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    16/04/2024

    C’est une cadre des féministes identitaires Némésis

    Une militante néofasciste chargée de communication de la Garde Nationale

    Par Daphné Deschamps , Arthur Weil-Rabaud

    Après un passage par l’Armée de l’Air, Shauna M. est aujourd’hui chargée de communication pour la Garde Nationale. Elle est surtout l’une des militantes du collectif Némésis et fréquente des néofascistes aux évènements d’Academia Christiana.

    Fin 2023, dans une maison cossue de région parisienne. Une vingtaine de jeunes femmes, venues de Lyon (69), Paris (75), Aix-en-Provence (13) ou Nantes (44) sont réunies, coupe de champagne à la main, pour célébrer les quatre ans de leur collectif, le groupuscule féministe identitaire Némésis. Le lendemain matin, pulls floqués aux couleurs de Némésis sur les épaules, elles déploient une grande banderole : « Les Européennes ne sont pas des frontières violables », sur la façade de la maison et posent, dos tournés, sur la terrasse.

    Parmi ces militantes identitaires se trouve Shauna M. Membre de la section parisienne de Némésis depuis plusieurs années, cette activiste, très bien implantée et connectée avec le reste de l’extrême droite violente, a été alternante à la cellule communication du Centre d’études stratégiques aérospatiales de l’Armée de l’Air jusqu’à la fin de ses études, en septembre 2023. Depuis, Shauna M. occupe un poste de chargée de communication au Secrétariat Général de la Garde Nationale – SGGN pour les intimes. Quand elle ne rédige pas des posts pour les réseaux sociaux de l’institution, Shauna M. s’occupe notamment de photographier les événements de la Garde nationale. Lancé sous François Hollande, cet organisme, qui dépend des ministères de l’Intérieur et des Armées, rassemble les réservistes volontaires des armées, de la gendarmerie et de la police. Un employeur auprès duquel Shauna M. s’est bien gardée de révéler ses accointances politiques radicales.

    Des amitiés radicales

    La militante à Némésis depuis plusieurs années apparaît sur de nombreux posts sur les réseaux sociaux qui mettent en avant la section parisienne du collectif, à laquelle elle appartient. Banderoles, mais aussi maraudes « auprès des Français les plus démunis » – comprendre auprès des SDF, mais seulement s’ils sont blancs – comme en janvier dernier. Ce type de maraudes est pratiqué par de nombreux groupuscules identitaires ou néofascistes, des Versaillais d’Auctorum aux Lyonnais de Lyon Populaire, en passant par les Angevins de l’Alvarium. Des groupes que Shauna M. connaît bien. Parmi ses amis et connaissances, on retrouve des dizaines de militants, issus de toutes les chapelles de l’extrême droite radicale : des anciens du Bastion Social, des identitaires ou des royalistes. Dans sa liste d’amis Facebook, l’ancien gudard Axel Loustau côtoie les filles de Frédéric Chatillon, l’ex-président de la Cocarde étudiante Luc Lahalle ou le Zouave Edouard Michaud, aujourd’hui leader des Natifs. Même constat sur son compte LinkedIn, où l’on retrouve par exemple des gudards ou Adrien Ragot, condamné en 2022 pour avoir tailladé deux hommes à Lyon.

    Une proche d’Academia Christiana

    En plus du collectif Némésis, Shauna M. fréquente une autre organisation bien connue d’extrême droite : le mouvement catholique intégriste Academia Christiana, contre lequel une procédure de dissolution a été engagée par le ministère de l’Intérieur en décembre dernier. Lancée, entre autres, par l’un des fondateurs du groupuscule dissous Génération identitaire, Academia Christiana est avant tout un mouvement réactionnaire, et son positionnement national-catholique lui permet de rassembler toutes les chapelles de l’extrême droite radicale, des identitaires aux nationalistes-révolutionnaires.

    Habituée des rassemblements d’Academia Christiana, Shauna M. était présente en octobre dernier à la soirée Oktoberfest de l’organisation : l’occasion de retrouver d’autres militantes de Némésis et des néofascistes de toute la France autour d’une bière et de bretzels. Dans les divers événements d’extrême droite qu’elle côtoie, Shauna M. porte parfois les vêtements du mouvement, avec notamment un t-shirt floqué : « Une génération dans l’orage. » Une référence directe à l’auteur collaborationniste Robert Brasillach.

    Contacté, le SGGN nous a indiqué revenir vers nous « au plus vite ». Nous n’avons pas eu de nouvelles à l’heure de la publication. Contactée, Shauna M. n’a pas répondu à nos questions.

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