« En 2022, le cinéma français va renaître », affirme l’ex-figure de Génération identitaire Thaïs d’Escufon. Rien que ça. L’annonce a de quoi faire sourire, d’autant qu’elle parle d’un film dont elle sera à l’affiche, aux côtés de Papacito, Julien Rochedy et Christopher Lannes (de la webtélé identitaire TV Libertés). Quasiment le best-of des influenceurs fafs spécialistes de la réécriture de l’histoire de France.
Un film sur le « lourd Moyen Âge » et qui « distribue des mandales ». Quel beau projet ! Aux manettes, l’entreprise Terre de France (financeur de la fachosphère) et « Saint Louis studios ». Une obscure association tourangelle de cinéastes amateurs qui a opportunément créé une société par actions simplifiées (SAS) en octobre dernier. Pour financer le film, Terre de France a lancé une page qui propose des pré-ventes. À en croire Julien Rochedy, plus les contributeurs seront nombreux, plus le film sera « sympa ». Comprendre : « Si vous ne nous donnez pas les moyens ça sera nul, voire il n’y aura rien ».
À LIRE AUSSI : Les nouveaux croisés d’extrême droite
Un nanar
« Est-ce que le projet a une chance d’être bon ? Bah nan, aucune ! », tacle le Youtubeur (royaliste) Antoine Goya. « Ça sent le nanar », anticipe un internaute, résumant un avis qui semble très partagé. Il faut dire que ce qui ressort des premières informations dévoilées par Terre de France concernant ce fameux blockbuster démontre l’amateurisme de la bande. Premièrement, l’affiche présentée comme étant celle du film est en réalité une photo provenant d’une banque d’images. Elle a par exemple déjà été utilisée par un musée tchèque de la ville d’Olomouc pour illustrer une exposition sur le Moyen Age.
Je to krádež ? / Crédits : DR
D’autres images du « trailer » diffusé par Terre de France sont également issues de banque d’images. Et pour cause : aucune scène n’a encore été tournée. Pour une sortie en 2022, le timing est serré.
Pas certain qu’ils aillent au bout
De nombreux internautes, et notamment les aficionados de la fachosphère, doutent de la crédibilité de « l’équipe de professionnels » mise en avant par Papacito pour présenter SL Studios. En effet, la page YouTube de l’association permettait d’entrevoir une réalisation et un jeu d’acteur particulièrement amateur. Vidéos qui ont été largement supprimées après qu’elles aient commencé à circuler sur différents forums et notamment le tristement célèbre 18-25 du JV.com.
À en croire les commentaires, certains ont l’impression d’être vaguement pris pour des vaches à lait. Ça commence à faire beaucoup avec un gros bad buzz à la clé. D’autant que, tout à son enthousiasme, Thaïs d’Escufon a confondu CNC (l’organisme qui finance le cinéma) et CNRS (qui s’occupe de recherche) dans une de ses publications en rapport avec le projet.
Dans son enthousiasme, Thaïs d’Escufon a confondu le CNC – l’organisme qui finance le cinéma – avec le CNRS, qui s’occupe de la recherche. / Crédits : DR
Signe que le projet commence à prendre du plomb dans l’aile, Papacito et Julien Rochedy ont supprimé la vidéo promotionnelle du film diffusée par Terre de France de leurs chaînes Youtube respectives.
À LIRE AUSSI : Le groupuscule interdit Génération identitaire défile et agresse dans Paris
Faf, la Newsletter
Chaque semaine le pire de l'extrême droite vu par StreetPress. Au programme, des enquêtes, des reportages et des infos inédites réunis dans une newsletter. Abonnez-vous, c'est gratuit !
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER