AU PROGRAMME DE CETTE NEWSLETTER :
• L’ARTICLE DU MOIS : Louis de Raguenel, journaliste-communicant et maillon clé du système Bolloré
• ALBUM DE FAMILLE : Prières islamophobes, anti-avortement et cours sexistes, bienvenue dans une école d’extrême droite
• BRUIT DE COULOIR : Comment Marion Maréchal Le Pen a essayé de manger le groupe parlementaire de Ciotti
• INFLUENCEUR DU MOIS : Jérôme Bourbon à nouveau devant les tribunaux (avec Pierre Hillard)
Edito :
Bonne année (malgré tout),
L’année 2025 s’annonce pleine d’incertitudes. À peine nommé, le gouvernement Bayrou est déjà menacé de censure. Et si la chute du gouvernement intervient après le 7 juillet, elle pourrait s’accompagner d’une dissolution. Chacun se prépare à cette hypothèse. Du côté du Rassemblement national (RN), on travaille d’ores et déjà activement au renouvellement des candidats pour présenter un cheptel débarrassé des “brebis galeuses”. Le parti d’extrême droite prépare en parallèle les municipales de 2026, avec dans le viseur plusieurs villes du Sud (Toulon, Sète, Martigues…) et quelques-unes dans le Nord (Liévin, Wattrelos…). Plusieurs dizaines de villes de plus de 10.000 habitants pourraient tomber dans l’escarcelle du RN.
À StreetPress, on se prépare également. En cas de dissolution l’extrême droite nous retrouvera encore une fois sur sa route. Et nous serons plus forts encore. Vous êtes ce mardi matin plus de 5.400 à avoir rejoint le Club StreetPress. Ça nous permet d’envisager l’année sur des bases (financières) solides. C’est aussi, une communauté forte qui pourra se mobiliser dans la bataille contre l’extrême droite.
Merci, et bonne année 2025
Article du mois :
Louis de Raguenel, journaliste-communicant et maillon clé du système Bolloré
Avant, Louis de Raguenel travaillait au ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, cet ancien communicant s’affirme comme un maillon essentiel du système réactionnaire mis en place par Vincent Bolloré. Rédacteur en chef politique et police-justice au sein d’Europe 1, il a aussi son rond de serviette sur le plateau de CNews. Durant toute l’année 2024, les téléspectateurs ont pu le voir au moins 179 jours à l’antenne. Raguenel codirige en plus depuis l’été dernier la rédaction du JDNews, le nouvel hebdo qui rassemble le gratin de la haine, contrôlé aussi par Bolloré. Le milliardaire d’extrême droite, qui ne cache pas son interventionnisme au sein des médias qu’il contrôle, appellerait régulièrement son jeune poulain pour lui transmettre conseils et consignes. Louis de Raguenel peut se targuer d’un certain nombre de scoops mais ses détracteurs pointent également ses liens avec l’Intérieur, des barbouzes ou des États étrangers.
F.L
Album de famille
Prières islamophobes, anti-avortement et cours sexistes, bienvenue dans une école d’extrême droite
À genoux sur un prie-dieu, 150 chrétiens assistent à la messe tridentine. Les chants sont en latin. Les femmes portent une jupe longue. Sur sa chaire, l’aumônier prêche le devoir d’évangéliser « par la prière et le sacrifice » : Bienvenue au château de Cressia, dans le Jura. Ces familles comptent parmi les 15.000 fidèles Français de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, une communauté catholique intégriste. Elles se retrouvent le dimanche dans la chapelle flambant neuve du domaine, dont les quatre millions d’euros de constructions ont été financés par les dons. La semaine, leurs filles étudient dans les vieux murs de cette forteresse du 13e siècle. Car le château est avant tout une école. « Un établissement aux valeurs familiales », où « les élèves ne sont pas malheureuses », selon une religieuse-enseignante, rencontrée à la sortie de la messe.
Claire et Lucie en gardent un souvenir différent. Toutes deux scolarisées au Cours Notre-Dame de l’Annonciation de Cressia il y a moins de dix ans, sous la tutelle des Dominicaines de Fanjeaux. Ces religieuses ont rompu avec le Vatican après sa modernisation dans les années 1960. Depuis, la congrégation rachète des lieux historiques – le château de Cressia en 1985 – pour y ouvrir des écoles et mener à bien son sacerdoce éducatif. La « qualité première » demandée aux élèves est la « docilité », écrivent sur leur site officiel les Dominicaines, qui entendent « graver le nom de Jésus au cœur de l’enfant » et « préparer [les filles] à leur mission de femme chrétienne ». Soit un enseignement misogyne et réactionnaire qui échappe au contrôle de l’État.
J.C
Bruit de couloir
Comment Marion Maréchal Le Pen a essayé de manger le groupe parlementaire de Ciotti
Tel l’enfant prodigue, Marion Maréchal Le Pen est revenue au bercail à la faveur des dernières élections législatives. Bien qu’elle n’ait pas repris sa carte au Rassemblement national, elle a négocié pour ses proches quatre sièges à l’Assemblée et compte, selon Mediapart, au moins deux autres fidèles sur les bancs du Palais Bourbon. Tout ce petit monde a un temps envisagé de siéger au sein du groupe d’Éric Ciotti (UDR). « Et Marine Le Pen y était plutôt favorable », assure une source à StreetPress. C’est Ciotti, pourtant en quête de parlementaires pour compléter son groupe, qui s’y serait opposé. Le Niçois craignait de se faire phagocyter de l’intérieur par le clan Maréchaliste. Bien vu, c’était semble-t-il le projet !
Mat.Mo
C’est arrivé près de chez vous
Némésis s’intéresse à StreetPress et révèle… des infos publiques
StreetPress aurait dû s’en douter. À force de publier des articles sur ses militantes recrutées par des députés RN, leurs petits arrangements avec la réalité ou leurs relations houleuses avec des journalistes, les militantes fémonationalistes de Némésis ont décidé de se pencher sur notre rédaction. C’est de bonne guerre ! « Plongez avec nous dans le grand écart idéologique de StreetPress », prévient l’ancienne assistante parlementaire RN Nina Azamberti (épinglée ici par nos soins). Après une présentation du fondateur de StreetPress Johan Weisz, ce qui a occasionné quelques commentaires antisémites des aficionados de l’asso d’extrême droite, la « plongée » est une énumération de différentes aides financières versées au fil de la dernière décennie à StreetPress par, en vrac, l’État, le CNC ou la fondation Open Society. Des infos « croustillantes » selon Némésis qui sont disponibles… dans nos propres rapports d’impact. Un document qui détaille nos sources de dépenses et de revenus publié en toute transparence par StreetPress depuis 2020. Le dernier est à retrouver ici.
C-C.G
Malgré une interdiction, les identitaires défilent à Nancy, avec des saluts nazis
Aurora Lorraine, groupuscule identitaire nancéien, voulait commencer l’année en récupérant un événement historique datant de 1477 : la bataille de Nancy, à l’origine de l’indépendance de la Lorraine. La préfecture a décidé d’interdire leur marche aux flambeaux, mais aussi la contre-manifestation antifasciste organisée par plusieurs partis de gauche au même moment. Le groupuscule identitaire a bien tenté un recours au tribunal administratif – soutenu par l’Asla, l’association identitaire spécialisée dans les procédures judiciaires dont on vous a déjà dressé le portrait. Sans succès. Les identitaires se sont donc incrustés au rassemblement régionaliste organisé tous les ans le 5 janvier. Les forces de l’ordre leur ont confisqué leurs flambeaux à leur entrée sur la place où avait lieu le rassemblement, mais cela ne les a toutefois pas empêchés d’effectuer quelques saluts nazis, un grand sourire aux lèvres.
D.D
Lyon 3 annule une conférence sur l’extrême droite
En novembre, StreetPress devait participer à une conférence organisée par le collectif féministe de l’université Lyon 3 Alyon Nous. La fac, qui a longtemps été un bastion d’extrême droite hébergeant des enseignants négationnistes, a fait l’objet d’une commission d’enquête ministérielle dans les années 2000 sur le racisme et le négationnisme en son sein. Une semaine avant la conférence, la direction a annoncé son annulation à l’association, officiellement pour « raisons de sécurité » suite à des manifestations sur le campus. Alyon Nous l’a reprogrammée au 30 janvier.
D.D
Bastons, chasse aux nazis et pinte de bière : vie et mort du Saint Sauveur, le bar antifasciste de Paris
Ce samedi, le bar emblématique de l’antifascisme parisien a définitivement fermé ses portes. StreetPress en a profité pour retracer l’histoire de ce lieu où « toutes les mouvances de l’extrême gauche s’y retrouvaient ».
C.M
Influenceur du mois
Jérôme Bourbon à nouveau devant les tribunaux (avec Pierre Hillard)
Le 18 décembre dernier, le patron du journal antisémite Rivarol Jérôme Bourbon et l’écrivain un temps proche de Soral, Pierre Hillard sont passées au tribunal de Paris pour provocation à la haine à la suite d’une plainte de la Licra. Ô surprise, c’est en raison de propos antisémites tenus par les deux hommes à l’été 2021 dans deux vidéos du site Le réveil des moutons, un média complotiste d’extrême droite. Obsédé par la religion juive, déjà condamné à de multiples reprises pour négationnisme, Jérôme Bourbon y a notamment déclaré que « le monde entier » serait « à genoux devant ce lobby puissant et nocif ». Ou que ce serait « toujours dans les périodes de relâchement moral, d’apostasie, d’absence de repères moraux, de perte de la foi, qu’ils sortent du bois, que leur domination devient absolument écrasante, tyrannique, insupportable ». Pierre Hillard, lui, déplore même que les catholiques aient commis « une épouvantable erreur », à savoir : « Laisser la gestion de la finance au milieu juif et protestant, c’est-à-dire à nos ennemis qui utilisent cette arme à nos dépens. » Comme le procès a été renvoyé au 2 avril prochain, ils n’ont pas eu l’occasion d’enfiler les clichés devant la justice.
C-C.G
Lu ailleurs :
Comment la Russie se sert d’agents provocateurs néonazis en Europe
Nos confrères de Mediapart publient une longue enquête retraçant le parcours de quatre agents provocateurs téléguidés par le Kremlin qui seraient derrière une série d’opérations de vandalisme en France. Certaines très médiatisées, comme celle des « Mains rouges » peintes sur le Mémorial de la Shoah à Paris en mai 2024 ont été très instrumentalisées par la droite et l’extrême droite française. Tatouages néonazis, t-shirts à la gloire d’Adolf Hitler, saluts nazis… Il y a peu de doutes quant à l’idéologie de ce quatuor de Bulgares, qui seraient des « proxies » (relais) des services de renseignements russes, utilisés en France, mais aussi en Suisse, ou en Allemagne, pour déstabiliser les pays où les espions russes naviguent moins facilement.
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