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    25/04/2023

    L’administration aurait demandé aux lycéens de ne surtout pas en parler à la presse

    Une plainte déposée pour des tags néonazis au lycée Louis-le-Grand

    Par Christophe-Cécil Garnier

    Le 13 mars dernier, les élèves du prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand ont découvert des tags néonazis au sein de leur établissement. Si le bahut a porté plainte, il n’y a pas eu de sensibilisation particulière.

    L’info s’est répandue dès le matin, comme une traînée de poudre. Le 13 mars dernier, un étudiant magnoludovicien prévient ses camarades que des insignes néonazis ont été tagués dans l’enceinte de leur établissement, le prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand, sur le groupe WhatsApp du bahut. Ce dernier publie ensuite les photos des méfaits. On y voit plusieurs croix celtiques, les numéros 14 et 88, une rune d’Odal et le terme « Sieg Heil ». Les premières sont des symboles de l’extrême droite nationaliste, les chiffres sont des références au suprématisme blanc et à Adolf Hitler (que StreetPress vous explique plus en détail ici), la rune nordique a été notamment le symbole de la 7ème division SS et la dernière inscription est tout simplement le cri nazi.

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    Les numéros 14 et 88 sont des références au suprématisme blanc pour l'un et à Adolf Hitler pour l'autre. En dessous, le symbole nordique de la rune d'Odal a été notamment utilisé par la 7ème division SS. Quant à « Sieg Heil », c'est tout simplement le cri nazi. / Crédits : DR

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    Les croix celtiques sont des symboles de l’extrême droite nationaliste. Elle est notamment utilisée par le syndicat étudiant d'extrême droite du Gud. / Crédits : DR

    Une certaine cohérence d’idées qui a choqué les jeunes de Louis-le-Grand. « La première réaction a vraiment été celle des élèves, qui ont caché les tags avec des autocollants et sont allés les signaler. Ce n’est que plus tard que l’administration a fait en sorte de les effacer. Ça ne semblait pas être une urgence absolue », raconte Guillaume, un personnel de l’établissement. L’encadrement aurait d’ailleurs demandé aux lycéens de ne surtout pas en parler à la presse, histoire de ne pas ternir la réputation du bahut, régulièrement en tête du classement des meilleurs lycées de France.

    Pas de sensibilisation aux élèves

    Et puis après ? Plus grand chose. De quoi provoquer l’agacement de plusieurs élèves. L’un d’eux aurait même menacé d’envoyer un mail à tous les membres du lycée devant tant d’inertie, avant d’être rappelé à l’ordre par l’administration. Cette dernière a assuré à l’impétrant que des mesures allaient être prises. Finalement, le 16 avril, le proviseur Joël Bianco a envoyé un mail aux élèves et parents. Il a expliqué avoir « signalé les faits aux autorités académiques, déposé plainte, puis convoqué le conseil de la vie lycéenne (CVL) en séance extraordinaire ». Ce dernier a rappelé que ces tags « constituent un délit d’apologie de crime contre l’humanité » :

    « Nous affirmons que les idéologies de haine n’ont rien à faire dans l’établissement et doivent être combattues sans relâche. Nous rejetons toute tentative d’implantation de groupe fasciste dans le lycée. »

    Le CVL a conclu en appelant la communauté éducative à être vigilante sur ces symboles. Car selon l’organisme, des croix celtiques ont déjà été taguées « depuis novembre 2022 ». Mais selon Guillaume, « à part ce mail, il n’y a rien eu d’autre. Il n’y a pas eu de sensibilisation ou de contacts avec les élèves ».

    Contactée vendredi 21 avril, l’administration a répondu que c’était le secrétariat du proviseur qui pouvait répondre aux questions de StreetPress, et celui-ci était déjà parti en vacances.
    Illustration de Une par Caroline Varon.

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