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    18/04/2012

    « J'ai eu le papier de ce concert en sortant de Vincennes, dimanche »

    Concert de l'Unef à Paris: Hollande en filigrane

    Par Julia Gualtieri

    Mardi 17 avril, l'Unef organisait place de la Bastille un concert contre le racisme. Mais à moins d'une semaine des élections, le show prenait aussi des allures de meeting.

    Mardi 17 avril, 18h passées. Christophe Alévèque « l’homme qui a dit plus de mal de Nicolas Sarkozy que tout le PS réuni » selon le chroniqueur d’Europe 1 Mathieu Madénian , adresse ses vannes à un public sûrement conquis mais caché sous les parapluies. Contre le racisme, l’Unef organise un grand concert place de la Bastille, ce qui n’est pas anodin, à 5 jours du premier tour des présidentielles. Mais alors, le syndicat étudiant faitil de la promo pour un candidat ? Non, juste pour la gauche…

    Sardou VS Youssoupha A 5 jours des présidentielles avec les Fatals Picards, auteurs de la chanson « Mon père était tellement de gauche », les Rois de la Suède et leur chanson « Socialisme », le ton est donné. « C’est sûr, on allait pas faire venir Michel Sardou ! », blague Azwaw  Djebara, vice-président de l’Unef, réfugié dans la loge de plastique derrière la scène, réservée aux membres du syndicat.

    Ce n’est pas uniquement sur le positionnement politique que l’Unef a sélectionné ses candidats mais aussi « sur ce qu’ils représentent : le vivre ensemble, la tolérance » dit Azwaw  en regrettant que Tiken Jah Fakoly ou encore Youssoupha, parfaits pour le poste, n’aient pas pu venir. Oui, le thème c’était quand même la lutte contre le racisme !

    C’est sûr, on allait pas faire venir Michel Sardou !

    Vincennes Sauf qu’à cette date et en ce lieu, difficile de ne pas penser à l’élection. D’autant que la porte-parole de la ligue de l’enseignement, partenaire de l’événement harangue la foule à aller voter « fraternel » pour « conquérir de nouveaux droits comme celui de mourir dans la dignité, comme le mariage homosexuel ». Fares, « plus tout jeune » dixit lui-même, voit bien « à quel candidat ça fait référence ». Pour être plus précis, il explique, sourire en coin : « j’ai eu le papier de ce concert en sortant de Vincennes, dimanche ».

    Mais le mot d’ordre c’est « pas de positionnement pour un candidat plus qu’un autre », signale A zwaw  Djebara . « C’est le seul truc où les artistes ont demandé des garanties et tant mieux, car nous-mêmes voulions leur en faire la demande ! » poursuit-il. Preuve de sa bonne volonté et de son « non-engagement », l’Unef a fait relire aux artistes le manifeste publié au matin dans Libé ; lesquels ont tous donné le bon-à-tirer.

    Conquérir de nouveaux droits comme celui de mourir dans la dignité, comme le mariage homosexuel

    %(upper)26 %% S’il n’y a pas de candidat favorisé, on devine facilement qui est exclu de « ce vote fraternel ». Interrogé sur leur propre vote, un groupe de sweat-capuche répond « On ne sait pas qui, mais pas elle ! », expliquant leur incrédulité vis-à-vis du sondage paru dans Le Monde, donnant le FN et sa candidate à 26 % chez les jeunes. « Nous refusons (…) les stigmatisations, les tentatives d’opposition de mise en opposition des uns contre les autres », lit-on dans le manifeste. Pourtant cette année, la stigmatisation est de part et d’autre : d’un côté « le chômeur fainéant » de l’autre, le riche égoïste et profiteur. Mais sur la place de la Bastille, les seconds attendront.

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