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    08/06/2022

    Et la dédiabolisation ?

    Marie-Émilie Euphrasie, militante Némésis, sympathisante de groupuscules violents et candidate RN

    Par Daphné Deschamps

    À Paris, le RN présente une candidate au CV radical. Avec Némésis, Marie-Émilie Euphrasie a perturbé plusieurs manifestations féministes. Et avec la Cocarde, elle a participé à des actions violentes contre des étudiants mobilisés.

    Marie-Émilie Euphrasie, la candidate du Rassemblement National dans la troisième circonscription de Paris n’avait jusque-là pas attiré l’attention des médias. Ses chances de l’emporter sont nulles. Dans cette circo aux mains du ministre Stanislas Guérini, Marine Le Pen n’a récolté que 5,4% des voix au premier tour des présidentielles. Elle ne cherche d’ailleurs pas tant à se faire remarquer. Ses comptes publics sur les réseaux sociaux sont très convenus. Ils ont été créés pour la campagne, en avril 2022. Mais son compte personnel, lui, révèle un parcours bien fourni depuis 2018. On y découvre que la jeune femme fricote avec des adeptes de la baston et milite au sein de Némésis, un groupuscule identitaire habitué des coups médiatiques. Un CV bien rempli.

    Des débuts à la Cocarde

    La candidate commence son parcours militant à la Cocarde étudiante, dans la section de Sorbonne Université, durant l’année scolaire 2017-2018. Le syndicat étudiant d’extrême droite est alors encore tout jeune. Il s’illustre cette année-là lors d’actions de « déblocage » d’universités occupées par des étudiants opposés à la loi ORE. Marie-Émilie Euphrasie, qui se fait appeler Hélène ou Elena, participe au moins à l’une d’entre elles le 10 mai 2018. Selon plusieurs témoignages de l’époque, un groupe composé de membres de la Cocarde, de l’Action Française et d’autres groupuscules violents auraient attaqué les campus occupés de Clignancourt et Malesherbes. Les militants d’extrême droite profèrent des menaces de mort et de viol. Un étudiant est même passé à tabac par la petite bande. Il ressort avec de multiples fractures au visage et des points de suture.

    Six personnes avaient été placées en garde à vue, avant d’être relâchées. Si Marie-Émilie Euphrasie ne fait pas, selon nos informations, partie des six personnes interpellées, elle a tout de même posé avec une banderole volée aux manifestants et retournée, aux côtés d’autres membres de la Cocarde. On y retrouve Pierre-Romain Thionnet, ancien secrétaire général de la Cocarde, assistant parlementaire de Jordan Bardella et candidat RN aux législatives dans la cinquième circonscription de la Marne, ou encore Tim Frey, responsable Île-de-France de la Cocarde.

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    Sur cette photo postée sur les réseaux sociaux, Marie-Émilie Euphrasie pose notamment avec Pierre-Romain Thionnet, ancien secrétaire général de la Cocarde, assistant parlementaire de Jordan Bardella et candidat RN aux législatives et Tim Frey, responsable Île-de-France de la Cocarde. / Crédits : DR

    Des actions lors des manifestations féministes

    En parallèle de son passage à la Cocarde, Marie-Émilie Euphrasie rejoint dès sa création un collectif féminin identitaire bien connu, le collectif Némésis. Elle fait partie des quelques militantes « originelles » qui participent à l’action à la marche NousToutes du 23 novembre 2019. Les militantes de Némésis ont sorti des pancartes anti-immigration, avant d’être sorties du cortège par les autres manifestantes. Sur celle de Marie-Émilie Euphrasie, on pouvait lire « Cologne, Rotterdam, bientôt Paname ». Elle avait à l’époque été identifiée sous le pseudonyme « Brunehilde » par CheckNews, grâce à une photo d’elle en compagnie de Marion Maréchal Le Pen prise à une conférence pour la Cocarde.

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    Marie-Émilie Euphrasie avait à l’époque été identifiée sous le pseudonyme « Brunehilde » par CheckNews, grâce à une photo d’elle en compagnie de Marion Maréchal Le Pen prise à une conférence pour la Cocarde. (Capture d'écran d’un montage fait par Quotidien à partir des informations de CheckNews, 27 novembre 2019) / Crédits : DR

    Quelques mois plus tard, elle est dans le groupe de militantes de Némésis qui tente de déployer une banderole identitaire place de la République lors de la manifestation du 8 mars. Elle fait partie des rares visages mis en avant par le groupuscule sur l’année 2020, avec Alice Cordier et Mathilda, devenues respectivement présidente et porte-parole de Némésis. Et sur son compte Instagram personnel, elle pose avec la tiktokeuse d’extrême droite Estelle Redpill, ou avec Jean Messiha

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    Marie-Émilie Euphrasie fait partie des rares visages mis en avant par Némésis sur l’année 2020, avec Alice Cordier et Mathilda, devenues respectivement présidente et porte-parole de Némésis. / Crédits : DR

    Depuis 2021, Marie-Émilie Euphrasie semble s’être mise en retrait du collectif Némésis, et de la Cocarde étudiante, même si elle a conservé des liens d’amitié avec des membres. Et s’est pleinement engagée dans la campagne de Marine Le Pen, puis dans la sienne.

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    Sur son compte Instagram personne, Marie-Émilie Euphrasie pose avec la tiktokeuse d’extrême droite Estelle Redpill. / Crédits : DR

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    Sur compte Instagram personnel, Marie-Émilie Euphrasie se montre aux côtés de Jean Messiha. / Crédits : DR

    Contactés, le Rassemblement national et Marie-Émilie Euphrasie n’ont pas répondu à nos sollicitations.

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