Notre collectif sert des repas aux migrants tous les matins, sept jours sur sept, devant le centre de premier accueil de la Chapelle. Souvent ce repas est le seul de la journée pour les exilés qui font la queue pour entrer dans le camp. Depuis le mois de novembre 2016, on a servi près de 100 000 petits déjeuners.
Le nombre d’arrivées va exploser cet été
Il y a environ un mois, le camp de la Chapelle a été évacué. Aujourd’hui, avec le ramadan, on est à environ 200 repas par jour mais auparavant on en servait 500 et jusqu’à 700 parfois. Avec les beaux jours, ça va exploser. Tous les ans c’est pareil et tout le monde le sait : le nombre d’arrivées devient de plus en plus massif en été, tandis que l’hiver est une période creuse.
La semaine dernière, on a organisé un rassemblement, et malgré des conditions très difficiles, plus de 500 personnes ont participé. Nous demandons une véritable prise en charge des exilés par les pouvoirs publics, des conditions d’accueil dignes, l’abrogation des accords de Dublin qui, nous le constatons tous les jours, empêchent l’application du droit d’asile, le respect des lois, notamment celles sur la protection des mineurs, et qu’on nous soutienne au lieu de nous intimider !
On ne voulait pas laisser les gens mourir sous nos yeux
Notre collectif est né de quelques habitants de la Plaine-Saint-Denis, où un camp de migrants s’était formé. Des gars, des enfants, étaient en train de mourir de faim et froid sous nos yeux, alors on a décidé d’agir.
Puis, on s’est rendu compte que la situation était pire à la Chapelle, devant le centre, les gens restaient toute la nuit sans tente et sans couverture car la police les leur confisquait. On s’est mis à servir nos repas là-bas.
On paye tout de nos poches, on se lève aux aurores
On se lève aux aurores pour faire chauffer des dizaines de litres sur nos cuisinières, chez nous. On casse le matériel car il n’est pas professionnel, on se blesse, on se brûle, on paye tout de nos poches. A 1 euro le petit-déj, ça fait environ 20 000 euros par mois de frais…. Depuis des mois, on se retrouve à assurer le rôle de l’Etat.
Avec un noyau dur de 30 personnes et plusieurs centaines d’autres qui filent un coup de main de temps à autre, on assure 35 à 40 heures de bénévolat par jour ! Sept jours sur sept…
On est épuisés et les pouvoirs publics ne réagissent pas
On est épuisés. Il y a eu mille arrivées ces 15 derniers jours. Il va y avoir des arrivées massives de migrants, et en face, on va être moins nombreux pour assurer les repas. Nous réclamons un plan d’urgence pour l’été. L’Etat doit enfin prendre le relai ou alors, qu’il dise clairement qu’il refuse de prendre ses responsabilités !
Ce sera pareil pour tous les collectifs : les bénévoles vont partir en vacances. Personnellement, comme beaucoup, j’en ai vraiment besoin après avoir bataillé pendant des mois et sans prendre de pause aux côtés des migrants.
Alors cet été, les exilés ne vont pas avoir à boire, à manger, ils ne vont plus pouvoir être soignés, et il y aura des morts.
La réaction tarde à venir. Il y a plus d’un mois, on a réclamé une aide logistique minimale à la mairie de Paris, notamment de pouvoir entreposer et chauffer dans le centre où il y a des centaines de mètres carrés de libre. On a expliqué que l’on ne pouvait plus continuer comme ça. On nous a promis un retour très rapide, mais on n’a toujours pas de nouvelles.
On a envoyé des lettres au Président, au premier Ministre ainsi qu’à Mme Hidalgo, et on attend aussi. Personne ne semble se rendre compte qu’il y a urgence.
Le collectif Solidarité migrants Wilson organise un nouveau rassemblement le samedi 1er juillet à partir de 17h, à Porte de la Chapelle
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