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    20/05/2015

    Depuis l’été, 200 migrants vivent sous le métro aérien

    Un camp de réfugiés en plein Paris

    Par Yann Castanier

    « Les habitants du quartier sont très gentils », explique Khalit, un migrant soudanais. Installé dans une tente près du métro La Chapelle, il fait partie des 200 migrants qui vivent ici en attendant mieux.

    Une centaine de tentes sont alignées sous le métro entre La Chapelle et Barbès. Depuis l’été dernier, c’est ici que les migrants d’Afrique de l’Est finissent un parcours de plusieurs milliers de kilomètres, loin des richesses entrevues sur un téléviseur du pays.

    Les hommes regardent filer les voitures qui accélèrent au feu vert. Les soubresauts du métro couvrent leurs voix. Le TGV passe sous le pont et ajoute au vacarme ambiant. Ils dorment sur le goudron et les graviers dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile.

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    200 personnes vivent sous le métro / Crédits : Yann Castanier


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    Pour s’asseoir, seulement des blocs de béton / Crédits : Yann Castanier

    Du Darfour à Paris en passant par la Libye

    Mahmoud vient du Darfour, une zone de conflit au Soudan. Il ne parle ni français, ni anglais. Son pote Ahmed traduit dans un anglais approximatif : Il dit n’avoir aucune famille au pays où il a fui une situation intenable. Parti en bus et à pied, Mahmoud s’est retrouvé en Libye où il a payé 1.500$ pour atteindre les côtes de l’Italie. La traversée se négociait entre 4.000 et 6.000$ quelques mois auparavant alors il s’estime plutôt heureux. Il a ensuite pris le train jusqu’à Nice où on l’a informé de l’existence de ce camp, sous le métro aérien parisien. A La Chapelle depuis 15 jours, il souhaite obtenir l’asile en France et n’envisage pas de poursuivre son voyage vers Calais ou la Grande-Bretagne.

    « Je suis venu ici pour être éduqué. Je ne suis jamais allé à l’école. »

    Actuellement ils sont 150 à 200 à vivre ici, en majorité des migrants originaires d’Erythrée et du Soudan du Sud. Des sanitaires et des poubelles ont été installés à la demande de la mairie du 18e arrondissement de Paris. Il n’y a aucun lieu pour cuisiner. Pas plus que des réchauds ou des tables. Tous vivent à même le sol et s’assoient sur les barrières ou les blocs de béton qui encadrent le camp improvisé. Ils attendent toute la journée.

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    Mahmoud / Crédits : Yann Castanier


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    Pour ne pas salir la tente, prière de se déchausser / Crédits : Yann Castanier


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    Sur place, rien pour cuisiner / Crédits : Yann Castanier

    Une misère qui s’installe

    La mairie d’arrondissement confie que l’ambiance s’est dégradée depuis plusieurs semaines. « Des fonds ont été débloqués dès l’été dernier pour palier la situation sanitaire et sociale. » Il y a un double objectif de ne pas laisser la misère s’installer et de faire en sorte que la cohabitation avec les riverains se passe bien. Le maire, Eric Lejoindre, voudrait aller plus loin : reloger les migrants dans des hébergements d’urgence. Des demandes des élus ont été transmises à l’Etat lundi 11 mai. La préfecture de Police de Paris n’a pas souhaité répondre à StreetPress. En attendant des associations, dont France Terre d’Asile et Emmaüs, distribuent des repas le soir. Khalit, un Soudanais, trouve « les habitants du quartier très gentils ». Ils apportent de la nourriture.

    Mais les histoires se répètent et s’enlisent. Khalit a obtenu le droit d’asile depuis 6 mois, il est bénéficiaire du RSA, mais n’arrive pas à louer d’appartement. Lui est venu en France pour aller à l’école. Tous les matins, il se lève à 7h.

    « J’apprends le français à Aulnay-sous-Bois. Mais du coup, Je n’ai pas le temps de prendre la douche au local de l’association. »

    Il revient à 18h dormir sous le pont.

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    Un migrant d'Afrique de l'Est / Crédits : Yann Castanier


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    / Crédits : Yann Castanier

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