En ce moment

    23/04/2010

    Partie 2 : Bourrées, chauffées, chopées

    Aux Planches pour la soirée "Au Bonheur des Dames"

    Par Armelle de Rocquigny

    Des filles triées sur le volet se bourrent la gueule entourées de strip teasers, jusqu'à l'arrivée des garçons qui n'ont plus qu'à se servir. Armelle de Rocquigny s'est déguisée en Gossip Girl et vous faire vivre sa soirée aux Planches.

    Retrouver la première partie du reportage, Au Bonheur des Dames: la soirée des Planches où « les filles doivent avoir de l’argent qui sort de la bouche » où notre clubbeuse-reporter Armelle de Rocquigny galère dans la file d’attente avec Mathieu le videur.

    Les Planches, Paris 8e arrondissement –  La semaine dernière, j’avais fait la connaissance de Mathieu, l’imbuvable videur de la soirée “Au Bonheur des Dames” aux Planches. Après avoir vécu  l’humiliation de me faire refouler, en compagnie de midinettes à Stilettos en détresse, me voilà de retour déguisée en Gossip Girl. Cette fois-ci Mathieu me fait en clin d’œil, et en un rien de temps je me glisse dans le Palace de la génération Mickaël Vendetta.

    Cocktails roses et maquillage

    Dans le sacro-saint endroit, la charmante nana du vestiaire m’explique que c’est « deux euros pour un manteau et quatre pour un sac ». Ça devait être écrit en police Arial 6 quelque part sur le flyer. Une fois à l’aise, on descend les marches : le dance-floor, habituellement bondé de pré-pubères, est vide. Normal : sur la droite, le stand maquillage attire toutes celles qui veulent accentuer encore plus le noir sur leurs yeux, histoire d’être sûres de rentrer chez elles accompagnées.

    Pour toutes les filles qui ont réussi à rentrer dans la boite (voir l’épisode précédent), un cocktail dans un shaker rose – soirée fille oblige – est offert. Ça le fait. Au fond de la salle, le buffet. Au menu : poulet, patates douces avec un peu d’ail (on n’est pas venu pour choper, les girls ?) et une salade. Autour de moi, les assiettes se vident en un rien de temps. Le mythe des filles qui ne mangent pas, c’est seulement quand il y a des garçons pour les regarder. Ah non, à ma gauche, Camila, l’Italienne, n’a pris que de la salade. Il faut bien avouer qu’il n’y a pas de place pour une pomme de terre dans ce petit haut noir Sandro, taille 32.

    Au bar, même pas la peine d’attendre : les verres de vin sont déjà alignés et prêts à être attrapés. Il n’y a pas à dire, on nous traite comme de vraies princesses. A qui on veut bourrer la gueule.

    div(border). h4>La soirée Aux Bonheurs des Dames, c’est “la combinaison gagnante pour passer une soirée entre copines” dixit Planète-Campus.com . D’abord organisée chez Régine, puis aux Planches, la soirée vise les filles de 18-20 ans, avec atelier maquillage, cocktails cosmopolitain comme dans Sex and The City et chippendales. L’entrée y est gratuite, mais les boissons payantes autour de 20€ après 23h. C’est le moment où les garçons sont autorisés à rentrer dans l’arène gonflée aux hormones, dans une ambiance mi-springbreak mi-congrès des jeunes pops de l’UMP.

    « C’est pas la peine d’aller vomir dans les toilettes »

    « Non franchement, ce soir, il y a des filles qui sont belles mais attention aux autres. C’est pas parce que c’est la fashion week cette semaine qu’il faut pécho les rideaux de sa grand-mère pour essayer de s’en faire des robes ! » : le DJ fait les présentations. 1m70, brun, blouson en cuir et une barbe de trois jours, il sort tout droit d’une émission de NRJ 12 animée par Magloire. Tout en finesse : « Les filles, ne faîtes pas la queue aux toilettes tout à l’heure pour aller vomir votre poulet. » On n’imagine même pas la musique que ce mélomane va nous mettre ce soir : peut-être du Francky Vincent

    « La prochaine fois que t’as une marinière, tu sors ! »

    « La marinière, c’est à la mode cette année ? » me demande Clémence, 23 ans, étudiante en finance à Dauphine. « Parce que ce connard de DJ, la semaine dernière, il vient me voir et me dit “La prochaine fois que je te vois avec une marinière, c’est la porte. Beaucoup trop has been !” ». En pantalon, mais avec ses 1m72 tout en jambes, de longs cheveux châtains et des jolis yeux bleus, on comprend mieux pourquoi elle a réussi à entrer. Elle poursuit :

    « Je croyais qu’il blaguait et que c’était une méthode de drague. Mais il me dit : “Je ne plaisante pas, la prochaine fois, tu rentres pas.” Ce connard je l’ai vu au Baron mardi, il avait lui aussi une marinière ! Quel pauvre mec vraiment. »

    Toutes copines

    Loin du cliché des langues de vipère, l’entente entre les filles dans la boîte est surprenante. Et pas que pour casser du sucre sur le dos du DJ. On devient toutes copines en deux phrases : « Aaaaah j’ai la même robe que toi! H&M ? (Mince… j’ai été repérée !) », me lance une des filles dans les toilettes. On se recroise plus tard sur la piste et on échange quelques pas de danse comme deux copines de lycée.

    MAP Aux Planches


    *Comment s’y rendre ? Tous les jeudi soir aux Planches, 40 rue du Colisée, Paris 8ème. Métro Franklin Roosevelt | Saint-Philippe du Roule.
    Entrée gratuite, à partir de 21h30 pour les filles et 23h pour les garçons – Open Bar et open Chippendales avant 23h.

    « Vous voulez voir de beaux garçons ce soir ? »

    Le DJ reprend le micro et toujours aussi classe, il hurle : « Mes princesses, à part moi, est-ce que vous voulez voir des beaux garçons tous nus ce soir ? ». « Ouiiiiii » piaille la salle, comme à un concert des BB Brunes . Les sifflements s’enchaînent, trois mecs body-buildés arrivent sur la piste : ils sont strip-teaseurs de profession.

    Matrix fait son strip show


    Vidéo – Des strings rouges, des minettes et des fesses huileuses

    Celles qui n’ont pas eu la chance d’être installées aux tables avec vue sur la piste s’entassent autour de la scène pour ne pas louper une miette du show. Le premier strip-teaseur s’appelle Matrix, il a une combinaison de cuir noire moulante. Après une danse de quelques minutes à la cadence d’un robot et sous les huées des filles, il saisit l’une d’entre elles dans la foule. La blonde, perchée sur une dizaine de centimètres de talons, robe bustier blanche et collants fantaisie, se retrouve posée sur une chaise au milieu de la piste. Elle pouffe de rire, histoire de se donner un peu de contenance.

    Monsieur muscles commence son travail : il arrache sous ses yeux ébahis le haut de son accoutrement. Les cris aigus se multiplient au carré et les spectatrices ne tiennent plus en place. Sous cette tonne de décibels, le coq continue son numéro : salto arrière, pas de danse Tecktonik… le grand jeu quoi. Puis, il s’approche enfin de sa victime, s’agenouille, et lentement, laisse glisser sa tête sous sa robe. La fille ne bronche pas. Sereine, elle affiche un sourire, plutôt crispé que franc du collier.

    Le mâle bodybuildé, tout droit sorti d’une pub pour gélules protéinées, s’agite encore plus vite devant la fille. Maintenant, c’est son pantalon qu’il envoie valser pour dévoiler un joli string rouge. Il se frotte, attrape les mains de la blondinette pour les passer sur ses fesses, et mime un acte sexuel. La salle avoisine les 50 degrés. Le DJ s’empare du micro :

    « Ça fait combien de temps que tu n’as pas vu de mec pour avoir faim comme ça ? »

    La honte : la fille vient tout droit du 9-3

    Un strip-teaseur déguisé en Toreador remplace Matrix et son style BDSM. Il se saisit d’une grande blonde qui marche comme une diva. Sauf que son look, ce n’est pas vraiment celui attendu à l’entrée. Son pantalon noir 100% polyester et son haut noir décolleté avec des clous inspire le DJ-poète :

    « Wouah, le look total Pimkie ! ».

    La fille n’a pas entendu et continue de se trémousser au milieu de la piste. Le DJ continue : « La meuf nous vient tout droit du 9-3 ». Cris d’horreur chez certaines : là, c’est l’insulte suprême. La fille ne se démonte pas. Quand le toréador lui fait le même numéro qu’aux autres, elle ne fait pas de la figuration et danse, le doigt sensuellement calé dans la bouche. Le strip-teaser la soulève et la balance très fort contre lui : tellement fort que son pantalon descend, laissant voir la moitié de ses fesses et l’intégralité de son string noir.

    23h : les garçons arrivent…

    Le spectacle se termine, au même moment que l’open bar. Absorbées par le show, on en a oublié de se lever pour se resservir. Mais tel le messie, le barbu derrière les platines annonce le grand moment de la soirée :

    « Mes princesses il est bientôt 23h et on va faire rentrer les garçons. »

    … avant « les garçons-bisous », la dernière attraction de la soirée

    Avant que la chasse ne soit ouverte, une dernière attraction : les « garçons-bisous ». « Ils seront assis sur le bar pendant un quart d’heure, nous explique le DJ. Et dès que vous les embrasserez, vous aurez droit à une coupe de champagne gratuite. » Certaines se contentent d’un tout petit bisou, d’autres roulent de vrais patins. Et une bière au bar, c’est combien ? « 15 euros les 33cl de Heineken », me répond la serveuse. Je crois que je vais devoir participer moi aussi…

    Du côté des toilettes, cinq filles se remaquillent avant l’arrivée des garçons. Rouge à lèvre rouge vif, mascara et crayon, elles se refont la totale. « Oui, parce que là, on n’a plus de gueule », me dit Amélie. Elle vient tous les jeudis avec trois autres amies, parce qu’elles connaissent Anne-So la Directeur artistique de la soirée qui « n’a jamais mis la même robe en 5 ans » (voir l’épisode précédent ).

    « Les filles ont eu le temps de boire et elles sont jolies »

    Puis, c’est l’arrivée des garçons. La salle aux allures de carré VIP se transforme en boîte lambda. Certaines fricotent déjà sur la piste pendant qu’un groupe de copines zieutent sur des gars en chemise rayée blanche et bleue. Paul, 27 ans, look de premier de classe, est un des seuls à admettre être venu ici dans un but précis. « Je me dis que les filles ont eu le temps de boire et qu’en plus, normalement, elles sont jolies ». Pour les autres mecs interrogés, « c’est juste un endroit sympa où boire un verre » : on a du mal à les croire.

    Bilan de la soirée : je me suis sentie ridicule à l’entrée en attendant le verdict du videur mais j’ai bien dîné, j’ai bu un peu, ri beaucoup et j’aurai vécu une soirée Gossip Girl au moins une fois dans ma vie ! X.O.X.O

    A lire aussi: la première partie du reportage, “Au Bonheur des Dames” : la soirée des Planches où « les filles doivent avoir de l’argent qui sort de la bouche »”:http://www.streetpress.com/sujet/520-au-bonheur-des-dames-la-soiree-des-planches-ou-les-filles-doivent-avoir-de-l-argent-qui-sort-de-la-bouche

    Source et Crédits Photo: Armelle de Rocquigny | StreetPress

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER