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    24/03/2022

    Une agression à la sortie d’une boîte de nuit

    Les deux hommes soupçonnés du meurtre d’Aramburú condamnés cinq ans plus tôt pour un tabassage

    Par Mathieu Molard , Tomas Statius

    Le Priol et Bouvier, soupçonnés du meurtre d’Aramburú, ont, en 2015 à la sortie d’une boîte, tabassé deux hommes qui avaient eu le malheur de se prendre en photo, adossés à leur précieuse voiture.

    Mars 2017, au tribunal correctionnel de Paris. Sur la liste des prévenus ce jour-là, Loïc Le Priol et Romain Bouvier. Cinq ans plus tard, ces deux hommes vont abattre le rugbyman Federico Martín Aramburú. StreetPress a pu consulter le jugement correctionnel de cette affaire. Il montre déjà la propension à la violence des deux militants néofascistes. Il s’agit déjà d’une histoire de fins de soirées éméchées et de bagarres.

    Fin de soirée dans le 8e arrondissement

    Les faits remontent au 19 février 2015. Il est, là aussi, très tard. Le Priol et Bouvier sortent « d’un établissement de nuit » quand ils aperçoivent un homme, Sebastien G., adossé contre la carrosserie de la voiture du premier. « C’était une boîte de nuit dans le 8e arrondissement de Paris », complète maître Yassine Bouzrou, l’avocat du jeune homme. Ils étaient assis à l’intérieur de sa voiture, opposent Le Priol et Bouvier. Une raison suffisante pour aller lui chercher des noises.

    Si Sébastien G. tourne autour du véhicule, c’est qu’avec son pote Mathieu L., il a posé pour un selfie avec la jolie caisse. « Une jeep », pose maître Bouzrou. Une jeep, comme le véhicule avec lequel Le Priol aurait essayé de prendre la fuite après avoir tiré sur Fernando Aramburu. Une jeep, comme celles que son père rabiboche à longueur de journées avant de les louer.

    Le Priol et Bouvier sont éméchés, selon la rapide enquête de police. Ils se précipitent sur Sébastien G. pour le rouer de coups. L’agression est d’autant plus violente que l’un des deux hommes est muni d’un poing américain et l’autre d’une bombe lacrymogène, précise le jugement. Mathieu L. voit son ami se faire tabasser. Il se jette dans la bagarre. Lui aussi prend des coups. Sébastien G. se voit prescrire six jours d’incapacité temporaire de travail (ITT). Pour Mathieu L., ça ne sera que deux.

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    Pour cette histoire, Loïk Le Priol a été poursuivi pour violences. / Crédits : DR

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    Le comparse de Le Priol, Romain Bouvier, a aussi été poursuivi pour cette affaire de violences à la sortie d'une boîte de nuit. / Crédits : DR

    Ils tentent de se faire passer pour victimes

    Interrogés par la police, Le Priol et Bouvier soutiennent être les victimes. Ils présentent des certificats médicaux faisant état de deux et trois jours d’ITT. Ils n’ont fait que répondre à la provocation des deux autres hommes, les vrais agresseurs, assurent-ils. Ils vont jusqu’à déposer plainte. Après tout, c’est vrai qu’ils ont pris des coups au cours de l’altercation. Sébastien G. et Mathieu L. ne le contredisent pas.

    Les déclarations de Le Priol et Bouvier sont contradictoires. La justice les désavoue. Sébastien G. et Mathieu L sont relaxés. Loïk Le Priol sera, quant à lui, condamné pour « violence en réunion » et conduite en état d’ébriété à quatre mois de prison avec sursis et une suspension de permis de six mois. Il n’en est pas à son premier passage devant la justice : dans le jugement, on peut lire qu’il a déjà été « condamné pour violence ». Côté Romain Bouvier, c’est sa première condamnation. Il écope de deux mois de prison avec sursis.

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    Loïk Le Priol a été condamné pour « violence en réunion » et conduite en état d’ébriété à quatre mois de prison avec sursis et une suspension de permis de six mois. / Crédits : DR

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    C’est la première condamnation de Romain Bouvier. Il écope à ce moment-là de deux mois de prison avec sursis. / Crédits : DR

    Sept mois plus tard, les deux hommes monteront quatre à quatre les escaliers qui mènent à l’appartement d’Edouard Klein, un autre militant d’extrême droite, avant de le passer à tabac le 9 octobre 2015. Mediapart avait révélé une partie des vidéos de la scène, filmée par Le Priol lui-même. Nous en faisions le récit ici.

    Contacté, maître Xavier Nogueras n’a pas souhaité s’exprimer.

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