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    08/03/2017

    Ils ont sorti leurs pancartes mercredi devant l'Assemblée Nationale. On les a suivis.

    Ces street artistes veulent hacker la présidentielle

    Par Lucas Chedeville , Pierre Gautheron

    Une petite dizaine de militants membres du collectif du 23 avril 2017 ont organisé une action artistique devant l’Assemblée Nationale. Leur mot d'ordre : « tourner le dos » à la classe politique.

    Assemblée Nationale (Paris 7e) – Du côté de l’entrée réservée aux visiteurs, Lino, Hugo et Etienne préparent leur matos. Tous les trois sont membres du “collectif 23 avril 2017”:http://23avril2017.net/, un groupe d’artistes nancéiens venus manifester devant l’Assemblée Nationale. Pour l’action, ils ont ramené leur pancartes : des photos d’anonymes qui posent de dos, pour signifier leur ras-le-bol de la politique. En dessous leur slogan, imprimé en lettres noires : #TournonsLeDos.

    L’opération intrigue les gendarmes qui gardent le palais Bourbon. « Vous avez une autorisation pour faire ça ? », questionne une militaire. « C’est une action artistique, pas une manifestation. Ça rentre dans le domaine de la liberté d’expression ! », répond du tac au tac Hugo, la vingtaine, barbe fournie et gros manteau à la Macklemore sur le dos.

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    Deux par deux et on se tient par la main / Crédits : Pierre Gautheron pour Hans Lucas

    Collectif d’artistes indépendants

    Une fois leurs pancartes prêtes, la petite troupe avance de quelques mètres pour se placer juste sur le parvis de l’Assemblée, en face de l’obélisque de la Concorde. De là, ils commencent leur action : pancartes face au vent, sous l’œil interrogateur des quelques passants qui trainent dans le coin.

    Vidéo Le collectif en action

    A la baguette Lino, un plasticien d’une trentaine d’années. Il a créé le collectif 23 avril 2017 au moment des élections présidentielles de 2012. Lui et ses potes s’étaient fait remarquer à l’époque en remplaçant les affiches des candidats par les leurs. A l’approche des élections présidentielles, la petite bande est repartie pour un tour. Elle enchaîne actions et collages nocturnes.

    Aujourd’hui, une trentaine de membres, plus ou moins actifs, composent le groupe. « Moi je suis dans le collectif que depuis ce matin », se marre Etienne, grosse écharpe vissée autour du coup. « C’est Hugo qui m’a chauffé pour venir ».

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    La fine équipe / Crédits : Pierre Gautheron pour Hans Lucas

    En début de matinée, ils ont tous embarqués dans des bagnoles, direction la capitale. « On est autofinancé. Toutes les actions qu’on fait sont à fond perdus », explique Lino, chapeau vissé sur la tête :

    « Là par exemple, pour une vingtaine de panneaux, il faut compter 300 euros, plus l’essence pour venir de Nancy. Bref, on n’a pas d’argent à gagner avec ça ! »

    Le collectif a d’ailleurs lancé une campagne sur Ulule pour récolter des fonds. « On fait de l’art contextuel. A quelques semaines des élections, on veut montrer qu’on est là » poursuit-il face au Palais Bourbon. « On se sent plus du tout représentés par nos élites aujourd’hui », ajoute Hugo, qui s’occupe de la com’ dans le collectif, étudiant en info-com dans le civil :

    « On vote pour eux et puis pendant 5 ans, ils ne s’intéressent plus à nous. Ce genre d’actions, c’est pour leur montrer que nous aussi, on leur tourne le dos. »

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    « Mais qu'est-ce que c'est que ça ? » / Crédits : Pierre Gautheron pour Hans Lucas

    Les parlementaires sont chafouins

    Mais l’opération tourne court. A peine quelques minutes après leur arrivée, trois camions de police débarquent sur place. Rapidement, les hommes en bleu encerclent les militants sans montrer de signes de violences. Pendant ce temps Lino parlemente avec leur chef. Extrait de la discussion :

    « Vous êtes restés suffisamment, maintenant il faut partir »
    – Certainement pas assez répond Lino, sourire aux lèvres.
    – Bon on vous laisse un quart d’heure de plus, après c’est fini »

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    La police veille au grain / Crédits : Pierre Gautheron pour Hans Lucas

    A l’heure annoncée, le collectif rebrousse chemin, direction la station de métro Assemblée Nationale, bien escortés par une vingtaine de képis. Mais la fine équipe n’est pas franchement décidés à prendre les transports en commun : ils attendent Lino, dont la voiture est garée à deux pas.

    En stand-by dans la station, les membres du collectif se marrent. Les flashs crépitent. Après presque une demi-heure d’attente, les flics commencent à en avoir marre : « Bon il se dépêche votre ami ?! » D’autant que 3 agents en civils sont venus leurs signaler que les parlementaires étaient chafouins de voir du grabuge dans les parages. Finalement, tout ce petit monde se sépare, en bons termes. Lino rigole :

    « Bon, de toute manière on savait qu’on ferait pas bouger les foules. Mais au moins on a montré qu’on était là. »

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    La teuf dans le métro / Crédits : Pierre Gautheron pour Hans Lucas

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