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    05/09/2025

    La scène a été filmée

    À La plaine Saint-Denis, un policier gifle un jeune puis lui crache au visage

    Par Lisa Noyal

    Lors d’un contrôle de police jeudi 28 août 2025, un policier a été filmé en train de gifler un jeune de 19 ans à La Plaine Saint-Denis (93) avant de lui cracher dessus.

    La Plaine Saint-Denis (93) – La scène est filmée depuis un appartement situé en surplomb. Sur la vidéo, on voit un jeune homme, calme, coincé entre un grillage et deux policiers. La conversation n’est pas audible. Au bout de quelques secondes d’enregistrement, l’un d’entre eux le gifle si fort qu’on entend le bruit résonner. Ses collègues autour de lui ne réagissent pas : l’un regarde son téléphone, l’autre fait des va-et-vient sur le trottoir. Puis, le même policier crache sur le jeune homme. Là encore, on entend le bruit avant que le jeune homme s’essuie le visage d’un mouvement de bras. Pour finir, le policier tape du pied dans un objet au sol qui se retrouve derrière la grille. Les forces de l’ordre tournent finalement les talons et laissent le jeune, sans procéder à son interpellation. La vidéo se coupe.

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    Sur la vidéo, on peut voir l'un des policiers mettre une claque à l'homme en face de lui. / Crédits : Vidéo postée sur les comptes Instagram @aly.diouara et @maire_des_banlieusards

    Les faits se seraient déroulés dans l’après-midi du jeudi 28 août 2025, et filmés par une mère de famille depuis un appartement situé juste au-dessus de la scène. La femme à l’origine de la vidéo n’a pas souhaité s’exprimer, par peur des représailles. Mais c’est seulement ce vendredi 5 septembre 2025, que la vidéo est relayée sur la page Instagram « Maire des banlieusards », tenue par Salim Dabo, président de l’association Univers Project. « Le jeune avait tellement peur qu’il a attendu une semaine avant de me l’envoyer », rapporte ce dernier à StreetPress. Selon le militant, Sami (1), 19 ans, aurait été acculé puis frappé après avoir demandé aux fonctionnaires, qui interpellaient deux de ses camarades, d’y aller doucement.

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    L'un des policiers crache ensuite au visage de l'homme. Ce dernier s'essuie ensuite le visage avec sa manche. Puis, les policiers s'en vont calmement. / Crédits : Vidéo postée sur les comptes Instagram @aly.diouara et @maire_des_banlieusards

    Toujours selon Salim Dabo, la victime sort de ce contrôle « traumatisée », et appréhende désormais de devoir se confronter de nouveau aux mêmes policiers en sortant dans la rue. Salim Dabo lâche :

    « Il a tellement peur qu’il ne veut pas porter plainte… »

    Suite à la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux, une enquête administrative a immédiatement été ouverte, a annoncé la préfecture de police. Le parquet de Bobigny a déclaré ouvrir une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique », et a précisé « l’identification de la patrouille de police et du policier concernés sont en cours », selon France Info. Le parquet n’a cependant pas donné de précision sur les lieux ni la date des faits.

    D’autres accusations de violences

    Selon Salim Dabo, le fonctionnaire de police ferait partie de l’unité N26. Le président de l’association Univers Project explique avoir lui-même déjà eu à faire à eux. En janvier dernier, il aurait été violemment interpellé pendant qu’il organisait une maraude dans le quartier de la Plaine. Salim, placé en garde à vue, accuse ensuite les policiers de l’avoir frappé au sein de sa cellule.

    Un mois après, le 27 février 2025, des mères de ce même quartier organisent un rassemblement pour dénoncer le harcèlement policier contre les adolescents, rapportait le Bondy Blog, qui avait couvert la manifestation.

    « Ces violences systématiques et systémiques, je les dénonce depuis des mois », s’insurge également Aly Diouara, député France Insoumise (FI) de la 5ème circonscription de la Seine-Saint-Denis. L’élu a relayé la vidéo sur ses réseaux sociaux en qualifiant la scène « d’insupportable ». Il déclare avoir saisi le procureur de la République de Bobigny au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale : « Ce sont de véritables violences que subissent de nombreux concitoyens non-blancs. »

    (1) Le prénom a été modifié.

    Contacté le service communication de la police nationale n’a pas souhaité répondre à StreetPress, indiquant qu’il s’agissait du ressort de préfecture de Police.

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