîneraient des erreurs, le directeur Jean-François Julliard, 63 ans, finit par admettre qu’il y a eu de sa part « des lacunes au niveau [de la gestion] des collaborateurs extérieurs. » Les quatre porte-parole des pigistes rentrent chez eux avec un sentiment doux-amer et la promesse, non tenue, de se revoir en mai.

    Le dialogue social ne fait pas vraiment partie de la culture de la maison. Le directeur Jean-François Julliard assure certes à StreetPress qu’une prochaine réunion se tiendra bien. Mais, en off, le responsable du Canard qui nous a répondu écarte d’une phrase les revendications des pigistes :

    « Si certains pigistes se plaignent, faut qu’ils arrêtent de collaborer avec le Canard. »

    Dernier rebondissement en date, le lundi 11 septembre 2023, la SNJ-CGT publie un communiqué pour dénoncer le traitement subi par Romain Mielcarek. Et pour démontrer que le vol de signature n’est pas anecdotique, le syndicat publie un mail accablant datant du 7 septembre 2023 entre un pigiste et une journaliste du Canard. « Je veux poser les choses très clairement. Si les docs sont suffisamment étayés, nous pouvons te rémunérer pour les infos au prix d’un article, mais c’est nous qui écrirons sous notre plume et donc en signant de nos noms car nous devrons contacter le Ministère […]. » Jean-François Julliard reconnaît une fois de plus, une erreur. « Il est arrivé que le pigiste qui apporte une info demande à ne pas passer les coups de fil et ne pas signer parce qu’il travaille dans d’autres journaux ou qu’il a vraiment un lien particulier avec la source. Là, les commanditaires ont considéré comme acquis ce cas de figure, d’où cette phrase maladroite », tente de justifier le directeur.

    Le communiqué publié par le SNJ-CGT ne fait pas l’unanimité chez les journalistes indépendants qui écrivent pour le Canard. Notamment parce que le mail aurait été publié sans l’accord du pigiste concerné qui était en train d’en discuter avec son officier traitant

    « Les pigistes, qui ont de vraies revendications, ont la hantise de passer pour des téléguidés par Nobili », analyse l’ancien collaborateur, Charles. C’est d’ailleurs le bruit que fait courir la direction. « Le problème, c’est qu’ils sont totalement extérieurs à la rédaction et que le syndicat est la seule structure à faire avancer leur cause », complète Charles. Pour le journaliste aguerri, une chose est sûre : « Il y a un grand sentiment de tristesse de gens qui ont grandi avec le journal, ont respecté l’institution et sont écœurés par ce que la direction en a fait. »

    « C’est un journal qui rend fou ceux qui en rêvent », abonde Bruno (1), 56 ans, pigiste de très longue date du Canard :

    « J’ai des amis pigistes qui ont beaucoup souffert parce que c’était le titre de tous leurs fantasmes journalistiques. On ne t’a jamais rien promis, mais tu acceptes de devenir invisible aux yeux des autres rédactions. Et tu te retrouves méga cocu au bout de 20 ans de collaboration. Avec l’envie de te flinguer. »

    (1) Les prénoms ont été changés.

    Illustration de Une par Caroline Varon.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER