Paris, 8e arrondissement — Fin septembre, quatre stagiaires au sein du cabinet d’avocats Gide ont été remerciés après une enquête interne, qui a mis au jour « des comportements et des propos à caractère raciste », a déclaré le cabinet auprès de StreetPress. Une enquête judiciaire aurait été ouverte. Les quatre futures robes noires entretenaient notamment un groupe de conversation sur la messagerie professionnelle Teams du cabinet, conversation appelée « Les RaSSelards », d’après des élèves de l’École de formation professionnelle des barreaux qui ont tenu à conserver l’anonymat. « Ces comportements sont incompatibles avec le respect dû à chacun et parfaitement contraires aux valeurs et principes [du] cabinet et de [la] profession », tient à souligner le cabinet Gide.
Ce week-end du 4 octobre, sur les réseaux sociaux, ont circulé des informations selon lesquelles ces propos discriminants auraient visé notamment un associé du cabinet — racisé — et qu’un montage aurait été réalisé pour le représenter « enchaîné » avec la mention « esclave » sur son front. Une affiche aurait également été imprimée avec la photo des tours jumelles américaines détruites dans l’attentat du 11 septembre 2001 et, dessus, le visage d’un autre stagiaire — racisé, également. Le cabinet Gide ne souhaite pas commenter l’enquête interne en cours.
SCANDALE ÉLÈVES-AVOCATS PARISIENS : LE RECAP
— Alertes Racisme (@AlertesRacisme) October 5, 2025
4 élèves-avocats en stage au sein du grand cabinet Gide Loyrette Nouel ont créé et tenu un groupe de discussion sur Teams, qu’ils ont nommé « RaSSlards » où des propos racistes d’une gravité particulièrement lourde ont été… pic.twitter.com/Jz3b5Oc1Kn
Un ancien de l’UNI
D’après nos informations, parmi les quatre stagiaires mis en cause se trouverait Côme de Montaigne de Poncins, 24 ans, étudiant en Droit et Management international à l’ESCP Business School. Issu d’une famille de la noblesse française, le juriste en formation a été membre du conseil d’administration de l’académie d’Aix-Marseille et représentant étudiant au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, en lien direct avec le ministère. Il a surtout été président de l’Union nationale inter-universitaire (UNI) d’Aix-Marseille de 2020 à 2023, un syndicat connu pour ses récents saluts nazis et ses liens avec l’extrême droite radicale. En 2024, il s’était encore présenté comme candidat UNI au Crous Paris.
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« Nous avons été atterrés par ce que nous avons appris », a déclaré à StreetPress l’ESCP Business School, qui réaffirme « ses valeurs et son engagement en faveur de l’inclusion et de la diversité ». L’école explique avoir « mis en place immédiatement une cellule de suivi » et se mettre « à la disposition des forces de police dans le cadre de l’enquête judiciaire qui a été ouverte ». « Dès demain nous allons nous rapprocher du cabinet Gide et prendre des mesures provisoires si les faits venaient à être confirmés », a-t-elle ajouté.
Côme de Poncins s’est déjà fait remarquer pour des « blagues » douteuses. Sur une photo envoyée à StreetPress, on le voit « offrir » une fausse obligation de quitter le territoire français à un étudiant d’origine libanaise en décembre 2024, à l’occasion d’un Secret Santa — des cadeaux de Noël entre collègues. Côme de Poncins n’a pas répondu à nos sollicitations.
L’EDHEC et HEC ont fait également savoir qu’elles prendraient des mesures vis-à-vis de leurs élèves stagiaires au cabinet Gide, Stanislas A. et Raphael G. « Nous menons une enquête dans les plus brefs délais. Des sanctions disciplinaires (y compris conservatoires) seront prises si les faits sont avérés », a déclaré HEC. L’EDHEC condamne quant à elle « avec la plus grande fermeté toute forme de propos ou de comportements racistes ». L’école indique avoir « immédiatement pris attache avec le cabinet Gide et ouvert une enquête administrative interne afin d’établir tous les faits avec rigueur et d’examiner les suites disciplinaires qui s’imposeraient ». Elle tient à ajouter que les actes reprochés à son étudiant « relèvent strictement de sa responsabilité individuelle » et ne peuvent être « assimilés à l’institution EDHEC ni ternir l’intégrité de l’ensemble de sa communauté étudiante, qui s’attache à porter haut les valeurs d’excellence, d’éthique et de respect ».
Ajout le 7 octobre à 12h42 : StreetPress a contacté le quatrième stagiaire visé par l’enquête, Yehochoua C., qui n’a pas répondu à nos sollicitations. Aucune information n’étant disponible sans sa réponse sur son école, nous n’avons pas pu nous renseigner sur d’éventuelles sanctions disciplinaires.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et l’université d’Aix-Marseille n’avaient pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de l’article.
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