Le parquet de Paris ouvre une enquête à la suite d’un article de StreetPress. Ce mardi 18 novembre, dans notre édition mensuelle de Faf, notre newsletter sur l’extrême droite, nous avons documenté les dernières frasques verbales des influenceurs d’extrême droite, Baptiste Marchais et Le Guiz. Dans un épisode de leur radio-podcast qu’ils animent ensemble, sorti la semaine dernière, ces habitués des propos radicaux ont carrément appelé à rendre publiques les infos personnelles de certains juges, notamment ceux d’application des peines. Des magistrats qui seraient « politiques, qui ne croient pas aux prisons, qui veulent libérer, qui veulent nuire », a présenté Baptiste Marchais, dont StreetPress a tiré le portrait il y a plusieurs années.
Sollicité par StreetPress en amont de notre publication dans Faf, le parquet de Paris a pu prendre connaissance des propos des deux Youtubeurs d’extrême droite. Il indique avoir depuis ouvert une enquête pour vérifier si la discussion entre Baptiste Marchais et Le Guiz pouvait « revêtir les qualifications pénales de discrédit jeté sur une décision de justice » et « acte d’intimidation envers un magistrat pour qu’il s’abstienne d’acte de sa fonction ». Des délits respectivement passibles de six mois et dix ans d’emprisonnement ainsi que 7.500 et 150.000 euros d’amende.
Après tout, Baptiste Marchais a demandé à ses followers « avocats » ou « dans les milieux juridiques » de lui envoyer des infos sur deux panels de juges qui avaient rendu des décisions de justice lui ayant déplu. Souhaitant que « la peur change de camp », il a promis dans la vidéo disponible sur YouTube de mettre « toutes les informations qu’on trouve sur eux » car « c’est insupportable que ces gens ne fassent face à aucune représaille ». S’il a assuré qu’il n’y avait pas de « menaces » derrière ses propos, le ton de la discussion opère pourtant en ce sens. En témoigne cette comparaison de Le Guiz :
« Même les nazis qui se sont barrés en Argentine après la guerre, jusqu’à la fin de leurs jours, ils avaient peur que le Mossad les rattrape. Alors que tous ces juges français ils meurent tranquilles dans leurs lits. »
Selon nos confrères de BFMTV, c’est le ministère de la Justice, choqué par les propos des deux Youtubeurs d’extrême droite, qui a demandé au parquet de Paris d’ouvrir une enquête. Contacté en amont de notre publication, le ministère n’avait pas répondu aux sollicitations de StreetPress.
Le parquet de Paris rappelle que « la divulgation d’information personnelle permettant d’identifier ou localiser une personne dépositaire de l’autorité publique et exposant à un risque direct d’atteinte à la personne ou aux biens est un délit », passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. Une petite pression pour les deux Youtubeurs d’extrême droite, expatriés au Texas pour Baptiste Marchais et en Colombie pour Le Guiz afin de fuir — au choix — la pseudo-décadence tricolore ou les impôts. Ancien membre des Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub, où il était surnommé « Patapouf », Marchais a construit son succès avec ses vidéos de muscu, de cigares et d’armes. Il avait déjà été la cible d’une enquête pour « violences volontaires » après avoir frappé Alice Cordier, boss du groupe fémonationaliste Némésis, en 2021. Le Guiz, lui, se décrit comme un « royaliste de tradition libérale ».
Image de Une de Baptiste Marchais prise par Yann Castanier, le 29 septembre 2021.
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