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    08/03/2011

    C'était celui-là le vrai procès du lundi 7 mars

    Procès Michaël Youn: Plus fort que Chirac, FatBaz a joué « la responsabilité »

    Par Maud de Bourqueney

    Lundi Michaël Youn comparaissait devant la XVIème chambre du Tribunal correctionnel de Paris pour une altercation avec les forces de l'ordre. L'animateur n'a pas montré ses fesses à la juge mais a reconnu « s'être emporté » et s'est excusé.

    Lundi – 13h30. Tribunal correctionnel de Paris. Alors même que Jacques Chirac séchait sa première journée d’audience dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie Paris et tentait un énième recours – son avocat Me Jean-Yves le Borgne a soulevé une question prioritaire de constitutionnalité invoquant la prescription – un tout autre personnage se présentait sagement devant « Mme la présidente » de la XVIème chambre correctionnel du tribunal de Paris. Michaël Youn, le vilain garnement de la télé, comparaissait pour outrages et violences sur des officiers de police.

    Discret Pas de journalistes en masse, seulement quelques photographes à la sortie – la mauvaise d’ailleurs. Dans une salle étroite, au milieu d’anonymes convoqués pour le même type d’infraction, Michaël se fait discret. Un peu à l’écart, il discute avec son avocat en attendant son tour. Sur les 7 auditions de la journée, Youn est le seul qui ne demande pas de renvoi.

    2 jours d’ITT Loin de toute attitude provocante, l’humoriste, redevenu Michaël Benayoun, écoute poliment « Mme la présidente » lui rappeler les faits. Ce soir du 6 septembre 2010 où, près de son domicile dans le 18ème arrondissement, il a voulu déplacer son scooter pour laisser sa femme se garer et où quatre policiers l’ont interpellé pour conduite sans casque et en sens interdit. « Les choses se sont vite envenimées » raconte la présidente. Les policiers lui réclament ses papiers qu’il va chercher chez lui en les traitant de « bons-à-riens ».

    Puis il apprend que la police veut lui retirer les points du véhicule. Il aurait alors balancé la portière de la voiture de police sur l’épaule d’un policier assis à l’intérieur. « L’interpellation s’est déroulée de manière un peu… véhémente » décrit la présidente. Les policiers l’aurait plaqué sur une grille et embarqué de force dans le véhicule. Une policière aurait tenté de lui mettre la ceinture et se serait pris des « coups de pieds violents » en retour. L’altercation aurait continué jusque dans l’ascenseur du commissariat. Résultat : 2 jours d’ITT (Incapacité totale de travail) pour le policier et la policière agressés mais aussi pour Michaël Youn qui a porté plainte auprès de l’IGS (Inspection générale des services). Sans suite.

    L’interpellation s’est déroulée de manière un peu… véhémente

    Défense Au tour de Michaël. Les cheveux mi-longs, plaqués en arrière, l’humoriste aurait pu se la jouer ado rebelle, mais non, il prend une petite voix de gamin penaud et démarre : « Je reconnais m’être emporté et je m’excuse auprès des fonctionnaires de police qui ont pu se sentir blessés». A la question. «Vous ne reconnaissez toujours pas vous être rebellé ? » Il répond naïvement « J’étais turbulent, oui, mais je me suis laissé interpeller ! ». La juge le toise, sceptique, du haut de ses lunettes.

    Il raconte sa version : sa colère n’était tournée que vers le chef de l’équipe. « Si j’ai réagi comme ça, c’est parce qu’il m’a humilié devant ma femme et mes voisins ». Le chef aurait eu une attitude « condescendante » avec lui. Il cite « Vous faites moins le mariole maintenant, hein ? Vous allez enfin pouvoir fermer votre gueule » – Michaël Youn a bien préparé sa défense : les seuls mots grossiers qu’il prononce sont ceux du policier. « Ce n’est pas parce je suis connu que je suis au-dessus des lois, d’accord. Mais ce n’est pas parce je suis connu que je suis en-dessous du respect dû à tout-un-chacun».

    6 mois avec sursis Les coups à l’égard de la policière dans la voiture ? « J’étais étranglé, serré à la glotte, et on m’a collé la tête sur une vitre, donc, forcément, je me suis débattu». Il affirme : « je ne suis pas de nature violente ». Le procureur qualifie néanmoins ce type de réaction de « non tolérable », elle réclame 6 mois avec sursis et 2.000 € d’amendes, en dépit de l’accord conclu quelques jours auparavant entre l’accusé et les policiers – absents à l’audience. « Sa présence aujourd’hui vous montre que c’est quelqu’un qui prend ses responsabilités » plaide l’avocat. Ce n’est pas le cas de tous les accusés du lundi 7 mars.

    bqhidden. Si j’ai réagi comme ça, c’est parce qu’il m’a humilié devant ma femme et mes voisins

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