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    16/03/2010

    Autopsie du fusible obamesque de François Bayrou

    Mais qui a « piégé » Alain Dolium ?

    Par Robin D'Angelo

    Lorsque tard dimanche soir, Alain Dolium pique une crise contre les médias qui l'ont « piégé » et enfermé dans le rôle du Black des régionales, le candidat malheureux du Modem en Île-de-France se trompe de cible.


    Vidéo – 22h50 : Alain Dolium explose et s’en prend aux médias

    Dimanche 22h50. Alain Dolium rentre épuisé au QG du Modem après plus de 2 heures de plateaux radio et TV. Plus aucun média pour l’attendre hormis StreetPress et une journaliste de LCI qui lui demande, face caméra, s’il n’a pas échoué « à convaincre les ultra-marins » (vidéo ci-contre). « D’accord … Vous pensez que j’ai la tête d’un candidat qui veut circonscrire son action aux ultra-marins ? ». 

    Dolium démarre au quart de tour et explose contre la presse qui l’a présenté « comme le Barack Obama français » et qui a fait ses « choux gras sur sa campagne, présentée comme atypique car menée par un homme de couleur ».

    Très énervé, il termine : « Maintenant que je connais les règles, je ne me ferai plus piéger ! Vous m’avez expliqué le jeu, très bien j’ai compris ! »

    Intronisé par Bayrou comme le black des régionales 

    Problème : ce ne sont pas les médias qui ont piégé Alain Dolium. Ils n’ont fait qu’embrayer le pas à un François Bayrou qui avait, le premier, intronisé Dolium comme le Black des régionales. Le patron du Modem avait parlé « d’un coup » avant de dévoiler la candidature du tête de liste noir. Puis il avait ajouté qu’Alain Dolium était «  un très bel exemple de ce qu’on devrait faire dans la société française ». Il avait aussi parlé de « l’audace de présenter sa candidature » à la tête de la plus importante région de France.

    « Audace », « coup », « exemple », difficile de croire qu’Alain Dolium ne soit pas là à cause de sa couleur. D’autres partisans le présentent même comme une bête de foire. « Alain Dolium est-il le nouvel Obama français ? Venez en juger par vous-même ! », proclamait une invitation du Modem pour le lancement de sa campagne en janvier dernier. Bienvenue au cirque : Alain Dolium est un pantin que l’on exhibe lors de meetings qui font office d’exposition universelle. 


    Vidéo – Dès 21h, ça commence à chauffer entre les élus

    Preuve en est, même après l’humiliation du soir, les créateurs du pantin ne lâchent pas les ficelles. « On va s’occuper de toi, et tu vas voir ce qu’il va se passer, on ne va pas s’en tenir là ! », s’excite une élue (vidéo ci-contre). Elle continue : « On a des projets, on compte sur toi ! ». Dolium n’a pas son mot à dire. Certains s’adressent à lui comme à un enfant à qui l’on veut cacher la vérité. « Pour une première campagne : bravo Alain ! », crie un encarté. « Tu es l’homme politique qui monte Alain ! », déclame la femme, très mauvaise actrice.

    Dolium, pschittt ! 

    La soirée électorale a été rude au Modem : à Paris, il ne récolte que 3,8 pour cent des suffrages. Pendant toute la soirée, François Bayrou est resté enfermé dans son bureau à l’étage. Une courte sortie vers 21h30 pour proclamer qu‘« il faut continuer le combat » mais pas question de prendre des coups. Du coup, c’est Dolium (dont le staff a fait réaliser, comble de la caricature, un présentoir à post-it  à son effigie) qui doit aller défendre la stratégie de papa François sur les plateaux. Une lourde tâche pour celui qui a affirmé pendant la soirée n’être dans la politique que « depuis 3 mois ».

    Lucide pour constater sa défaite (« si vous êtes satisfaits, cela veut dire qu’on n’a pas le même sens de la satisfaction »), il l’est en revanche beaucoup moins pour désigner celui qui l’a « piégé » dans ce rôle de faire-valoir. Alain « gonflé au Dolium » pendant la campagne (c’était le slogan inscrit sur la profession de foi) craque en toute fin de soirée mais continue de défendre Bayrou son créateur, jusqu’à la dernière « bulle d’oxygène » (autre leitmotiv de la campagne du Modem) qu’il lui reste dans le corps. 

    L’implosion du Modem en direct dimanche soir 

    D’autres au Modem ont décidé  d’attaquer frontalement le chef. Rue de l’Université, dimanche soir, on ne se cachait même plus pour se disputer. Rémy Daillet-Wiedeman, président du Modem 31, hurlait au « désastre » dans la cour du siège du parti en déroute pendant que des pro-Bayrou, parlaient de « la salope » Corinne Lepage. Les journalistes étaient comblés, les pontes du parti un peu moins.


    Vidéo – 22h : Le cadeau empoisonné de Rémy Daillet-Wiedemen

    Le comble du ridicule est atteint quand Daillet-Wiedman essaye d’approcher le grand chef pour lui remettre un kit de palmes et tuba. « Je pense que cela peut servir parce que dans les deux années à venir, François Bayrou va se retrouver un peu en apnée » (vidéo ci-contre). Bayrou ne viendra jamais au contact de ses militants, préférant s’isoler dans sa tour. Le cadeau finira dans les mains de sa secrétaire.

    Que reproche exactement Remy Daillet-Wiedman au président Bayrou ? « De se servir de ses équipes comme des faire-valoir ». C’est exactement ce que dit Alain Dolium, quand il se plaint d’avoir été cantonné au rôle de Black des régionales. Sauf que le newbie de la politique accuse les médias plutôt que la stratégie de son président. Même s’il pense le contraire, Alain Dolium n’a pas encore saisi toutes « les règles du jeu ».


    Vidéo – Alain Dolium se voile la face

    Source: Robin D’Angelo, Johan Weisz et François Nazon

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